ACHAT D’UNE AUTO : PLUTÔT CRÉDIT OU LEASING ? - Ma revue n° 012 du 01/09/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 012 du 01/09/2021

 

FINANCEMENT

J’EXERCE EN LIBÉRAL

GESTION

Laure Martin  

Qui dit installation en libéral, dit tournées. Et qui dit tournées, dit besoin d’un véhicule. Pour acquérir une voiture, est-il préférable de l’acheter avec un crédit ou de passer par le leasing ? Une décision qui suppose de prendre en compte plusieurs variables.

Lorsqu’elles s’installent en libéral, les infirmières ont plusieurs solutions à leur portée pour effectuer leurs déplacements dans le cadre de leur tournée. En dehors de la marche à pied, du vélo, du scooter ou, désormais, de la trottinette, qui restent des choix encore exceptionnels, sans surprise, elles optent généralement pour la voiture. Un bien qu’il est possible d’acheter comptant, à condition de détenir les fonds nécessaires, ou en contractant un prêt personnel, c’est-à-dire un prêt sans affectation ou crédit à la consommation, pour lequel il n’est pas besoin de justifier son achat. Toutefois, « le montant accordé va être limité et le taux d’emprunt est généralement élevé puisque la banque prend davantage de risques en finançant un projet pour lequel elle ne dispose d’aucune information », indique Alexis Fenaille, fondateur de la plateforme de leasing automobile en neuf et en occasion leazing.fr.

LE CRÉDIT AUTOMOBILE

Dans le cas du crédit, l’option la plus classique reste le crédit automobile. Avec ce type de financement, la professionnelle va disposer d’un taux fixe et de mensualités de remboursement connues dès le départ. Mais « l’inconvénient, c’est qu’en fonction du modèle de voiture choisi, neuf ou d’occasion, elle peut avoir des frais plus ou moins importants pour l’entretien. Frais qui vont s’ajouter aux mensualités du prêt, rappelle Johann Clisson, fondateur du comparateur de crédits Capitaine Crédit. Et cette variable à la charge de la soignante est difficilement estimable. » C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est généralement conseillé aux Idels, amenées à parcourir de nombreux kilomètres, de choisir un véhicule neuf ou très récent afin d’éviter l’effet de surprise avec des frais d’entretien pouvant grimper rapidement et non pris en charge par la garantie « constructeur » dans le cadre d’un véhicule d’occasion. À noter qu’il est toujours possible de souscrire un contrat d’entretien et un service d’assistance en parallèle.

Comme pour n’importe quelle demande de crédit, l’organisme bancaire doit donner son accord, ce qui nécessite de constituer un dossier avec l’ensemble des pièces justificatives. De plus, la capacité d’emprunt de la soignante va également être analysée. « Les concessionnaires peuvent proposer un crédit automobile, fait savoir Alexis Fenaille. Ils travaillent souvent avec leur propre filiale bancaire, et si le dossier n’est pas retenu, ils réorientent alors vers un organisme de crédit indépendant. »

À savoir que le taux d’endettement personnel ne sera pas impacté si l’infirmière libérale souscrit le crédit dans le cadre de son activité professionnelle. Mais dans ce cas, elle doit alors disposer d’au moins un bilan comptable clos.

LE MONTAGE FINANCIER DU LEASING

Autre option de plus en plus plébiscitée pour l’acquisition d’un véhicule : le leasing ou crédit-bail, qui se décline en location avec option d’achat (LOA) ou location longue durée (LLD). Il s’agit d’un contrat de location, qui induit le paiement d’un loyer mensuel financé par un crédit à la consommation. Les conditions de départ vont donc être similaires à celles d’un crédit automobile. « L’Idel doit remplir un dossier avec des informations sur son entreprise et fournir un document comptable ou un bilan, souligne Alexis Fenaille. Si l’installation en libéral est récente, étant donné que la professionnelle exerce une activité plutôt prospère, les organismes bancaires ont généralement tendance à soutenir la démarche. »

Dans le cas du leasing, la relation est tripartite entre le consommateur, le concessionnaire – ou le mandataire automobile – qui propose le véhicule et l’établissement financier. Le concessionnaire ne pouvant proposer une simple location, à défaut de pouvoir amortir le véhicule, c’est donc l’établissement financier qui en fait l’acquisition et qui met en place la location avec l’acheteur. Ce dernier va alors lui rembourser l’achat sous forme de loyers. Par conséquent, le nom du propriétaire du véhicule figurant sur la carte grise est celui de l’établissement financier.

