LES IDE EN ÉCLAIREUSES - L'Infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016

 

GÉRIATRIE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Sandra Mignot  

Les pratiques avancées étaient au cœur des innovations présentées cette année lors de la 4e journée paramédicale de gériatrie de l’AP-HP, organisée fin juin par la direction des soins.

À l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), plusieurs équipes progressent vers la mise en place de pratiques infirmières avancées, même si celles-ci demeurent invisibles sur le plan statutaire… Ainsi deux infirmières expérimentées en gériatrie et diplômées d’un master 2 « expertise gérontologique option pratiques avancées » interviennent actuellement au sein du GH Paris-Ouest. Elles œuvrent dans le cadre de deux situations cliniques préalablement repérées par la direction des soins : patient âgé en situation complexe gériatrique ou présentant un trouble vésico-sphinctérien. Le déroulé des consultations (1re et 2e ligne) a été précisément structuré. « Nous recueillons les données biomédicales - objectives (échelles, mesures de paramètres, examen physique clinique infirmier) et subjectives - afin d’adapter au mieux la prise en charge, mais aussi d’actualiser le plan personnalisé de soins (PPS) », précise Anaïs Varlet-Bécu, infirmière clinicienne spécialisée parcours complexe gériatrique au pôle « aval, gériatrie, réanimation, urgences, médecine » de Paris-Ouest.

Accès aux soins facilité

« Le recueil des données que réalisent les infirmières est plus approfondi que celui du médecin, estime Luc Ribeaucoup, gériatre et référent du projet Prefics(1) “Sujet âgé” au sein de l’AP-HP. Surtout, l’appréhension du patient via ses besoins fondamentaux (respirer, boire, manger, mais aussi communiquer avec ses semblables, agir selon ses croyances et ses valeurs ou s’occuper en vue de se réaliser) apporte un autre éclairage, une complémentarité des regards. »

Sans oublier un gain en temps et l’évitement de certaines consul?tations médicales… Car l’aspect médico-économique n’est jamais à négliger dans le développement des consultations infirmières spécialisées. À l’hôpital Charles-Foix, c’est un protocole de coopération - élaboré sous l’égide de la Haute Autorité de santé - qui a donné naissance au poste d’IDE expert en gérontologie qu’occupe Sabine Bernard-Charrière depuis juin 2015. Forte de deux années d’ex?périence en service gériatrique, celle-ci a bénéficié d’une formation pratique de quatre semaines sur la consultation mémoire et peut dé-sormais proposer des consultations de suivi, prescriptions et orientation aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’une affection apparentée.

« L’IDE et le médecin qui délègue l’acte travaillent le même jour, dans deux box voisins, précise Isabelle Viémont, cadre de santé paramédicale du département de gériatrie ambulatoire à Charles-Foix. Si l’IDE a besoin d’un conseil médical, ou si le patient refuse la consultation avec elle, il est toujours possible de s’adresser au praticien. » Depuis janvier, trois demi-journées de consultation sont ainsi disponibles et une deuxième infirmière viendra prochainement renforcer le dispositif. « Pour le patient, c’est une amélioration de l’accès au soin - le dispositif des consultations mémoire étant saturé ; pour l’institution, une optimisation du temps de travail médical ; pour l’IDE, une valorisation de ses compétences », résume le Dr Sylvie Pariel, gériatre et responsable du département de gériatrie ambulatoire.

1- Préfiguration des infirmiers cliniciens spécialisés.

FRAGILITÉ

Anticiper le retour au domicile

→ Le groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand Widal a élaboré une grille de repérage de la fragilité. Intégré au dossier médical informatisé, cet outil doit permettre d’améliorer le parcours de soins des personnes âgées dans le cadre du programme Paerpa (personnes âgées en risque de perte d’autonomie). « L’objectif était de créer un système d’alerte dès les premières 24 heures d’hospitalisation afin que les professionnels de ville puissent anticiper le retour au domicile et mettre en place les aides nécessaires », a résumé Nathalie Pairault, cadre de santé paramédicale du service de gériatrie.

→ Six items doivent ainsi être renseignés par l’infirmière en médecine gériatrique aiguë et en cardiologie : hospitalisations précédentes, antécédents de chutes, comorbidités, oublis répétitifs, isolement, difficultés d’accès aux soins. Ce repérage permet ainsi d’identifier une ou plusieurs situations problématiques pouvant relever d’un PPS.

→ L’expérimentation est en cours et n’a pas encore été évaluée. Les équipes regrettent cependant de ne pas avoir de retour des professionnels en ville afin d’être informés de ce qui a pu être mis en place.