Sécurité : les coffres-forts - Objectif Soins & Management n° 180 du 01/11/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 180 du 01/11/2009

 

Qualité, hygiène et gestion des risques

VIGILANCE → La direction des soins mène à tout ? Peut-être. À partir du principe de sécurité des biens des personnes et du rôle des cadres dans les garanties qui leur sont données sur les valeurs apportées à l'hôpital, comment est-on tenu de s'occuper, avec les directeurs-adjoints, de questions très inhabituelles : les coffres-forts.

À tout moment de la journée, l'hôpital reçoit des personnes malades ou blessées pour lesquelles il doit assurer les soins appropriés. Mais il doit également protéger les biens et valeurs dont ils peuvent être porteurs à leur arrivée.

Nous avons tous le souvenir d'un vieux monsieur passé faire un retrait à la banque et qui a trouvé le moyen, bien involontairement, de se faire renverser par une voiture. Il arrive à l'hôpital avec un sac de sport et, en cherchant les papiers d'identité, l'infirmière tombe sur une liasse conséquente de billets de banque. Il va donc falloir les compter les billets, et à deux, puis signer et faire un dépôt.

Dans la journée, le cadre du service s'adresse au bureau des entrées ou à l'administrateur de garde qui prend le relais pour la trésorerie. Le week-end et la nuit, cela peut devenir particulièrement compliqué...

UN ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ DE TAILLE MOYENNE

Le centre hospitalier intercommunal du pays de C*** est un établissement public de santé comme il en existe de très nombreux sur le territoire. Le bureau des entrées possède un coffre-fort (un Fichet-Bauche® type Arden 150 de 1992) accessible par l'administrateur de garde.

La nuit, les cadres de santé peuvent déposer les valeurs dans un petit coffre dans leur bureau (un petit Carmine® ancien). Les biens sont ensuite récupérés de jour pour suivre le chemin habituel jusqu'à la perception.

L'idée est de faire en sorte que les cadres puissent faire des dépôts sécurisés à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, tous les jours.

LA MISE AU POINT

Avant de contacter les entreprises, nous nous disons qu'une mise à plat des coffres de la maison serait une bonne chose.

L'économat et le bureau des entrées sont pourvus pour les fonds de l'hôpital. Le régisseur d'avances et de recettes pour le secteur personnes âgées utilise le coffre des stupéfiants de l'armoire à pharmacie ! Certes, il dispose d'une assurance personnelle, mais l'établissement doit offrir les moyens de garantir les espèces appartenant en propre aux résidents. Heureusement, la pharmacienne-chef ne sait rien... Mais, de leur côté, les stupéfiants sont stockés dans une simple armoire de tôle pourtant munie de quatre compteurs très rudimentaires. Pour résumer, la situation n'est pas bien brillante.

LES SOLUTIONS

La question des sécurités qu'on doit s'imposer pour un coffre-fort est posée : clef, compteurs à combinaison mécaniques ou électroniques, emplacements et options éventuelles. Facile pour la pharmacie : une grande armoire forte avec clef et compteurs.

Il faut en effet accéder aux deux informations pour ouvrir la porte : l'endroit de rangement de la clef ainsi que la combinaison. L'un sans l'autre, la porte ne peut pas s'ouvrir. Attention néanmoins au poids car le plancher de la pharmacie est en bois : le précédent coffre-fort de plus de 600 kg a laissé quelques traces... Ce dernier sera d'ailleurs récupéré au sous-sol pour y stocker les objets insolites du secteur personnes âgées (couteaux de boucher, aiguisoirs, ciseaux, couteaux suisses, tire-bouchons, clefs diverses et variées et autres outils de jardin...) et quelques documents que l'on souhaite soustraire à la vue de tous. La nouvelle armoire forte pèse 180 kg et trouve sa place dans la pharmacie, respectant ainsi l'arrêté de 1999 sur les stupéfiants.

Pour les valeurs des patients et des résidents, il faut un système de boîte aux lettres avec la garantie qu'un caramel mou au bout d'une ficelle ne permette pas d'emporter le magot du vieux monsieur (à l'instar de Bourvil pillant les troncs des églises dans le film Un drôle de paroissien).

Les contacts avec les entreprises nous apprennent qu'on fait mieux qu'une boîte aux lettres avec un système de trappe inviolable : il s'agit d'une tête de dépôt fixée au-dessus du coffre-fort - encore un Fichet-Bauche® - accessible par tous les cadres et à tout moment dans une pièce discrète du bureau des entrées. Les valeurs inventoriées sont glissées dans une enveloppe au nom de la personne puis cette dernière est insérée dans la trappe.

La transmission faite au bureau des entrées ou à l'économat permettra de récupérer les valeurs par la porte du coffre pour le Trésor.

Cette porte est munie - selon le même principe que pour la pharmacie - à la fois d'une clef et de compteurs. Pour des raisons de simplicité, nous avons choisi de bannir la serrure électronique.

OÙ EST LA DIRECTION DES SOINS ?

Du coup, le petit Carmine® des cadres de nuit ira faire un tour en secteur personnes âgées pour le régisseur. Ce coffre sera scellé dans le mur. En revanche, il nous faudra refaire une clef et obtenir du fabricant l'outil qui sert à débrayer les pompes des compteurs pour refaire la combinaison. Enfin, le coffre Arden du bureau des entrées sera vendu.

À première vue, les coffres-forts ne figurent pas dans les domaines attribués à la direction des soins - encore qu'à titre personnel, j'éprouve une affection assez vive pour ces monstres métalliques.

Tout le monde a compris que notre place est dans la protection des personnes qui viennent dans nos établissements et que leurs biens, dans la mesure où ces personnes nous les confient, doivent également être protégés. En outre, faciliter le travail des cadres de santé et des équipes comme alléger leurs contraintes est également une priorité.

Et comment ne pas apprécier les bons rapports qu'on peut avoir avec les collègues de l'équipe de direction afin de régler toutes sortes de questions ? Dans les établissements de taille moyenne, nombreux sont les problèmes qu'il est possible de résoudre en s'y mettant tous ensemble.

Mais non, au moment de quitter définitivement mes fonctions de directeur des soins, je ne me sens pas pousser les ailes de la bonté en trouvant toutes les opérations communes géniales et le boulot individuel lassant. Je me dis simplement qu'on va tout de même plus vite à plusieurs... lorsque c'est possible.