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Seniors : La HAS en guerre contre les somnifères

01/10/2012

Seniors : La HAS en guerre contre les somnifères

Dans la majorité des cas, les troubles du sommeil dont se plaignent les personnes âgées ne correspondent pas à une insomnie. La Haute autorité de santé (HAS) lance une nouvelle campagne de sensibilisation pour limiter le recours aux médicaments.

Un tiers des personnes âgées de plus de 65 ans consomment régulièrement des somnifères. Une proportion qui n’a pas diminué ces dernières années, malgré la campagne de sensibilisation engagée par la Haute autorité de santé (HAS) en 2006. L’autorité de santé avait, alors, formulé des recommandations et élaboré des outils pour aider les médecins à affiner leur diagnostic et leur prescription. Pour sa nouvelle campagne, lancée le 25 septembre, la HAS associe cette fois l’Ordre des médecins, l’Ordre des pharmaciens et l’Association de lutte contre les infections nosocomiales et les accidents médicaux.

Et il y a urgence. La moitié des prescriptions de somnifères auprès des plus de 65 ans ne sont pas justifiées, alors que les effets secondaires qu’ils peuvent induire sont légion : chutes, risques d’accident lors de la conduite, troubles de la mémoire ou de l’attention, ou dépendance. Trop souvent encore, les somnifères sont la réponse à la plainte de troubles de sommeil formulée par les patients âgés. Ceux-ci sont persuadés de souffrir d’insomnies, alors que ce n’est véritablement le cas que pour 10 à 20% d'entre eux.

Mauvais usage des somnifères

La HAS souligne l’importance pour les médecins de consacrer un entretien spécifique face à une plainte de « mauvais sommeil ». Elle met à disposition des professionnels de santé, sur son site internet,  des outils d’aide : arbres décisionnels, questions clés pour la prescription de psychotropes, agenda du sommeil, ou questionnaire d’attachement aux benzodiazépines. Il est également recommandé aux praticiens de rechercher les signes associés aux troubles du sommeil. En cas de douleurs, d’anxiété, de dépression, de problèmes urinaires, d’apnée du sommeil, il s’agira d’orienter le patient vers le spécialiste concerné. Sans oublier qu’avec l’évolution physiologique liée à l’âge, le sommeil devient, de fait, plus fractionné, plus court pendant la nuit et compensé au cours de la journée. Il peut sembler au patient de moins bonne qualité mais ne correspond aucunement à une insomnie.

Enfin, la HAS épingle le mésusage des somnifères, qui ne devraient être consommés que sur une période courte, allant de quelques jours à quatre semaines. Ils restent trop souvent prescrits sur une longue durée, ce qui diminue leur efficacité et augmente le risque d’effets indésirables, auxquels les personnes âgées sont plus vulnérables que le reste de la population. L’autorité préconise une stratégie d’arrêt progressif et encadré médicalement de l’usage des somnifères. Elle rappelle l’intérêt de thérapies non médicamenteuses, comme la relaxation ou les thérapies cognitivo-comportementales pour réduire ces insomnies.

En novembre, une plénière nationale consacrée à cette question sera organisée en vue de réfléchir à de nouvelles actions et à de nouveaux outils d’amélioration des pratiques. Professionnels et usagers de santé sont invités à y participer.

Marie-Capucine Diss

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