Malades, vos papiers !

Tandis que la crise bat son plein, les leaders des pays les plus touchés tirent leur révérence malgré eux : Papandréou pour la Grèce, Berlusconi pour l’Italie, suivi de Zapatero pour l’Espagne… Dans ce contexte de crise économique et financière angoissant, Nicolas Sarkozy a décidé de prononcer un discours sur la protection sociale, le 15 novembre dernier à Bordeaux. Après une première partie consacrée à l’histoire de notre modèle de protection sociale et le besoin permanent de réforme qu’il nécessite pour perdurer, il nous a honorés d’une belle leçon de morale sur la fraude sociale. « Frauder, voler la Sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français et c’est porter un coup terrible à la belle idée de solidarité nationale. » Les paroles enflammées du président sont catégoriques : il sera sans indulgence pour ces fraudeurs et ces tricheurs. Et il salue au passage le rôle des inspecteurs et des contrôleurs de l’assurance maladie. Concrètement, que montre le rapport de Dominique Tian (député UMP) sur la mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale ? La fraude sociale s’élèverait en France à 20 milliards d’euros par an…, et, en bref, les entreprises fraudent beaucoup plus que les particuliers (entre 8 à 15 milliards pour les entreprises, contre 2 à 3 milliards pour les assurés sociaux). Pourtant, il n’y a pas d’augmentation des contrôles de l’Urssaf… Les malades sont, en revanche, beaucoup plus contrôlés, et une nouvelle mesure d’économie ajoute un jour de carence aux salariés du privé en cas d’arrêt maladie (4 jours au lieu de 3) tandis que les fonctionnaires ont désormais un jour de carence. Une mesurette qui devrait rapporter 200 millions d’euros. Une goutte d’eau quand on sait que la fraude fiscale s’élèverait à 45 milliards d’euros par an en France. Alors, quand s’attaquera-t-on à ces grands voleurs ?