C’est une histoire de cœurs et de corps, de générations et de parcours de vie, de sons et de silences. De voix et de bips d’hôpital. De secrets et de révélations. De parole et de tabou. De coïncidences et de synchronicité. De décès, de naissance, de renaissance. C’est l’histoire de quatre corps d’une même famille à différents moments de l’existence, d’un bout à l’autre, même. Jean travaille comme ingénieur du son au service des plus grands orchestres de musique classique du monde. Il a sans cesse voyagé et n’a jamais compté ses heures. Il n’a jamais non plus écouté les signaux de fatigue envoyés par son corps. Voilà qu’à 66 ans, en 2019, son cœur le lâche, il va devoir subir une greffe. Alors qu’il fait des examens pour l’opération à venir, sa mère, Geneviève, 96 ans et un pacemaker, entre dans le même hôpital. Dans son esprit, c’est la fin. Elle décédera quelques heures après la sortie du bloc opératoire de son fils. C’est dans cet interstice, à ce carrefour, que la fille de Jean, Léa Chatauret, réalisatrice du documentaire sonore À cœur ouvert, entend les premiers battements de cœur de son enfant à naître, Aglaé. C’est aussi à ce croisement des existences qu’un secret de famille ressort, lorsque Jean évoque son défaut de perception de la douleur, malgré les infections pulmonaires et les mois en réanimation : son corps et son esprit se dissocient, un phénomène caractéristique des victimes d’abus sexuels. Il l’a été, dans son enfance, par son professeur de piano et lorsqu’il l’a enfin révélé à sa mère, elle s’est terrée dans le silence… Dans la création chorale À cœur ouvert, Léa Chatauret analyse, par l’intime, avec délicatesse, comment les abus marquent les corps et les vies. Elle mêle les temporalités et traite du rapport à la douleur physique et psychologique. Poignant.

À cœur ouvert, réalisé par Léa Chatauret, 49 minutes, arteradio.com.

Disponible sur : www.arteradio.com/son/61677902/coeur_ouvert