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L'infirmière Magazine n° 275 du 15/03/2011

 

RISQUE NOSOCOMIAL

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Comme les autres, les établissements de HAD sont soumis à des impératifs d’évaluation des soins, et les données révèlent une fréquence notable des événements indésirables.

Contrairement à une idée reçue, les établissements d’hospitalisation à domicile (HAD) ne font pas nécessairement mieux que l’hôpital en termes d’infections nosocomiales, ni, d’ailleurs, les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad). « Un certain nombre d’infections peuvent apparaître au domicile, en particulier parce que les professionnels de santé vont d’un patient à l’autre et que certains ne sont pas très au point sur les procédures d’hygiène », soulignait Élisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad), fin janvier(1). Nombre d’entre eux, heureusement, semblent avoir pris en compte cette problématique dans leur activité quotidienne.

Usage unique

La convention signée entre les quatre syndicats d’infirmiers libéraux(2) et la Fnehad impose, par exemple, l’utilisation du matériel à usage unique des services d’HAD par ces professionnels et le respect de procédures d’hygiène précises. « De plus en plus de structures se dotent également, en interne, de compétences dédiées à la gestion des risques et de la qualité », a poursuivi l’ancienne ministre de la Santé. À l’image de la Fondation Caisses d’épargne (lire l’encadré ci-contre), qui gère des établissements pour personnes âgées dépendantes et public handicapé, ou de Santé Service, à Bayonne (64), qui regroupe Ssiad et HAD.

Santé Service a, ainsi, créé son comité de lutte contre les infections nosocomiales en 1999 et réalise, chaque année depuis 2002, une enquête de prévalence. « Les premières données avaient révélé environ 6 % de prévalence des infections nosocomiales au domicile, essentiellement des infections urinaires ou cutanées, à Sarm(3) ou Pseudomonas aeruginosa, se souvient Anne Coustets, médecin responsable du Ssiad. Même si nous avions aussi des infections à Serratia, qui sont liées à la présence d’animaux domestiques. » Grâce à la mise en évidence du problème, au rappel des règles d’hygiène et au recours au matériel à usage unique, la prévalence était retombée, en 2010, à 3 %. « Nous avons aussi sensibilisé les familles qui participent à certains soins de nursing, ajoute Anne Coustets. Parfois, elles déplaçaient les collecteurs urinaires et les installaient en déclin, ce qui favorise la remontée d’urine dans la vessie. »

1– Lors d’une table ronde des États généraux de l’association Le Lien, les 27 et 28 janvier 2011 à Paris.

2– Sniil, FNI, Onsil et Convergence infirmière.

3– Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline.

TROIS QUESTIONS À BRUNO FAVIER CONSEILLER TECHNIQUE DE LA FONDATION CAISSES D’ÉPARGNE

« On forme des binômes référents »

L’I. M. : Les infections sont-elles fréquentes dans vos Ehpad ?

B. F. : Une enquête de 2006(1) a révélé une prévalence infectieuse de 11,7 % parmi les résidents. Cela regroupe des infections associées aux soins, beaucoup d’infections urinaires ou bronchiques, et des phénomènes épidémiques viraux.

L’I. M. : Quelles difficultés spécifiques rencontrent vos établissements ?

B. F. : Nous travaillons avec des professionnels dont la formation initiale, ancienne, n’est pas toujours actualisée : agents de soins, aides-soignantes, aides-médico-psychologiques. Seules les infirmières ont une base solide. Ensuite, ces personnels connaissent un turn-over très important, ce qui ne nous laisse pas toujours le temps de les former à la prévention. Enfin, il y a énormément de circulation dans nos établissements : résidents, personnels de santé libéraux, familles.

L’I. M. : Quelle solution avez-vous mise en place ?

B. F. : Nous avons décidé de former, dans chaque établissement, un binôme référent. En général, il s’agit d’une infirmière et d’une aide-soignante. Elles se forment sur le campus numérique Hygienosia(2), à raison d’une ou deux heures tous les quinze jours. Elles acquièrent aussi des bases pédagogiques pour pouvoir transmettre ces enseignements à l’ensemble du personnel. Cette formation propose un volet information aux familles et aux intervenants.

PROPOS RECUEILLIS PAR S. M.

1 – Priam, recherche de l’Observatoire du risque infectieux en gériatrie, cofinancée par la Fondation Caisses d’épargne.

2 – Voir sur www.hygienosia.com.