L'infirmière Magazine n° 379 du 01/02/2017

 

CRITIQUE

RENDEZ-VOUS

parutions

Audrey Pernet  

→ Élément fondamental du soin, façonné par ce qu’il a vécu, indissociable de l’esprit, malmené par la maladie ou la vie, le corps est le siège de nombreux sentiments et vecteur d’échanges. Cependant, comment aborder le « corps à corps » entre soigné et soignant ? Le corps du patient peut être perçu comme « objet » de soins dont il a besoin : pansements, drains, sondes… Pourtant, tous ces gestes invasifs sont soumis à des protocoles institutionnels, des normes d’hygiène et d’asepsie ou des contraintes de temps. Alors, comment considérer ce corps unique, personnel et intime dans un cadre régi par des règles identiques pour tous ? Dans les instituts de formation et sur le terrain, il est répété aux étudiants qu’il faut respecter la pudeur du patient alors que parallèlement, son corps va être ausculté, lavé, observé, « mis à nu » dans tous les sens du terme. Cette intrusion dans l’intimité du patient peut bousculer les étudiants, notamment les plus jeunes, dans l’image qu’ils ont du rapport au corps. Quant à leur propre corps, porteur de leur histoire, il est soumis à la rencontre avec celui d’un patient affaibli, bien souvent en souffrance et lui-même garant d’émotions et de ressentis. Dans son ouvrage, Cédric Juliens fait le point sur les différentes fonctions du corps humain : biologique, sociale, subjective… Il les met en lumière dans le cadre du soin. Basé sur son expérience professionnelle et les ateliers qu’il a animés lors de formations paramédicales, il élabore plusieurs pistes de réflexion sur ce qui se joue entre le corps du patient et l’esprit du soignant.

Le corps intime, Cédric Juliens, éd. Seli Arslan, 23,50 €