Situations à risque de iatrogénie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014

 

Cahier de formation

Savoir

La iatrogénie médicamenteuse est responsable d’au moins 130 000 hospitalisations et 10 000 décès par an, dont une part est due à l’automédication et près de la moitié serait évitable. Du côté des professionnels, la pharmacologie n’est pas le fort des infirmières ni des médecins, et le pharmacien d’officine est peu impliqué dans les décisions thérapeutiques.

IATROGÉNIE MÉDICAMENTEUSE

Contexte

130 000 hospitalisations et 10 000 décès sont imputables chaque année à la iatrogénie(1). « Les effets indésirables des médicaments sont fréquents, corrobore un récent rapport de l’Académie nationale de médecine(2), ils correspondraient à 5 à 10 % des hospitalisations, 5 à 10 % des consultations en ville et peuvent survenir chez 25 à 30 % des malades hospitalisés. » En France, environ 140 000 hospitalisations seraient en rapport avec un effet indésirable médicamenteux chaque année (hôpitaux psychiatriques exclus). « Ce nombre est supérieur à celui des infarctus du myocarde […] et correspond à un coût supérieur à celui de la prise en charge annuelle du diabète dans notre pays », ajoutent les auteurs du rapport, qui estiment que 10 à 30 000 décès sont, chaque année, en rapport avec un effet indésirable médicamenteux. Ces événements indésirables concernent aussi bien les médicaments prescrits que l’automédication.

Cause d’hospitalisations

En 2009, la seconde Enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins (Eneis), qui porte sur plus de 8 000 hospitalisations, recense 374 événements indésirables graves (EIG), dont près de la moitié sont jugés évitables. Si les EIG survenant pendant l’hospitalisation sont le plus souvent associés aux actes invasifs, ceux à l’origine d’hospitalisations sont plus liés aux produits de santé, en particulier aux médicaments. Parmi les EIG à l’origine même d’une hospitalisation, plus de la moitié (55,6 %) sont considérés comme évitables, et près de la moitié (43,8 %) sont liés aux médicaments.

Prise de conscience

L’intérêt pour les événements indésirables graves est relativement récent en France. La loi de santé publique du 9 août 2004 a fixé comme objectif de réduire la fréquence des événements iatrogènes survenant en ambulatoire et entraînant une hospitalisation. Les enquêtes Eneis de 2005 et 2009 ont constaté qu’une grande part des EIG était liée aux erreurs de prescription ou d’administration, au suivi inadapté du patient ou à l’omission de traitement. En 2010, le Haut Conseil de la santé publique a proposé de maintenir les objectifs de la loi de 2004 et de les compléter. Dans le même temps, ces risques associés aux soins sont de moins en moins acceptés par les patients, et l’on note un effritement progressif de la confiance des usagers envers le système de soins.

Médecine de ville

Les événements indésirables (EI) liés aux soins de ville sont moins connus que les événements générés en milieu hospitalier et vraisemblablement peu identifiés par les professionnels de terrain eux-mêmes, selon les auteurs de l’Étude régionale sur les événements indésirables liés aux soins ambulatoires(3). Analysant ces EI en médecine de ville, ceux-ci estiment « qu’une prise de conscience par l’ensemble des acteurs des risques liés aux soins est urgente ». Ils relèvent plusieurs critères favorables à la survenue d’EI :

→ des patients de plus en plus âgés et fragiles ;

→ un nombre croissant d’acteurs avec des interrelations entre professionnels de plus en plus complexes ;

→ un contexte de démographie médicale et soignante déclinante, une organisation en mutation (permanence des soins, maisons médicales, etc.) ;

→ des soins de plus en plus techniques.

SITUATIONS À RISQUE

Patients à risque

La population des plus de soixante-cinq ans présentant des polypathologies et des plus de soixante-quinze ans est la plus concernée par la iatrogénie médicamenteuse(1). Selon l’enquête Eneis, plus de 80 % des EIG survenus pendant une hospitalisation sont associés à des critères de fragilité du patient : l’âge, une maladie grave, l’existence de comorbidités ou un état général altéré. Les 20 % restants sont liés au comportement du patient (non-compliance, refus de soins). Les patients les plus à risque sont ceux atteints d’une insuffisance rénale ou hépatique, les enfants et nouveau-nés, les personnes âgées, les femmes enceintes ou allaitantes. Ils présentent notamment un risque accru d’intolérance ou de surdosage.

