SALON : la prescription, de nouvelles responsabilités | Espace Infirmier
 
24/10/2007

SALON : la prescription, de nouvelles responsabilités

Depuis un décret du 13 avril dernier, les infirmières ont droit de prescrire des dispositifs médicaux. Un pas timide vers les fameux « transferts de compétences », puisque le texte vient légaliser une situation de fait, existant dans la pratique. Comme le confirme Philippe Lorrain, médecin généraliste et membre du syndicat de la médecine générale, « la plupart du temps pour les dispositifs médicaux, je ne fais que signer des ordonnances que me dictent les infirmières ».

Pour autant, si le texte ne change rien dans l’organisation du système de santé – la prescription se fait sous condition d’information du médecin, qui reste, comme le déplore Philippe Lorrain, « la porte d’entrée dans les soins » –, il suscite des interrogations. « C’est un pas vers une pratique avancée », commente Christophe Debout, président de l’ANFIIDE, « mais qui contient de nombreuses zones de flou ». Sur les responsabilités pénales que ce droit entraîne notamment, ou même sur les modalités pratiques de prescription.

De même, les infirmières sont-elles armées pour assumer ces prescriptions ? Si ce droit s’inscrit évidemment dans les compétences infirmières (notamment en matière de plaies et cicatrisations), il implique d’autres responsabilités pour lesquelles les professionnels n’ont pas forcément été formées. « Prescrire, ça n’est pas seulement choisir un article dans une liste, explique Christophe Debout, cela implique un raisonnement clinique, de discerner les options thérapeutiques, de se tenir au courant pour actualiser ses connaissances dans un marché en perpétuel mouvement ». « Les infirmières vont devoir apprendre à choisir leur fournisseur, a insisté à son tour Tania Palmieri, infirmière salariée de la société Locapharm, un prestataire de service de dispositifs médicaux. Elles devront se poser les bonnes questions : le fabricant respecte-t-il les normes de désinfection du matériel, est-il réactif, de bon conseil ? »

Philippe Lorrain, fort de son expérience de médecin prescripteur, rompu aux tentatives de séduction des visiteurs médicaux, va plus loin et met en garde les infirmières : « Vous allez être prises entre deux feux, la logique comptable de l’assureur qui veut faire des économies et celle de l’industrie qui veut faire du chiffre… Cette nouvelle liberté est aussi une nouvelle responsabilité, économique cette fois-ci. » Et d’insister sur le manque de source pour choisir des dispositifs médicaux en toute indépendance, la HAS et la revue Prescrire, les seules sources fiables en la matière, n’ayant émis que peu de recommandations à ce sujet.

En conclusion, Christophe Debout a tempéré : « Nous ne souhaitons pas devenir de mini-médecins, juste avancer dans la pratique infirmière ».

H.L. et B.F.

Jeudi 18 octobre 2007, Le droit de prescription, une avancée pour les infirmières ?, L’infirmière libérale magazine)

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