AIDE À L’ISOLEMENT COVID : UN NOUVEL ACTE POUR LES IDELS - Ma revue n° 006 du 01/03/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 006 du 01/03/2021

 

EXERCICE LIBÉRAL

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Adrien Renaud  

Depuis janvier, les infirmières libérales (Idels) peuvent effectuer un nouvel acte : la visite domiciliaire d’assistance à l’isolement pour les patients Covid. Un outil de plus pour lutter contre le virus…

On le répète assez : les Idels sont les seules professionnelles de santé à se rendre quotidiennement au domicile des patients. Et dans la lutte contre le coronavirus, cette particularité est un atout que les autorités sanitaires ont choisi d’exploiter, notamment pour aider les malades à organiser leur isolement. Depuis le 21 janvier, les patients testés positifs peuvent ainsi demander à recevoir la visite d’une infirmière qui leur prodiguera des conseils et leur donnera des informations pour minimiser les risques de contamination dans leur foyer et à l’extérieur. « C’est fondamental », estime Jean-Sébastien Nizou, Idel à Marseille, qui a eu l’occasion d’effectuer cet acte. Il se souvient notamment d’un patient de son secteur qui avait des problèmes de santé mentale et qui avait été testé positif. « Je l’ai rassuré, je lui ai donné toutes les consignes pour la suite et je lui ai dit qu’il pouvait me rappeler », raconte le soignant. Autre avantage : cette visite permet, le cas échéant, de tester les autres membres du foyer. « Je suis allée chez un patient qui était positif, et j’ai testé les trois autres habitants, raconte Véronique Chauvet, Idel à Frouzins (Haute-Garonne). Ça a été très utile, parce qu’il s’est avéré que l’un d’entre eux était positif. » Dans ce genre de situation, les conseils de l’infirmière en termes de gestion des repas ou des sanitaires peuvent s’avérer cruciaux afin que les personnes non infectées le restent.

UNE QUESTION DE RAPIDITÉ

Concrètement, c’est lors de l’entretien téléphonique avec les équipes de contact tracing que le nouvel acte est proposé. « Cette proposition est faite de manière systématique », détaille Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, qui chapeaute le contact tracing. Si le patient donne son accord, la visite est alors proposée sur la plateforme d’adressage de sa région (Inzee.care, Entr’Actes…). Les Idels qui se connectent peuvent alors décider de la prendre en charge. L’acte est facturé un peu moins de 23 euros. « Il faut aller vite, car l’enjeu est de faire la visite dans les 24 heures », précise Thomas Fatôme.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, il est trop tôt pour tirer les leçons du dispositif. Certaines Idels avaient fait remonter des difficultés, constatant que les patients ne comprenaient pas toujours ce que l’infirmière venait faire lors de cette visite. Dans d’autres cas, la personne avait changé d’avis au moment où l’Idel prenait contact. Et certaines professionnelles ont même trouvé porte close.

Mais le patron de l’Assurance maladie se montre tout de même assez enthousiaste : « Au 5 février, nous avions déjà compté entre 15 000 et 20 000 visites. C’est déjà un résultat très positif, parce que les dispositifs de visite à domicile qui existaient jusque-là pour la Covid avaient parfois du mal à décoller. » De son côté, Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), estimait à la même date que « 10 % des patients acceptent la visite ». L’Assurance maladie se donne toutefois jusqu’à la fin du mois de février pour dresser un premier bilan quantitatif.

UNE OPPORTUNITÉ POUR LA PROFESSION

Mais au-delà des chiffres, la visite domiciliaire semble déjà avoir apporté une certaine satisfaction aux Idels pour ce qui est de la valorisation de leur profession. « On a vraiment l’impression d’apporter quelque chose », témoigne Véronique Chauvet. « On a encore plus l’impression de faire partie d’un tout, on est valorisés dans notre rôle », ajoute Jean-Sébastien Nizou. « On reconnaît le rôle de proximité des Idels », résume Daniel Guillerm, qui se réjouit par ailleurs de voir ce rôle se déployer dans le domaine de la prévention. « Et ce qu’il y a de novateur, c’est que c’est sans prescription », glisse le patron de la FNI. De quoi donner du grain à moudre à tous ceux qui souhaitent voir la profession obtenir davantage d’autonomie.

Lire l’interview de Thomas Fatôme sur le site espaceinfirmier.fr le 9/02