Médicaments à risque

Ce sont ceux qui requièrent une sécurisation de la prescription, de la dispensation, de la détention, du stockage, de l’administration et un suivi thérapeutique approprié(4). Ce sont par exemple les anticoagulants, les antiarythmiques, les agonistes adrénergiques intraveineux, les digitaliques par voie intraveineuse, l’insuline, les anticancéreux, les solutions d’électrolytes concentrées… Il s’agit le plus souvent de médicaments à marge thérapeutique étroite. Leur gestion doit s’appuyer sur le respect des données de référence afin d’éviter les erreurs qui peuvent être graves pour le patient.

Facteurs propres aux soins ambulatoires

Dans son analyse d’événements survenus en médecine de ville et causant une hospitalisation, l’étude Evisa souligne plusieurs facteurs propres aux soins ambulatoires (aussi appelés “de premier recours”).

Défauts de communication et de coordination

Ces défauts concernent la relation médecin/patient, mais aussi celle entre professionnels extra-hospitaliers ou les relations ville-hôpital (sortie prématurée, etc.). L’étude note aussi que les médecins traitants n’osent pas remettre en cause la prescription d’un spécialiste (hospitalier ou non), alors qu’ils ont une vision plus globale de la situation du patient. Et le non-accès au dossier informatisé par les professionnels de santé lors des visites à domicile nuit au suivi.

Défauts de prise en charge

L’étude rapporte des erreurs dans le choix des traitements médicamenteux, des retards dans leur mise en œuvre et des défauts de prévention ou de surveillance, notamment pour les antivitamines K, les antidiabétiques et les psychotropes. Les erreurs par méconnaissance des recommandations et des interactions médicamenteuses sont fréquentes (17 % des cas étudiés). Par exemple, l’utilisation de la digoxine chez les patients insuffisants rénaux, de neuroleptiques dans la maladie d’Alzheimer ou les conditions d’arrêt des anticoagulants lors des actes invasifs.

Défauts de vigilance

Ils concernent le traitement, notamment les traitements au long cours (diurétiques, digoxine, AINS…) ou l’état de santé du patient. Les médecins interrogés pour l’étude Evisa ont expliqué que, « connaissant le patient depuis longtemps, ils ne le voient pas vieillir ou ils ne remarquent pas l’évolution de la maladie ». Dans ce cas, un regard neuf ou une hospitalisation est parfois l’occasion de faire le point. L’étude pointe aussi des erreurs ou retards de diagnostics. Ainsi, la période entre un début de perte d’autonomie et la décision d’apporter un soutien à domicile ou en institution concerne 13 % des EIG de l’étude.

Particularités en médecine de ville

Elles sont mises en évidence par l’étude Evisa :

→ à domicile, le médecin doit tenir compte, davantage qu’à l’hôpital, des préférences du patient et de son entourage ;

→ l’exercice médical est souvent isolé (faible collaboration avec les spécialistes) ;

→ le patient garde l’initiative des soins (aller aux consultations programmées, observance…) ;

→ le patient, peu actif dans sa prise en charge, se repose sur les professionnels de santé pour le suivi de son traitement (anticoagulants, etc.) ;

→ l’aide de l’informatique est insuffisante, notamment pour renforcer la vigilance des patients (rappels de rendez-vous, de suivi biologique…) ;

→ les soignants ne sont pas toujours présents aux moments clés de la prise en charge (lors des prises médicamenteuses, par exemple) ;

→ l’observance des soins est très peu encadrée (problème de continuité des soins).

Autogestion excessive

Dans 23 % des EIG analysés par l’étude Evisa, « le comportement des patients ou de leur entourage est directement et exclusivement en lien avec la survenue des événements indésirables », alors qu’aucune défaillance n’a été repérée dans la prise en charge. Dans la moitié des cas, l’autogestion excessive des traitements est liée à une présence insuffisante des soignants, notamment pour administrer les traitements. Les infirmières libérales interrogées ont expliqué que cet acte ne faisait pas l’objet d’une tarification spécifique, et qu’elles ne pouvaient pas revenir au moment des prises médicamenteuses.

