À L’HÔPITAL FOCH, DES EXOSQUELETTES POUR LES SOIGNANTS - Ma revue n° 010 du 01/07/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 010 du 01/07/2021

 

RISQUES PROFESSIONNELS

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Lisette Gries  

L’établissement de Suresnes propose à ses équipes de gériatrie aiguë de tester des exosquelettes pour réduire le risque de développer des troubles musculosquelettiques. À déployer plus largement ?

Menée depuis début mai, cette expérimentation au sein de l’unité de gériatrie aiguë de l’hôpital Foch s’inscrit dans un programme plus large d’actions pour la qualité de vie au travail (QVT) et la réduction des risques professionnels. « Ces équipements complètent nos autres actions de prévention », explique Dorota Roll, responsable des conditions de travail et de la prévention des risques professionnels. En effet, les équipes bénéficient déjà de lève-malades et de verticalisateurs pour limiter les risques liés à la manutention des patients. Pour atténuer les conséquences de la station debout prolongée, qui peut provoquer une usure des disques intervertébraux, les soignants sont incités à s’asseoir pour réaliser certaines tâches.

ASSISTANCE ÉLECTRIQUE

Mais pour effectuer les toilettes des patients, refaire les lits, installer les personnes ou encore pratiquer certains gestes techniques, les personnels sont obligés de se pencher, sollicitant dès lors beaucoup leur dos. « C’est pour ce genre de postures que nous testons les exosquelettes dans l’unité de gériatrie aiguë. L’appareil maintient le dos et accompagne les mouvements tout en protégeant des postures à risque, grâce, notamment, à un système d’assistance électrique qui permet une décompression des disques intervertébraux », détaille Dorota Roll. Chaque soignant doit adapter l’appareil à ses mesures et à ses besoins pour en ressentir pleinement les bénéfices, qui commencent parfois dès la mise en place de l’appareillage. Porté sous la blouse, afin de limiter les frottements et garder l’accès aux poches du vêtement, l’exosquelette n’est pas sans contraintes : il peut être perçu comme lourd ou encombrant. « Nous proposons aux salariés de le tester d’abord une, puis quatre et enfin huit heures par jour pour une adaptation progressive. Les soignants concernés nous font ensuite des retours quotidiennement pour que l’on puisse évaluer la pertinence du dispositif dans nos services de soins, explique encore Dorota Roll. En ce moment, par exemple, nous cherchons à voir comment les soignants le supportent pendant de fortes chaleurs. » Les équipes se partagent actuellement quatre exosquelettes, mais l’établissement pourra investir dans davantage de modèles si cette phase d’expérimentation est aussi concluante qu’annoncée. Les remontées enthousiastes des salariés permettent d’ores et déjà à l’hôpital Foch d’envisager de déployer cette solution plus largement.

RECRUTEMENT

Dans le privé ou le public, la situation au regard des effectifs est tendue. Et les campagnes de recrutement battent leur plein. Le groupe de cliniques Elsan, qui vient de lancer son « ClapClapTour », est à la recherche d’environ 500 infirmières pour ses 120 établissements. L’AP-HP, qui lance une campagne en juin et septembre, recrute pas moins de 2 000 IDE, 70 Iade et 50 Ibode. Aux Hospices civils de Lyon (HCL), une centaine de postes sont à pourvoir, en majorité pour les infirmières. Ce même groupe hospitalier promet une prime d’engagement de 5 000 euros aux Iade et Ibode.

LA RÉFORME DU DIPLÔME DES AS EN ORDRE DE MARCHE

Annoncée pour septembre 2020, et en discussion depuis cinq ans, la réingénierie de la formation des aides-soignantes (AS) vient enfin de faire un pas en avant avec la publication d’un arrêté paru au Journal officiel, le 12 juin. Un texte très attendu qui élargit le champ de compétences de ces professionnelles avec l’introduction d’actes supplémentaires. Désormais, les AS pourront réaliser en toute légalité des actes comme la mesure du périmètre crânien, le calcul de l’IMC à l’aide d’un outil paramétré, la lecture instantanée des données biologiques urinaires, le recueil aseptique d’urines hors sonde urinaire, la pose de suppositoire d’aide à l’élimination, l’application de crème et de pommade… La formation passe de dix à douze mois (1 540 heures) et il est procédé à un rééquilibrage entre théorie et apprentissage en milieu professionnel désormais à parts égales. Une réforme qui a vocation à répondre aux enjeux du vieillissement et, surtout, à renforcer l’attractivité du métier. Mais qui ne va pas jusqu’au bout des attentes, les instances représentatives n’ayant pas obtenu gain de cause sur la question du rôle propre, qui ouvrirait la voie à une pratique en libéral.