Un homme de conviction à la tête de l’AFDS - Objectif Soins & Management n° 188 du 01/08/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 188 du 01/08/2010

 

JEAN-MARC GRENIER

Parcours

Joëlle Maraschin  

Coordonnateur général des soins au CHU de Grenoble, Jean-Marc Grenier est élu en octobre 2009 à la présidence de l’Association française des directeurs des soins (AFDS). Fortement sollicité avec la loi HPST, il se mobilise aussi bien pour défendre le corps des directeurs des soins que la place des cadres dans l’organisation hospitalière.

Brancardier au tout début de sa carrière puis infirmier général quinze ans après, Jean-Marc Grenier a gravi très vite les échelons de la hiérarchie hospitalière. « Je suis un pur produit de la promotion professionnelle », souligne aujourd’hui le président de l’Association française des directeurs de soins (AFDS).

Ses débuts dans le monde soignant

Né en 1951 à Montargis dans le Loiret (45), Jean-Marc Grenier a découvert le monde soignant par le biais du secourisme. Secouriste à la Croix-Rouge française, puis pompier de Paris lors de son service militaire, le jeune homme d’alors commence sa carrière hospitalière en 1971 comme agent de service hospitalier (ASH) au centre hospitalier de Montargis. Après deux années passées comme brancardier au bloc opératoire, il passe avec succès le concours de l’école infirmière de son hôpital. Diplômé en 1976, il travaille pendant cinq ans dans les services de chirurgie générale puis de réanimation avant de passer le concours de l’école des cadres de la Croix-Rouge à Paris. De retour à Montargis, l’hôpital ne peut lui proposer immédiatement un poste de cadre dans les unités de soins. Il sera moniteur en Ifsi pendant un an. « Je n’avais pas forcément beaucoup d’appétence pour la formation, mais ce fut une expérience très riche », reconnaît-il.

À partir de 1983, il est d’abord nommé surveillant du service des urgences de l’hôpital de Montargis puis surveillant du service de chirurgie urologique. Continuant sur sa lancée, il prépare le concours de l’École nationale de la santé publique (ENSP) pour devenir infirmier général. Attaché à la région Rhône-Alpes où une partie de sa famille s’est installée, passionné de randonnées en montagne, de ski et de raquettes, il passe avec succès le concours régional en Rhône-Alpes. Infirmier général à 36 ans, il est l’un des plus jeunes de sa promotion.

Une carrière au CHU de Grenoble

Nommé en janvier 1987 en tant qu’infirmier général adjoint au CHU de Grenoble, Jean-Marc Grenier décide de s’installer définitivement avec sa famille dans la région. Infirmier général adjoint au sein d’une équipe de quatre infirmiers généraux, il considère avoir eu la chance d’apprendre le métier avec ses collègues.

Dès son arrivée au CHU, il s’étonne du cloisonnement qui existe entre les cadres des différents services dont il a la charge. Il organise les premières réunions de cadres de santé avec la volonté de fédérer l’ensemble des cadres autour d’un projet de soins. « Mon premier travail a été d’unifier le dossier de soins infirmiers », se souvient Jean-Marc Grenier. Deux ans après son arrivée, l’infirmière générale du CHU fait valoir ses droits en retraite. Après avoir passé un appel à candidature externe, le directeur du CHU lui propose finalement d’occuper le poste. Comme Jean-Marc Grenier n’a pas encore l’ancienneté suffisante pour occuper le grade de directeur des soins, il sera nommé comme faisant fonction.

En 1992, il prend officiellement la direction des soins infirmiers du CHU, dont il devient en octobre 2002 le coordonnateur général des soins. Il dit être très attaché à son CHU. « C’est un CHU réellement dynamique, qui a beaucoup évolué tant sur le plan des organisations que sur le plan architectural, précise-t-il. Nous ne sommes jamais dans le travail de routine : il faut sans cesse se remettre en question et mener à bien de nouveaux projets. »

Un engagement de longue date à l’AFDS

Sitôt passé le concours régional de l’ENSP, Jean-Marc Grenier adhère à l’Association nationale des infirmières générales (ANIG), ancien nom de l’AFDS jusqu’en 2002. « L’intérêt de cette association est aussi d’échanger, partager son expérience avec celle des collègues des autres établissements », précise-t-il. Il propose au fil du temps sa candidature en tant que délégué régional de l’AFDS pour la région Rhône-Alpes. Participant au Conseil d’administration de l’association, il est élu comme trésorier adjoint puis vice-président de l’AFDS. Il assure les fonctions de vice-président pendant trois ans, avant de succéder à Danielle Cadet à la présidence de l’association.

Danielle Cadet, toujours membre d’honneur de l’AFDS, a choisi de se retirer de la présidence après deux mandats. « Danielle a beaucoup apporté à l’AFDS. Assurer la présidence d’une association demande beaucoup de temps et de disponibilité, c’est un vrai travail », souligne Jean-Marc Grenier. Il se souvient avoir beaucoup milité en 2009 aux côtés de Danielle Cadet pour la gestion des carrières des directeurs des soins par le Centre national de gestion (CNG). Depuis son élection, Jean-Marc Grenier est sollicité par les services ministériels pour la préparation de plusieurs décrets de la loi HPST.

Un président “vigilant”

Sans manifester de réelle inquiétude au regard de l’évolution de la fonction des directeurs des soins, le président de l’AFDS indique cependant qu’il reste vigilant. Son appréciation est nuancée quant au nouveau décret concernant les directeurs des soins. « Il y a des points positifs dans ce nouveau décret. Le positionnement proposé pour les directeurs des soins, membres de droit des directoires, est satisfaisant. Nous avons la responsabilité d’organiser et de coordonner les soins infirmiers et médico-techniques, d’en assurer l’animation et l’encadrement », analyse-t-il.

Il note cependant une différence avec l’ancien décret, dans lequel il était stipulé que le directeur des soins avait autorité hiérarchique sur les cadres de santé. Cette notion écrite d’autorité hiérarchique disparaît dans le nouveau texte. « Pour le ministère, c’est au directeur de l’établissement de déléguer son autorité. Cela dit, il faudra nous donner les moyens de mener à bien nos missions d’organisation et d’encadrement des soins », ajoute-t-il.

Jean-Marc Grenier est cependant plus critique quant à la place des cadres au sein de la nouvelle gouvernance hospitalière. « Je trouve extrêmement dommage que le mot “cadre” n’apparaisse pas dans la loi HPST et ses décrets d’application », regrette-t-il. Attentif à l’évolution de la fonction cadre suite aux recommandations de la mission de Singly, le coordonnateur général des soins conduit un groupe de travail au sein même de son CHU. « L’attente des cadres est réelle, il ne faudrait pas que le rapport de Singly soit remisé dans un placard », prévient le président de l’AFDS.

Pour autant, Jean-Marc Grenier reconnaît les efforts du ministère, que ce soit pour l’organisation de la semaine de l’encadrement ou encore le lancement en juin dernier d’une nouvelle mission sur la formation des cadres. « Tout ceci me semble aller dans le bon sens, estime-t-il. L’AFDS, consultée sur l’encadrement, continuera quoiqu’il en soit à faire entendre ses positions. »