SURVEILLANCE DES MÉDICAMENTS

Autorisation de mise sur le marché

Le développement d’un médicament, de la molécule jusqu’à sa commercialisation, nécessite dix à quinze ans de recherche strictement encadrée par la loi (tests précliniques, essais cliniques, mode d’administration et de conditionnement, etc.). Toutes les informations qui sont recueillies constituent le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM), nécessaire à la commercialisation du médicament. L’AMM est délivrée au niveau européen par la Commission européenne, après avis de l’Agence européenne d’évaluation des médicaments (EMA). Les demandes d’AMM limitées au territoire français sont examinées et autorisées par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Pour obtenir une AMM, le nouveau produit doit présenter un rapport bénéfice/risque au moins équivalent à celui des produits déjà commercialisés.

L’AMM est accompagnée :

→ du Résumé des caractéristiques du produit (RCP), qui précise notamment la dénomination du médicament, la composition qualitative et quantitative, la forme pharmaceutique, les données cliniques, etc. ;

→ de la notice pour le patient, qui présente l’essentiel des informations du RCP(5) dans un vocabulaire plus accessible.

Pharmacovigilance

Développée en France, à partir du milieu des années 1970 après l’observation d’encéphalopathies au bismuth (lire encadré ci-dessous), la pharmacovigilance étudie les effets indésirables des médicaments définis comme une réaction nocive et non voulue à un médicament se produisant aux posologies normales ou résultant d’un mésusage de celui-ci.

Surveillance continue

Les essais cliniques préalables à la demande d’AMM sont insuffisants pour évaluer le risque global d’un médicament car ils incluent trop peu de malades, ils sont trop courts ou excluent trop souvent les sujets à risque. Seul un suivi après la commercialisation permet de bien identifier la diversité et la fréquence des effets indésirables éventuels. La pharmacovigilance a pour objet la surveillance du risque d’effet indésirable résultant de l’utilisation des médicaments (article R 5121-150 du Code de la santé publique), ainsi que l’évaluation, la prévention et la gestion du risque d’effet indésirable résultant de l’utilisation des médicaments (loi du 29 décembre 2011).

Par les professionnels de santé

Les médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens sont tenus de déclarer tout effet indésirable, grave ou inattendu, susceptible d’être dû à un médicament, qu’ils auraient constaté ou dont ils auraient eu connaissance (décret du 13 mars 1995 relatif à la pharmacovigilance). Les autres professionnels de santé qui observent un effet indésirable susceptible d’être dû à un médicament peuvent aussi en faire la déclaration auprès d’un des trente et un centres régionaux de pharmacovigilance (la liste de ces centres est disponible sur le site de l’ANSM). Ils sont incités à déclarer :

→ un effet indésirable grave, qui entraîne ou prolonge une hospitalisation, une invalidité ou une incapacité importante, qui met en jeu le pronostic vital ou conduit au décès, même s’il est déjà répertorié dans les RCP ;

→ tout effet indésirable inattendu qui n’est pas répertorié dans les RCP (pas forcément grave).

Par les patients eux-mêmes

L’arrêté du 10 juin 2011(6) relatif au signalement des effets indésirables précise les modalités de l’autodéclaration. Les patients ou leur représentant (les parents pour un enfant par exemple), les associations agréées que pourrait solliciter le patient, peuvent déclarer les effets indésirables que le patient ou son entourage suspecte d’être liés à l’utilisation d’un ou plusieurs médicaments.

(1) “Prévenir la iatrogénie médicamenteuse”, sur ameli.fr, site de l’Assurance maladie.

(2) “Pharmacovigilance : actualités et perspectives”, rapport de Jean-Louis Montastruc et Jean-Paul Tillement, Académie nationale de médecine, 14 p., 2012.

(3) “Quels sont les événements indésirables liés aux soins extra-hospitaliers et conduisant à une hospitalisation ? Quelles sont leurs causes et leurs conséquences ?”, étude Evisa, fiche de synthèse, septembre 2009. À lire aussi, “Les événements indésirables liés aux soins extra-hospitaliers : fréquence et analyse approfondie des causes”, Evisa, Philippe Michel, Jean-Luc Quenon, Ahmed Djihoud, Régine Bru Sonnet. Bordeaux, 2009. Ces deux documents sont disponibles en ligne (www.ccecqa.asso.fr).

(4) “Pour une politique globale et intégrée de sécurité des patients”, Haut Conseil de la santé publique, novembre 2011.

(5) Les Résumés des caractéristiques du produit (RCP) des médicaments sont disponibles sur le Répertoire des médicaments du site de l’ANSM (ansm.sante.fr).

