Une quinzaine de médecins dénonce la surconsommation d'antidépresseurs en France | Espace Infirmier
 
25/08/2008

Une quinzaine de médecins dénonce la surconsommation d'antidépresseurs en France

Une quinzaine de médecins lance un « appel contre l’abus d’antidépresseurs » en France et rappellent qu’il existe des méthodes « alternatives » pour traiter la déprime.

L’appel, publié dimanche dans le magazine Psychologies, est signé de 13 psychiatres dont Boris Cyrulnik, Serge Hefez, Marcel Rufo, David Servan-Schreiber et J-D Nasio, d’un généraliste et d’un chirurgien-psychothérapeute. Il s’accompagne d’une pétition électronique disponible sur le site Internet www.psychologies.com.

« Des centaines de milliers de personnes, dans des périodes de vie difficiles mais ne souffrant d'aucun trouble psychiatrique, se voient prescrire ces médicaments (les antidépresseurs, ndlr) sur de longues durées, sans être averties de leurs effets secondaires ni bénéficier d'un suivi régulier », dénoncent les signataires.

Ils rappellent que la France détient le « triste record » de la consommation de psychotropes avec « trois fois plus de tranquillisants et d'antidépresseurs que nos voisins européens », en augmentation constante.

S’il n’est pas question pour ces professionnels de mettre en doute « l'aide majeure apportée par ces molécules dans le traitement des pathologies mentales ni dans les situations de crise aiguë », il est « urgent » selon eux « d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur les dangers de cette surmédicalisation du mal être ».

La solution médicamenteuse perçue comme « la plus rapide et facile » présente deux gros inconvénients, souligne le Dr Nasio, psychiatre et psychanalyste, co-signataire de l’appel de dimanche. D’une part, « les effets secondaires », et d’autre part « l’effort que le corps doit fournir pour assimiler puis éliminer les substances toxiques » peuvent être nocifs pour la santé, rappelle ce médecin, auteur de nombreux ouvrages dont le dernier, Mon corps et ses images, est paru en 2007. C’est pourquoi « les médicaments ne doivent pas être la première solution, mais la dernière», a-t-il expliqué à espaceinfirmier.com.

D’autant qu’il existe des alternatives non-médicamenteuses efficaces dont l’usage gagnerait à être développé, selon les pétitionnaires. Et de citer la psychothérapie, la phytothérapie, la relaxation, la méditation, ou encore l’activité physique au titre des « techniques ayant fait leurs preuves pour soulager la douleur psychique non pathologique ».

Pour le Dr Nasio, le recours massif et sans doute excessif aux antidépresseurs est le fruit de notre « culture du confort ». « Un sentiment d’urgence » nous pousse, « à la moindre difficulté », à vouloir « ce que les laboratoires nous offrent et ce que les médecins nous proposent », observe-t-il, pointant dans ce phénomène une responsabilité partagée des patients et des consommateurs.

« Le message que j’adresse aux Français, c’est, si vous souffrez de mal-être, d’angoisse ou de difficultés, avant de consulter, donnez-vous le temps de vous observer, de parler avec votre entourage, vos parents, vos amis, de rechercher une parole confiante, rassurante, positive. Et c’est seulement si le malaise persiste et devient insupportable que l’on doit envisager de recourir aux médicaments. »

C. A.

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