Le concessionnaire, lui, peut mettre l’acquéreur en relation avec des partenaires financiers, généralement des filiales de banques de réseaux spécialisées dans le leasing. « Actuellement, le détail de la répartition du montant du crédit entre le taux et les intérêts proposés par l’établissement bancaire est rarement détaillé ou souvent noyé dans un ensemble d’informations rendant le contrat peu clair sur cette partie », regrette le fondateur de leazing.fr.

CALCUL DU LOYER

Le montant du loyer, fixé par l’organisme financier, dépend de plusieurs facteurs. Tout d’abord, le choix du véhicule qui « s’est démocratisé, avec de plus en plus de modèles proposés », indique Johann Clisson. Lors d’une proposition de LOA ou LLD, la valeur du véhicule à l’issue du contrat est estimée dès la signature. Il s’agit de ce qu’on appelle la valeur résiduelle. « Dans le cas de la location avec option d’achat, l’acheteur peut ainsi connaître le prix auquel il pourra racheter le véhicule, s’il le souhaite, à la fin du contrat », précise-t-il. Le montant du crédit est donc défini en fonction de la valeur du véhicule neuf et de sa valeur résiduelle estimée à la fin de la période de location. L’établissement de crédit calcule la différence entre les deux et la lisse sur le nombre de mois de location pour déterminer une partie du montant du loyer. Cette somme varie donc en fonction de la durée du contrat, comprise généralement entre 36 et 48 mois, mais aussi en fonction du kilométrage annuel effectué par le futur locataire, lequel doit être déterminé à la signature du contrat. Et, sans surprise, « plus le nombre de kilomètres est important, plus le loyer va être élevé car cela fait diminuer la valeur résiduelle de la voiture et affecte la fréquence des entretiens du véhicule, qui interviennent généralement tous les 30 000 kilomètres », rapporte Alexis Fenaille.

Le choix des garanties

S’ajoutent à cela les garanties associées au contrat. « Avec la location avec option d’achat, elles sont à la carte, tandis qu’avec la location longue durée, la marge de manœuvre est moindre car certaines garanties sont imposées », informe Johann Clisson. Parmi les services proposés, le premier de la liste est l’entretien du véhicule. « Certaines marques proposent même de venir récupérer la voiture directement chez la personne et d’en prêter une le temps du contrôle », précise-t-il. La même proposition s’applique en cas de panne avec le prêt immédiat d’une voiture de remplacement, une offre non négligeable pour les infirmières libérales… « Il faut toutefois s’assurer que l’assistance n’est pas déjà prévue dans l’assurance afin d’éviter les doublons », met en garde le spécialiste du leasing.

Carte carburant, télépéage, assurance auto, extension de garantie et gravage du véhicule font également partie de la carte des options. Mais parmi elles, il en est une qui est primordiale pour Alexis Fenaille : la garantie perte financière. En effet, dans le cadre du leasing, si le véhicule est détruit ou incendié, l’expert en assurance va alors estimer la valeur du bien au moment du sinistre. Par conséquent, en cas d’écart entre l’estimation de l’expert (par exemple 15 000 euros) et la valeur résiduelle du véhicule prévue par le contrat à la date de la dégradation du véhicule (par exemple 18 000 euros), le locataire est tenu de rembourser la différence. La garantie perte financière permet alors de pallier ce problème.

L’apport

L’ensemble de ces éléments permet donc de définir le montant des mensualités, tout en sachant que « bien souvent, 20 à 25 % de remise sont systématiquement appliqués aux professionnels », indique Alexis Fenaille. Le montant des loyers va également diminuer en fonction de l’apport initial, car même pour le leasing, le client doit verser une somme de départ qui constitue la garantie d’un premier remboursement de la dette. Cet apport correspond généralement à 30 % du coût du leasing ou à la reprise d’un véhicule.

