L'infirmière Magazine n° 337 du 15/01/2014

 

FIN DE VIE

ACTUALITÉ

AVELINE MARQUES  

Dans un rapport, le Conseil national manifeste son opposition à la légalisation du suicide assisté et émet « dix préconisations » pour une meilleure prise en charge de la fin de vie.

Il s’était, jusqu’ici, distingué par son silence. Alors que la concertation lancée à l’été 2012 par François Hollande arrive à son terme, l’ordre des infirmiers vient de faire une entrée fracassante dans le débat sur la fin de vie. Dans un rapport publié en décembre, le conseil national (CNOI) manifeste son refus d’une légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, allant à l’encontre de l’opinion du panel de citoyens mandaté par le CCNE(1). « En Belgique, il est de moins en moins rare que ce soit des infirmières qui pratiquent l’euthanasie, alors qu’en théorie, elles n’en ont pas le droit », justifie le CNOI. « Faire porter tout le poids de l’euthanasie sur l’infirmière » est non seulement inacceptable, mais aussi incompatible avec le rôle et la déontologie infirmiers. Ce refus, relayé par des médias nationaux, a provoqué l’ire des opposants à l’Ordre, qui estiment que ce dernier ne peut pas prendre position au nom de la profession, mais aussi celle des soignants favorables à la légalisation du suicide assisté. « L’Ordre est un porte-voix de la profession infirmière. La déontologie fait partie de ses missions », justifie Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI, pour qui « le vrai débat n’est pas pour ou contre le suicide assisté, mais comment préserver la dignité de la fin de vie ». Pour faire des « propositions concrètes » à ce sujet, le CNOI a pris le temps de la réflexion.

Dix préconisations

Parce que « toutes les infirmières ont été, sont ou seront un jour confrontées à cette prise en charge », une commission composée de libérales et d’hospitalières a été mise en place. Les « dix préconisations » formulées dans le rapport sont issues de ses rencontres avec des experts et des soignants et de plusieurs mois de débats au sein du conseil. Pour améliorer la prise en charge de la douleur, « inégale et insatisfaisante », le CNOI propose ainsi d’autoriser les IDE à prescrire des antalgiques de palier 1. Quant à la sédation terminale profonde, elle doit viser, avant tout, à « soulager le malade » et non à « le faire dormir pour mourir », insiste le CNOI. Si une décision d’arrêt de traitement ou de sédation terminale est prise, l’IDE doit pouvoir se dégager de son application en faisant valoir sa « clause de conscience », apanage des seuls médecins. De manière générale, le CNOI réclame davantage de pluridisciplinarité. Il demande également de rendre obligatoire la présence d’infirmières de nuit dans les Ehpad. Reste à savoir si ces préconisations seront reprises par la future loi sur la fin de vie, attendue cette année.

1– Le panel s’est prononcé pour le suicide médicalement assisté et pour une « exception d’euthanasie » dans les cas où il est exclu. Le rapport du Comité national consultatif d’éthique est attendu le mois prochain.