Un temps de rencontre - L'Infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016

 

CRITIQUE

RENDEZ-VOUS

Nouvelles parutions

ALEXANDRE MANOUKIAN  

→ Cet ouvrage est le résultat d’un travail collectif, un travail d’équipe. En ce sens, il appartient aux livres rares, car ce n’est pas facile de s’atteler à créer une véritable équipe d’auteurs. Une équipe n’est pas un rassemblement de fonctions. Ce n’est pas une réunion en un même lieu. C’est plutôt un partage de désirs, un échange de compétences. Produit par l’équipe d’un Centre d’action médico-sociale précoce (Camsp), cet ouvrage nous montre l’intérêt de cette structure et en fait la radiographie. Comme dans toute institution de soins, les difficultés sont certes présentes. L’une d’elles réside dans la tentative d’unification et de dialogue entre représentants du corps d’un côté et de l’esprit de l’autre. Pour beaucoup de professionnels, il y a là un défi que certains ne cherchent pas à relever tellement il est lourd à porter et empli de risques. Le premier est, à notre avis, le morcellement du corps même de l’équipe. Or, la situation de handicap offre d’emblée un morcellement du corps des petits malades accueillis. Malades et soignants sont tantôt tirés vers le soma, tantôt vers la personnalité. Joindre les deux est certainement un aspect fondamental de ce travail. Dès l’introduction, les auteurs clarifient leur posture : s’attacher au parti pris, dès le début et tout le long d’une prise en soins, de « la présence d’une richesse de vie intérieure ». C’est simple, clair et efficace comme guide dans la longue durée. Le handicap précoce rend la rencontre de l’enfant plus difficile pour tous ; parents comme professionnels. Un chapitre l’illustre particulièrement bien dans son titre évocateur « Quand la rencontre se heurte à la paroi de la couveuse ». Car qui dit handicap dit appareillage. On connaît les refus et rejets fréquents. Or, qu’est-ce « qui permet de porter les appareils » sinon le langage, ce premier appareil symbolique qui porte l’enfant. Ainsi, tout ce travail tend à s’ouvrir et à faire s’ouvrir à la rencontre, ces enfants, et dans une certaine mesure, ces parents, afin qu’ils parviennent « à se loger dans l’abri d’une parole vivante ».

Une pratique de soins précoces pour les enfants en situation de handicap, Monique Perrier-Genas et Jocelyne Huguet-Manoukian, Éd. Érès, 15 €