Difficile, donc, de définir le montant exact d’une mensualité tant nombre d’éléments sont à prendre en considération. Néanmoins, sur des véhicules de premier prix, type Dacia ou Citroën, avec une boîte manuelle et essence, il est possible d’obtenir des loyers à partir de 100 euros par mois. Alexis Fenaille donne un exemple plus précis : « Pour une Peugeot 208 1.2 essence 100 ch finition GT, avec un contrat de 36 mois, à 20 000 km par an, entretien compris, il faut compter environ 370 euros TTC. »

QUELQUES POINTS DE VIGILANCE

Si l’Idel souhaite s’orienter vers le leasing, elle doit en premier lieu bien définir le kilométrage à la signature du contrat car généralement, « une mention précise que chaque kilomètre dépassé doit être payé, soit en moyenne 10 à 15 centimes le kilomètre », avertit Alexis Fenaille. À noter que certains contrats permettent des ajustements au cours de l’engagement.

Attention aussi aux frais de remise en état. La professionnelle doit prendre grand soin de sa voiture de location, car en dehors de l’usure normale, en cas de jantes rayées, parechoc enfoncé ou autre atteinte, elle s’expose à des frais de remise en état. « Un état des lieux est effectué par le concessionnaire et il est difficile de parlementer sur le montant de la facture des travaux », met en garde Alexis Fenaille, précisant qu’en moyenne, ces frais sont de l’ordre de 780 euros.

Le dernier point concerne l’engagement. Même si l’infirmière met un terme à son activité ou qu’elle a besoin de changer de véhicule, elle est dans l’obligation de rembourser les loyers pendant toute la durée du contrat. Elle peut toutefois décider de faire racheter son contrat dans le cadre d’un regroupement de crédits, possible après 13 mois de location. Mais attention, si cela lève l’option d’achat, cela peut avoir une incidence sur le taux du nouveau crédit, alors plus élevé. « Il est également possible d’envisager un transfert de leasing, qui consiste à trouver un autre locataire à proposer à l’établissement financier pour reprendre le contrat », explique Alexis Fenaille. L’avantage pour le futur locataire est qu’il n’a pas d’apport à verser et qu’il peut éventuellement se retrouver avec un véhicule dont la valeur résiduelle a été sous-estimée, ce qui peut être intéressant en cas de rachat du véhicule.

LEASING OU CRÉDIT ?

Alors, vaut-il mieux acheter son véhicule à crédit ou en leasing ? Cela relève avant tout d’un choix personnel. L’avantage du leasing est de connaître à l’avance le montant exact de la dépense mensuelle liée à sa voiture, sauf en cas d’accident manifeste. La professionnelle dispose en outre de plus de souplesse si elle souhaite changer de véhicule, sans avoir à s’occuper de la revente. « Le leasing s’adresse donc à toute personne qui n’a pas envie de gérer sa voiture car tout est pris en charge, en fonction des termes du contrat, bien entendu », conclut Johann Clisson. Dans le cadre d’une acquisition par leasing, « 70 % des entreprises se tournent préférentiellement vers la LLD plutôt que vers la LOA, notamment parce que la location n’impacte pas la capacité d’emprunt de l’entreprise, ajoute Alexis Fenaille. Tandis qu’avec la LOA et l’option d’achat, à terme, l’Idel s’expose, comme avec le crédit automobile, à des entretiens de plus en plus lourds. » Néanmoins, le montant du crédit peut s’avérer moins élevé que le montant cumulé des loyers et, avec un crédit automobile, la professionnelle de santé est libre de choisir la voiture qui lui plaît. Quoi qu’il en soit, pour effectuer un choix éclairé et adapté à sa situation, rien n’empêche de demander conseil à son expert-comptable.

Un choix comptable

L’expert-comptable peut tout à fait éclairer l’infirmière dans les différentes options qui s’offrent à elle, à condition, bien entendu, « de présenter des simulations pour des durées de location ou de prêt comparables et pour des véhicules identiques », insiste Anne-Sophie Simon, experte-comptable chez AT & Associés, membre du groupement Absoluce. Et de préciser : « Pour choisir entre les deux options de financement, en termes de sortie de trésorerie, l’agrégation des loyers et des échéances de prêt sur la durée, ainsi que la prise en compte ou non des contrats d’entretien vont permettre la comparaison. »

INDEMNITÉS KILOMÉTRIQUES OU FRAIS RÉELS ?

L’Idel doit également opérer un choix comptable entre l’option des indemnités kilométriques et la déduction des frais réels pour déduire les frais de véhicule. Si l’infirmière prend l’option des indemnités kilométriques, qui consiste en une déduction forfaitaire sur la base d’un coefficient, quasiment tous les frais sont inclus, à savoir l’assurance, l’entretien et l’usure.

