UNE ÉQUIPE POUR LES FEMMES EN SOUFFRANCE - L'Infirmière Magazine n° 342 du 01/04/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 342 du 01/04/2014

 

VIOLENCES

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

SANDRA MIGNOT  

À Saint-Germain-en-Laye (78), l’Institut de santé génésique (ISG) rassemble autour des victimes de violences toutes les ressources nécessaires à la coordination de leur prise en charge.

Nous avons réuni cinq professions essentielles pour l’accueil des femmes victimes de violences : infirmière, médecin, travailleur social, juriste et psychologue, souligne Frédérique Martz, directrice de l’ISG, qui a ouvert ses portes en janvier. Nous pouvons ainsi proposer une écoute adaptée à toutes leurs problématiques. » Le projet a été monté en collaboration avec Pierre Foldès, chirurgien urologue réputé pour son travail de réparation de l’excision. Les femmes s’y présentent sur recommandation d’un professionnel, ou de leur propre initiative, après avoir lu un article ou un livret présentant l’institut. Installé dans l’enceinte de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, l’endroit, fraîchement rénové, n’est pour l’instant ouvert que par demi-journées. « En cas de montée en activité, nous développerons nos horaires d’ouverture », précise la directrice. L’ensemble des intervenants sont bénévoles, à l’exception des juristes mis à disposition par des associations. « Nous avons voulu commencer à travailler sans attendre de subventions, pour montrer ce que l’on pouvait faire, explique Pierre Foldès. Mais, bien sûr, l’institut est en recherche de financement et a vocation à rémunérer ses intervenants. » L’infirmière assure généralement le premier entretien. « Nous rassurons les femmes et essayons d’évaluer leurs besoins et leurs attentes, explique Dany Hamon, IDE vacataire aux urgences et dans le service de chirurgie voisin, présente à l’institut deux à trois demi-journées par semaine. Nous hiérarchisons ensuite les priorités, afin de les soutenir dans les démarches qu’elles souhaitent entreprendre : rencontrer un juriste pour parler séparation ou garde des enfants ; débuter un accompagnement psychologique ; trouver une place dans un hébergement d’urgence… »

Réseau multiple

Une fiche d’accueil et des protocoles par profession sont remplis par chacun des intervenants pour permettre le suivi du dossier par l’ensemble de l’équipe, qui se réunit chaque semaine. La synthèse est assurée par Frédérique Martz. « Nous disposons d’un réseau à plusieurs niveaux, précise la directrice. Un certain nombre de professionnels nous ont aidés à concevoir le projet. Puis, nous sommes allés à la rencontre des institutions de terrain qui travaillent avec et autour des femmes. » Depuis deux ans, les deux cofondateurs de l’ISG ont patiemment construit leur réseau dans les Yvelines : commissariats, centres d’hébergement, relais juridiques, associations… « Nous nous sommes notamment constitué tout un carnet d’adresses de psychologues, qui ont accepté de s’engager sur trois niveaux de tarifs, en fonction des ressources de la patiente », précisent-ils. Si la prise en charge à l’institut est totalement gratuite, aucun soin ni travail thérapeutique n’y est réalisé. Des protocoles sont signés avec les services hospitaliers qui peuvent être sollicités. « Nous recevons souvent des femmes victimes de violence, note le Dr Ouzna Kerrad, responsable des urgences à l’hôpital de Saint-Germain. Jusqu’à présent, nous les écoutions, leur donnions des soins, leur recommandions de porter plainte, et ça s’arrêtait là. Désormais, nous avons un interlocuteur privilégié vers qui les orienter, à côté, et qui peut tenir compte de l’ensemble de leurs besoins. » De même, l’ISG peut orienter les femmes vers les urgences si un besoin est détecté par l’infirmière d’accueil ou le médecin de permanence.

Depuis début janvier, une quarantaine d’entre elles ont fait appel à l’ISG. « Nous avons déjà permis à une femme de s’extraire de son foyer violent », se félicite Frédérique Martz. L’institut travaille aussi au déploiement de formations à l’intention des soignants libéraux du département. « La lutte contre les violences est encore trop hospitalo-centrée ; la prise en charge débute à partir du moment où il y a une agression physique, remarque Pierre Foldès. Mais, la violence, elle, commence bien avant, dès qu’une femme peut se dire : “je n’ai pas voulu ça”. »