Un vaccin pris en grippe | Espace Infirmier
 
Un vaccin pris en grippe

29/10/2012

Un vaccin pris en grippe

En France, seuls un quart des infirmiers sont vaccinés contre la grippe. Lors des rencontres du Groupement d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG), les experts se sont interrogés sur les moyens d’améliorer la couverture vaccinale chez les soignants.

Avec le froid, revient la grippe… et le débat sur la faible vaccination des soignants. « Au niveau national, on atteint péniblement 25 % chez les infirmiers, alors que les médecins sont aux alentours de 55 %. Aux États-Unis, 40 à 95 % des professionnels de santé sont vaccinés et en Australie, 50 à 70 % », a noté Olivier Robert, médecin du personnel aux Hospices civils de Lyon, lors des 25es Rencontres sur la grippe et sa prévention organisées par le Groupe d’expertise et d’information sur la Grippe (GEIG), jeudi 24 octobre, à Paris. Le chiffre français est proche de la moyenne nationale de la population générale. On l’explique par une conjonction de facteurs : doutes sur l’efficacité de la vaccination, craintes par rapport aux effets secondaires potentiels, négligence, préférence pour le traitement de l’infection virale par les médecines alternatives, etc.
 
Risques pour les patients les plus fragiles
 
Une épidémie de grippe dans les murs d’un établissement hospitalier peut, pourtant, présenter des conséquences fatales pour les patients les plus fragiles (personnes âgées, nouveau-né, malades immuno-déprimés, etc.). Et la vaccination reste fortement recommandée, même si les travaux de Philippe Vanhems, responsable de l’unité d’hygiène hospitalière et d’épidémiologie de l’hôpital Edouard-Herriot (Lyon), n’ont, jusqu’à présent, pas mis en évidence le rôle déterminant d’un soignant dans l’introduction du virus dans un service. « Le nombre de cas que nous avons étudiés était très restreint, souligne-t-il. Par ailleurs, même si le soignant n’est pas à l’origine de l’épidémie, il peut, une fois infecté, transmettre le virus à de nombreux patients. »
 
Une grippe est considérée comme nosocomiale si ses symptômes surviennent, au plus tôt, 72 heures après l’admission à l’hôpital. D’après les travaux de Philippe Vanhems, certains services peuvent être plus touchés, notamment la gériatrie ou la rhumatologie, ainsi que les unités dans lesquelles le pourcentage de membres du personnel vaccinés est moindre. « Dans notre établissement, une enquête a montré que là où moins de 35 % des soignants sont immunisés, on recense 70 % des cas de grippe nosocomiale », résume le spécialiste.
 
Rendre le vaccin obligatoire ?
 
Plusieurs pistes ont, par ailleurs, été évoquées pour le développement de la vaccination anti-grippale en milieu soignant. Au premier rang desquelles l’obligation, plusieurs participants ayant souligné que les professionnels de santé respectent généralement les vaccinations rendues obligatoires par le Haut conseil de santé publique. « Le simple fait que celle-ci ne le soit pas concourt d’ailleurs à la rendre suspecte », a souligné Elizabeth Bouvet, praticien hospitalier à l’hôpital Bichat (AP-HP) et présidente du Groupe d’études sur le risque d’exposition des soignants (Geres). Mais, compte tenu des nombreuses polémiques, encore vives, au sujet de la vaccination grippale, il ne serait peut-être pas judicieux d’employer la méthode autoritaire.

Autre piste, la réalisation et diffusion d’études locales. « Les recherches réalisées dans les services ont un impact motivant, note Olivier Robert. En gériatrie, par exemple, où nous avons connu une épidémie de grippe nosocomiale il y a trois ans, les investigations menées dans le service et la diffusion de leurs résultats ont permis d’atteindre 75 % de vaccination anti-grippale. »
 
Enfin, Elizabeth Bouvet a présenté son étude sur l’utilisation de la « communication engageante » comme stratégie d’adhésion à la vaccination antigrippale. « Il s’agit de vérifier si l’engagement des soignants dans le geste ou la campagne vaccinale est susceptible de développer le taux d’immunisation des professionnels de santé dans un établissement », résume-t-elle. Une étude dont les premières conclusions pourraient être communiquées au premier semestre 2013.
 
Sandra Mignot

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