“LA DEUXIÈME VAGUE DÉVOILE UN PEU PLUS CHAQUE JOUR LE POTENTIEL DE LA PROFESSION INFIRMIÈRE” - Ma revue n° 006 du 01/03/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 006 du 01/03/2021

 

ÉDITO

Hélène Trappo  

Rédactrice en chef de L’INFIRMIÈR.E

Chacun sa route, chacun son chemin », chantait Tonton David récemment disparu. Dans cette crise sanitaire qui s’installe, les soignants sont touchés chacun différemment, plus ou moins fortement mais, c’est sûr, durablement par l’épidémie de la Covid-19. En attendant, chacun se fraye un chemin comme il le peut. Certains s’accrochent et trouvent des opportunités, des occasions de rebondir. D’autres quitteront la profession ou l’ont déjà quittée.

Les données sont sans appel. À titre d’exemple, celles issues d’une consultation en ligne organisée par l’Ordre national des infirmiers (Oni), en octobre dernier, révèlent notamment que près des deux tiers des déclarants se disent en situation d’épuisement professionnel depuis le début de la crise. L’Ordre national des infirmiers a d’ailleurs décidé de prendre à bras-le-corps la question de la « survie » du corps infirmier, en lançant une étude sur « l’impact de la crise sanitaire sur le bien-être et la santé des infirmières et facteurs de résilience » avec la Haute École de la santé La Source et l’Université de Bruxelles. L’objectif ? « Comprendre les facteurs protecteurs sur lesquels les infirmiers peuvent s’appuyer en période de crise. »

Justement, à quoi se raccrocher ? Sans attendre les résultats de cette étude, on peut se laisser aller à trouver des îlots de réconfort nés, pour partie, justement de cette crise sanitaire. Si le premier confinement, marqué par les applaudissements des Français, a loué l’investissement et le dévouement des soignants, la deuxième vague, qui fait moins de bruit, dévoile un peu plus chaque jour tout le potentiel que recèle la profession infirmière, maillon indispensable de la chaîne sanitaire. Interrogée le 16 février dernier par APMnews sur la proposition de loi Ségur, Marie-Noëlle Gérain-Breuzard, présidente de la conférence des directeurs généraux de CHU, affirmait le souhait de « donner un coup de fouet aux dispositifs de pratiques avancées et protocoles de coopération ». En permettant depuis peu aux infirmières et infirmières libérales (Idels) d’adapter la posologie de certains traitements pour une pathologie donnée, c’est encore l’expertise infirmière que l’on salue (lire p. 10). À travers le déploiement de la visite domiciliaire d’assistance à l’isolement (lire p. 12), c’est le travail des Idels que l’on valorise.

Enfin, ne faut-il pas voir dans la séance de questions/ réponses à laquelle le ministre de la Santé Olivier Véran s’est prêtée, au côté du président de l’Ordre national des infirmiers, Patrick Chamboredon, le 3 février, une autre forme de reconnaissance ? Un événement, en tout cas, pour une profession rarement consultée directement, entendue et reçue, notamment lors de mouvements sociaux. Parmi les propos tenus par le ministre, on retiendra son avis favorable à la progression du décret de compétences de la profession, « selon une stratégie globale qui favorise les collaborations professionnelles », a-t-il précisé. Un chantier attendu de longue date. Pour Olivier Véran, les évolutions du métier, comme la pratique avancée, ne doivent pas se faire à marche forcée mais être librement consenties. Chacun son chemin.