Le coefficient est déterminé par l’administration fiscale dont la variable dépend du nombre de chevaux fiscaux du véhicule. Seuls les intérêts du prêt ne sont pas inclus dans le calcul. L’Idel peut, si elle le souhaite, les déduire à condition que son véhicule soit enregistré à l’actif de l’entreprise, ce qui l’immobilise. L’option « frais réels » permet, quant à elle, de déduire tous les frais réels liés au véhicule proportionnellement à la quote-part de l’utilisation professionnelle.

Attention cependant, dans le cas des frais réels et indépendamment du mode de financement (prêt personnel, professionnel, LLD ou LOA), il existe une limitation fiscale de la déductibilité des loyers ou des amortissements du véhicule, plafonnée sur la base d’un montant qui dépend du taux d’émission de CO2.

Pour les LLD et LOA, elle correspond à la quote-part non déductible des amortissements, le calcul se faisant en déterminant un amortissement théorique calculé sur la durée du contrat, comme si l’Idel en avait été propriétaire. « Les Idels croient pouvoir soustraire l’intégralité du montant des loyers, ce qui n’est pas le cas », prévient l’experte-comptable. Que ce soit sur le mode de financement ou sur le choix du mode de déduction comptable, il est fortement conseillé de se rapprocher de son expert-comptable.

LE CARNET DE BORD DE MARIE-CLAUDE DAYDÉ, infirmière libérale

[Cotation]

Exerçant dans un village touristique, j’ai reçu à mon cabinet un patient pour réaliser une injection sous-cutanée d’allergène. Il a trouvé que je n’étais pas assez « pointu » sur la surveillance et que « c’était probablement la raison pour laquelle je ne facturais qu’un AMI 1 » ! Pouvez-vous m’indiquer quelle cotation retenir dans cette situation et compléter mes informations ?

La nomenclature générale des actes professionnels prévoit que « l’injection d’un ou plusieurs allergènes poursuivant un traitement d’hyposensibilisation spécifique, selon le protocole écrit, y compris la surveillance, la tenue du dossier de soins, la transmission des informations au médecin prescripteur » est cotée AMI 3. Toutefois, outre le protocole écrit, vous devez avoir à disposition les produits à injecter pour pallier un éventuel choc anaphylactique. C’est aussi pour cela que le patient doit pouvoir bénéficier d’une surveillance clinique pendant la demi-heure qui suit l’injection et d’une prise en charge rapide en cas de réactions allergiques. On peut observer toux, rhinopharyngites, aggravation d’asthme, somnolence, œdèmes oculaires… Actuellement, la majorité de ces traitements se font par voie sublinguale et la voie sous-cutanée est le plus souvent réservée au médecin allergologue.

[À propos de…]

ARRÊT DE TRAVAIL ET INDEMNITÉS JOURNALIÈRES

Depuis le 1er juillet, les professionnels libéraux perçoivent, en cas d’arrêt maladie, des indemnités journalières (IJ) versées par leur caisse d’Assurance maladie du 4e au 90e jour. Le délai de carence n’est donc plus que de 3 jours au lieu de 90 auparavant. En fonction des revenus d’activité, pour 2021, l’indemnité maximale perçue est de 169 €/jour (revenu d’activité supérieur à trois plafonds annuels de la Sécurité sociale [Pass]) et la minimale de 22 €/jour (revenu d’activité inférieur à 40 % du Pass). La Carpimko prenant le relai au 91e jour, en versant une IJ de 55,44 €/jour majorée de 16,63 € par enfant à charge, et de 10,08 € pour conjoint à charge. Pour financer cette nouvelle mesure, une cotisation supplémentaire sera prélevée par l’Urssaf avec un taux de plafond de 0,30 % assise sur les revenus professionnels à hauteur de trois Pass. La cotisation oscillera donc entre 50 et 370 € par an. Pour les professionnels qui finançaient déjà leurs IJ par une assurance privée, il est donc important de refaire le point pour ne pas cotiser indûment. À noter que certaines assurances diminuent de 50 % le montant des IJ des professionnels dès 65 ans. Ce ne sont pourtant pas eux qui décident de l’âge de la retraite à taux plein. Dommage !