MARIE-FRANCE AQUET INFIRMIÈRE DE SANTÉ PUBLIQUE, ARS BRETAGNE - L'Infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

LISETTE GRIES  

Un sourire radieux éclaire son visage. À 62 ans, Marie-France Aquet est une ISP heureuse. Et pleine d’énergie. Elle dit de son poste à l’ARS Bretagne qu’il était fait pour elle, ou l’inverse. « C’était une découverte totale pour moi. Je ne connaissais pas du tout la veille sanitaire et ce travail de réseau me plaît bien. » Il faut dire qu’elle n’était pas novice en santé publique. Pendant 30 ans, elle a travaillé à l’Éducation nationale, dans divers établissements scolaires et comme conseillère technique auprès de l’inspecteur d’académie. Des postes où elle a pu nouer des relations de qualité avec des adolescents parfois perdus, qui se raccrochent à l’infirmière scolaire. « C’est parfois un peu éprouvant, mais j’y ai aussi vécu de vrais beaux moments », se souvient-elle avec plaisir. En lien avec les équipes éducatives, elle a mis en place des actions de prévention et d’éducation à la santé et des séances de dépistage et d’information. Dynamique, Marie-France a mobilisé autour d’elle tout un réseau de partenaires associatifs, d’instances de financement, de professionnels de la communauté scolaire. « Et puis, on gère l’urgence aussi… Autant avec les élèves qu’avec les autres adultes. Il faut savoir réagir vite, tout en étant à l’écoute et en imaginant ce qu’on va pouvoir mettre en place », explique-t-elle.

→ Son sang-froid, c’est l’une des qualités qui lui ont ouvert les portes de l’ARS Bretagne. « Le directeur recherchait quelqu’un capable de faire face à une situation de crise avec calme et méthode. Lors de mon entretien d’embauche, j’ai raconté comment j’avais géré la situation après le suicide d’un élève », raconte-t-elle. Dans son poste, elle fait appel à cette même bienveillance posée lorsqu’elle est en contact, par exemple, avec des parents dont l’enfant est atteint de méningite. « Certes, notre mission, c’est de retrouver toutes les personnes qui auraient pu être contaminées. Mais quand on téléphone à un couple qui vient de perdre son bébé, notre rôle est aussi de rassurer, d’écouter et de compatir sans paniquer. » Même dans des cas moins dramatiques, les qualités humaines de Marie-France se révèlent précieuses. Que ce soit en cas de gale ou d’intoxication alimentaire, la première étape est souvent de déculpabiliser les personnes qu’elle contacte. « Il faut laisser les gens s’exprimer, puis savoir être convaincant. Il faut aussi souvent expliquer le rôle de l’ARS, qui est largement méconnu du grand public. »

→ De ses expériences passées, Marie-France Aquet garde aussi un sens du réseau qui est précieux. Au sein de son ARS, elle a mis en place des partenariats avec les centres de PMI, l’Éducation nationale, des associations… « C’était inné, pour moi. J’avais l’habitude de travailler avec d’autres structures et j’ai donc pu développer, avec mes collègues, de nouvelles relations avec l’extérieur qui nous sont bien utiles. » Entourée de deux autres ISP, aux profils complémentaires au sien, elle apprécie d’être « utile à la société », en évitant la propagation de maladies contagieuses. « On veille à la tranquillité des Bretons, sans même qu’ils s’en rendent compte », souligne-t-elle joyeusement.

→ Poussée comme toujours par sa curiosité, elle aimerait aujourd’hui évoluer vers autre chose, après près de six ans passés sur son poste. « J’aime mon travail, mais je regrette qu’on ne puisse pas développer davantage la promotion de la santé », reconnaît-elle. Les missions en ARS sont en effet bien plus cloisonnées qu’à l’Éducation nationale. Elle se verrait bien infirmière du travail, pour terminer sa carrière. « C’est une des richesses de notre diplôme d’État, conclut-elle dans un large sourire. On peut ensuite exercer des rôles très variés. D’ailleurs, si c’était à refaire, je crois que j’essayerais de multiplier encore plus mes postes et mes formations. Mais je ne regrette rien de ma carrière, je trouve ce métier passionnant ! »

MOMENTS CLÉS

1974 : Diplôme d’État infirmier, Ifsi de Quimper.

1974-1980 : IDE dans un service polyvalent de médecine au CHU de Tours.

1980 : Directrice d’un foyer-logement pour personnes âgées, à Tours, pour 6 mois.

1980-2010 : Infirmière de l’Éducation nationale, dans différents établissements du Centre et de Bretagne.

Depuis 2010 : ISP à l’ARS Bretagne.