(6) Arrêté du 10 juin 2011 pris pour l’application des articles R 5121-154, R 5121-167 et R 5121-179 du Code de la santé publique et relatif aux modalités de signalement des effets indésirables par les patients et les associations agréées de patients.

Les médicaments en cause à domicile

L’étude Evisa*, publiée en septembre 2009 par le Comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA), propose une analyse approfondie d’événements indésirables survenus en médecine de ville et causant une hospitalisation. L’étude, qui porte sur près de 3 000 hospitalisations, montre le rôle majeur des médicaments, directement en cause dans la survenue de 81 % des quarante-sept événements analysés :

→ les anticoagulants sont impliqués dans un quart (25,5 %) des cas étudiés (dont 21 % associés aux antivitamines K) ;

→ les médicaments à visée neurologique : 17 % des cas analysés (10 % avec des neuroleptiques) ;

→ les antihypertenseurs 13 % (8,5 % avec des diurétiques) et autres cardiotropes (4 % avec la digoxine) ;

→ les antalgiques (8,5 %) ;

→ l’insulinothérapie (4 %).

* “Les événements indésirables liés aux soins extra-hospitaliers : fréquence et analyse approfondie des causes”, Étude régionale sur les événements indésirables liés aux soins ambulatoires (Evisa), P. Michel, J.-L. Quenon, A.Djihoud, R. Bru Sonnet. Bordeaux, 2008.

Question de patient

Qu’est-ce que la balance bénéfice/risque d’un médicament ?

Tout traitement, médicamenteux ou autre, n’est jamais exclusivement bénéfique. Il s’accompagne d’effets indésirables, plus ou moins sévères, intenses et fréquents. Lorsque les événements indésirables sont plus graves que la pathologie traitée, la balance bénéfice/risque est jugée défavorable car le risque encouru est disproportionné par rapport au bénéfice apporté.

Événements liés aux soins

→ Événement iatrogène : la iatrogénie englobe l’ensemble des événements indésirables consécutifs à l’action médicale effectuée par les médecins, le personnel paramédical ou tout personnel de santé habilité. Un événement iatrogène est un événement indésirable lié aux soins (EIAS), consécutif aux stratégies et actes de diagnostic, de traitement (y compris médicamenteux), de prévention, ou de réhabilitation, même en l’absence d’erreur du professionnel de santé.

→ Événements indésirables graves (EIG) : ils entraînent une hospitalisation ou une prolongation d’hospitalisation (au moins un jour), un handicap, une incapacité à la fin de l’hospitalisation, une menace vitale ou un décès, sans qu’ils en soient nécessairement la cause directe. La survenue inévitable d’un EIG malgré des soins conformes à une prise en charge satisfaisante relève de “l’aléa thérapeutique”.

→ Événements indésirables évitables : ils se définissent comme un événement qui ne serait pas survenu si les soins avaient été conformes à une prise en charge satisfaisante.

Question de patient

Quels effets indésirables doit-on déclarer ?

Il s’agit de toute réaction nocive et non recherchée d’un médicament (éruptions cutanées, diarrhées, vertiges, fatigue, etc.), qu’il soit utilisé conformément à son AMM ou non (surdosage, mésusage, abus de médicaments, erreurs médicamenteuses). Il est toutefois possible que l’effet indésirable soit en fait un nouveau symptôme de la maladie. Il est donc conseillé d’en parler à son médecin ou à son pharmacien qui, le cas échéant, signalera lui-même l’effet indésirable à la pharmacovigilance.

Question de patient

Pourquoi déclarer des effets indésirables ?

Cette déclaration contribue à une meilleure connaissance des effets indésirables d’un médicament, dont la surveillance est l’affaire de tous. Elle permet d’éviter des accidents graves ou simplement d’informer les professionnels et les futurs patients des inconvénients et répercussions sur la qualité de vie liés à la prise d’un médicament. C’est un acte civique, gratuit et anonyme.

