Santé mentale: la fondation de recherche de Sainte-Anne peine à démarrer | Espace Infirmier
 
25/04/2008

Santé mentale: la fondation de recherche de Sainte-Anne peine à démarrer

Le président du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche en psychiatrie et en santé mentale du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, le Pr Frédéric Rouillon, a annoncé vendredi sa démission de ce poste, alors que la structure, créée depuis un an, démarre ses activités plus lentement que prévu.

Lancée en mars 2007, cette fondation, présidée par Bernard Kouchner, ancien ministre de la santé et actuel ministre des affaires étrangères, a pour vocation de soutenir des projets multidisciplinaires de recherche fondamentale, clinique, épidémiologique et sociale et de développer des activités d’information sur la psychiatrie et la santé mentale à destination du grand public et des professionnels.

Pour financer ces projets, les fondateurs comptaient sur des appels aux dons dirigés vers des donateurs privés (particuliers, entreprises) et vers les collectivités locales et établissements publics. Le financement prévisionnel des projets et des actions de la fondation était de 400 000 euros en 2007 et devrait dépasser le seuil d’un million d’euros à partir de 2009, rappelle-t-on.

Un an après, la situation financière de la fondation « est très loin » de ces projections et « n’a pas permis de démarrer vraiment » les actions, a-t-on appris auprès de la déléguée générale de la fondation, Zoé Logak, qui reconnaît que les prévisions étaient « trop optimistes ».

Sans donner le montant exact des fonds dont dispose la fondation, la déléguée générale indique qu’elle a reçu des « dons de particuliers et de familles ». « Il faudra un peu plus de temps pour se développer », reconnaît-elle.

Depuis un an, la fondation a été placée sous l’égide de la Fondation pour la recherche médicale (FMR) et a organisé deux séances des Entretiens de Sainte-Anne le 3 décembre 2007 et le 10 mars. La prochaine séance est programmée pour le 15 septembre sur le thème de l’inconscient freudien et des neurosciences.

Aucun projet de recherche n’a encore été soutenu. Trente projets vont être expertisés et seront présélectionnés en juin et annoncés en décembre. Ils portent sur quatre thématiques principales: l’émergence des troubles psychiques, violence et santé mentale, santé mentale et travail et handicap psychique.

Il est prévu aussi de recruter un secrétaire général en septembre et de solliciter une agence de communication afin de relancer la recherche de fonds.

« Suite à la sélection des projets, nous mènerons une nouvelle action d’appels aux dons. En présentant des sujets concrets et avec l’aide d’un secrétaire général et d’une agence de communication, nous aurons plus de facilité à obtenir des fonds », estime Zoé Logak, qui envisage de se tourner aussi vers les laboratoires pharmaceutiques.

« La question du financement va être l’espace de vérité », a souligné le vice-président du conseil d’administration, Dr François Caroli, qui soutient que « les projets ambitieux de la fondation sont bien en place ».

Face à ce « flottement dans l’organisation » de la fondation, le président du conseil scientifique, le Pr Frédéric Rouillon, a annoncé sa démission vendredi en conseil d’administration.

« Je ne partage pas la proposition défendue par le conseil d’administration qui veut lancer un appel à projets avant d’avoir des financements », a déclaré le Pr Rouillon.

Il estime en outre que les membres du conseil d’administration n’ont pas mesuré « l’ampleur du travail » que représente ce type de fondation.

« Il existe en plus déjà trois fondations en psychiatrie. Nous n’avons pas besoin de disperser nos forces. Les fondations qui ont un peu de mal à fonctionner doivent se retirer », a estimé le Pr Rouillon.

Sa décision de quitter la structure est liée aussi aux difficultés croissantes des services de psychiatrie en général qui connaissent un « sous-financement » et obligent les acteurs en psychiatrie à « se concentrer » sur les soins.

Le trésorier de la fondation, Jean Canneva (président de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques, Unafam), a reconnu que la fondation avait été « mise en sommeil pendant un an », en raison notamment des projets de réforme de la santé et de la recherche et de l’entrée au gouvernement du président de la fondation Bernard Kouchner.

Jean Canneva souligne que cette fondation garde un « potentiel » et estime que la sélection préalable de projets va faciliter la collecte de fonds. « Quand vous donnez de l’argent, vous préférez savoir à quoi il va servir », a souligné le président de l’Unafam.

Le conseil d’administration de la fondation comporte neuf membres: le directeur du CH Sainte-Anne, Jean-Luc Chassaniol, l’ancien président de la CME de l’établissement, François Caroli, la présidente de la Fédération nationale d’(ex) patients en psychiatrie (Fnap-Psy), Claude Finkelstein, le président de l’Unafam, Jean Canneva, le président de la Fondation pour la recherche médicale, Pierre Joly, l’ancien ministre de la santé, Bernard Kouchner, l’ancien président de la Fédération française de psychiatrie, Jean-Charles Pascal, l’historienne Elisabeth Roudinesco et un représentant des financeurs.

C.O. (APM)

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