L’anticipation dans les soins est de plus en plus présente. L’un de ses enjeux éthiques est la prise en considération de la détermination des patients, en se montrant à l’écoute des souhaits qu’ils formulent.

Les soignants en soins palliatifs à domicile disposent, pour ce faire, de trois outils essentiels : les directives anticipées, les prescriptions anticipées personnalisées et la fiche « urgence pallia ». Les premières nécessitent un processus de maturation et un accompagnement dans leur réalisation car il reste difficile pour le patient de se projeter vers sa fin de vie. Le faible nombre de directives anticipées réalisées en témoigne ! Mais actuellement, la démographie des professionnels du domicile ne plaide pas dans le sens de cet accompagnement. Quant aux prescriptions anticipées, elles tentent de prévenir les symptômes d’inconfort et de les traiter rapidement afin de limiter, par exemple, les angoisses dans certaines situations. Seulement, pour le patient et ses proches, comment parvenir à donner du sens à ce qui reste à vivre après l’annonce de ce qui est probable, mais pas certain ? Jusqu’où anticiper, avec quelle finalité ? Sommes-nous toujours suffisamment attentifs à son état psychique, à ce qu’il est prêt à entendre ? Comment anticiper cette évolution péjorative tout en restant bienfaisant ? Enfin, pour aider à la prise de décision en situation d’urgence, la fiche « urgence pallia » permet de renseigner sur les souhaits du patient un médecin amené à intervenir et qui ne le connaîtrait pas, afin d’éviter toute obstination déraisonnable.

Mais comment anticiper quand le système de santé défaille ? Quand des médecins généralistes ne peuvent plus faire de visite à domicile, quand certains services d’hospitalisation à domicile ne prennent plus de patients, ou que des associations d’aide à domicile manquent de personnel au point de ne plus pouvoir répondre à toutes les demandes ?

C’est aussi l’équité d’accès aux soins palliatifs à domicile qui est ici interrogée !