Point de vue

À domicile, le patient garde la maîtrise du traitement

Christine Dumesnil, infirmière libérale à Toulouse (Haute-Garonne)

« À domicile, le patient intervient davantage dans sa prise en charge. Ce fut le cas d’un patient sous antibiothérapie au long cours pour une infection accompagnée d’une forte douleur. Ce patient était un peu confus par moment, probablement à cause du tramadol prescrit comme antalgique. Lorsqu’il a attribué sa douleur à la prise de l’antibiotique, il a refusé de poursuivre son traitement. Nous n’avons pas pu le convaincre que sa douleur n’était pas liée à l’antibiotique, même avec le soutien de la famille. Nous avons demandé au médecin de modifier la forme ou la présentation du traitement, mais nous n’avons pas été entendues. Lorsque le patient a été hospitalisé pour une consultation programmée à l’hôpital, il était en rupture de traitement. La douleur a été plus efficacement soulagée et le patient a accepté de reprendre son antibiotique. »

Les encéphalopathies au bismuth

En France, la pharmacovigilance est développée à partir du milieu des années 1970 après la survenue d’encéphalopathies liées au bismuth. Les sels de bismuth ont été largement utilisés durant les années 1960 et 1970 dans le traitement de l’ulcère gastroduodénal, causant près d’un millier de cas de pathologies neurologiques graves (“encéphalopathies au bismuth”). Leur utilisation a été interdite en France à la fin des années 1970, mais, en 2012, un nouveau médicament autorisé, Pylera, réintroduit le bismuth dans le traitement de l’ulcère gastroduodénal lié à H. pylori. Sur le site de La Revue Prescrire, il est recommandé de ne pas utiliser Pylera tant que les effets indésirables neurologiques graves, notamment le risque d’encéphalopathie, n’ont pas été correctement évalués.

À lire : “Ulcère gastroduodénal lié à H. Pylori : éviter le bismuth”, www.prescrire.org, 1er février 2013.

Je cote à la nomenclature

La NGAP ne retient que deux situations pour le suivi du traitement médicamenteux (article 10 : Surveillance et observation d’un patient à domicile) :

→ administration et surveillance d’une thérapeutique orale au domicile des patients présentant des troubles psychiatriques avec établissement d’une fiche de surveillance, par passage (AMI 1) ;

→ surveillance et observation d’un patient lors de la mise en œuvre d’un traitement ou lors de la modification de celui-ci, sauf pour les patients diabétiques insulinodépendants, avec établissement d’une fiche de surveillance, avec un maximum de quinze jours, par jour (AMI 1).

Point de vue

Une suspicion d’effet indésirable inattendu

Christine Dumesnil, infirmière libérale à Toulouse (Haute-Garonne)

« Une patiente souffrait de céphalées à chaque prise orale de Cetornan. Nous avons informé le médecin et le pharmacien que la patiente voulait arrêter son traitement. Nous avons demandé au pharmacien si ces céphalées pouvaient être liées aux autres médicaments de la patiente ou à des interactions, mais cela ne semblait pas être le cas. Le pharmacien devait nous rappeler pour faire une déclaration de pharmacovigilance, mais nous n’avons jamais eu de nouvelles. »

Les avantages de la DCI

Pour les défenseurs des noms commerciaux des médicaments (noms de marque ou noms de fantaisie), la dénomination commune internationale (DCI)* serait beaucoup trop complexe pour que les professionnels, et surtout les patients, la retiennent. En fait, les DCI ne sont, globalement, ni plus longues, ni plus complexes que les noms commerciaux. Et il est surtout plus facile de retenir et d’utiliser une seule DCI comme “paracétamol” plutôt que dix-sept noms de médicaments contenant du paracétamol (Claradol, Dolko, Ixprim, Dolitabs, Geluprane, etc.), souligne La Revue Prescrire, qui estime que la DCI, « c’est tout simplement le vrai nom du médicament : le nom de la substance qu’il contient ». Du point de vue des événements indésirables liés aux médicaments, connaître la DCI plutôt que le nom commercial permet d’éviter de stocker trop de médicaments similaires dans l’armoire à pharmacie, et surtout de prendre plusieurs fois la même molécule sans le savoir (exemple du paracétamol).

De plus, les DCI, qui sont élaborées par l’Organisation mondiale de la santé, incorporent souvent des segments clés permettant de reconnaître les substances d’un même groupe pharmacologique ou chimique. Ainsi le suffixe “-olol” est commun aux bêtabloquants (aténolol, propranolol, etc.) ou le suffixe “-azépam” aux benzodiazépines (diazépam, tétrazépam…).

* D’après le “Petit manuel de pharmacovigilance et pharmacologie clinique”, hors-série de La Revue Prescrire, 2011 (campus.prescrire.org).