Prélèvement, greffe d’organes et de tissus : une activité en progression | Espace Infirmier
 
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22/02/2024

Prélèvement, greffe d’organes et de tissus : une activité en progression

L’Agence nationale de la biomédecine a rendu public mi-février, les chiffres 2023 de l’activité du prélèvement et de la greffe d’organes et de tissus en France. Si leur nombre est en hausse, les oppositions au don le sont également.

En 2023, 5 634 greffes ont pu être réalisées au bénéfice des patients en attente (+ 2,5 % soit 139 greffes de plus qu’en 2022). La greffe rénale avec donneur vivant représente l’activité ayant connu la plus forte augmentation avec 43 greffes supplémentaires en 2023, soit une augmentation de +8,3 %. L’activité de greffe rénale dans son ensemble a augmenté de 4,4 % avec 148 greffes supplémentaires. Quant aux greffes hépatiques, elles ont augmenté de +3,8 % avec 49 greffes supplémentaires.

Au 1er janvier 2024, 21 866 patients étaient inscrits sur la liste nationale d’attente pour une greffe d’organes, dont 11 422 patients en liste d’attente active donc immédiatement éligibles à une greffe d’organe, tous organes confondus.

Le profil des donneurs

En 2023, 3 132 potentiels donneurs en mort encéphalique ont été recensés contre 2 984 l’année précédente (+ 4,9 %). Parmi eux, 1 512 ont pu être prélevés. Au global, l’activité de prélèvement sur donneurs décédés a augmenté de 5,7 % par rapport à 2022 avec un total de 1 791 donneurs décédés prélevés.

L’âge moyen des donneurs décédés prélevés en 2023 est de 57,8 ans, un chiffre stable depuis 10 ans. 647 donneurs de plus de 65 ans ont également été prélevés en 2023 (versus 597 l’an dernier), ainsi que 48 donneurs pédiatriques, dont 13 de moins de 5 ans. Comme le rappelle l’agence de la biomédecine, « ces dons sont indispensables pour soigner des bébés ou de jeunes enfants en attente d’une greffe, pour une question de compatibilité morphologique ». 18 enfants en attente de greffe sont décédés faute de greffon compatible en 2023.

Oppositions et fausses informations

En France, le consentement au don d'organes est présumé, une personne ne souhaitant pas donner ses organes à son décès devant s’inscrire sur le registre national des refus. De fait, avant d’envisager un prélèvement d’organes et de tissus, les équipes médicales vérifient si la personne décédée a fait valoir, de son vivant, une opposition au prélèvement de tout ou partie de ses organes et tissus, en consultant le registre national. Si ce n’est pas le cas, elles vérifient ensuite auprès des proches si le défunt n’a pas fait valoir, de son vivant, son opposition à l’écrit ou à l’oral. Ce n’est donc pas l’avis des proches que les médecins demandent, mais l'expression du refus de la part du défunt concernant le don d’organes et de tissus. En 2023, le taux d’opposition brut global pour les patients décédés en mort encéphalique était en hausse : + 9,4 % en 2023 avec 36,1 % d’opposition(33 % en 2022).

Pourtant, d’après une enquête de l’Agence de la biomédecine, 80 % des Français sont favorables au don de leurs propres organes après leur mort. 93 % pensent qu’il est important que leurs proches connaissent leur position sur le don d’organes et de tissus, mais ils sont moins d’un sur deux en avoir parlé. Si le taux de refus se maintient à un niveau aussi élevé, « c’est que les Français sont trop peu nombreux à avoir fait part de leur position à leurs proches qui, faute de connaitre la volonté du défunt, préfèrent rapporter une opposition », pointe David Heard, directeur de la communication et des relations avec les publics de l’Agence de la biomédecine, dans un communiqué. C’est d’autant plus important d’en parler que des fausses idées sur le don d’organes circulent. A titre d’exemple, un Français sur deux croit que le prélèvement d’organes et de tissus n’est pas compatible avec les rites funéraires religieux, alors qu’il est reconnu et autorisé par les trois principales religions monothéistes pratiquées en France. De même que 42 % des Français pensent qu’il y a une limite d’âge pour les donneurs d’organes et de tissus, alors que les rares contre-indications au prélèvement sont uniquement d’ordre médical.

 

Trois axes de développement pour 2024

Face à ces constats, l’Agence de la biomédecine s’est fixée pour 2024 des objectifs afin de poursuivre l’augmentation des activités de prélèvement et de greffe, et ainsi répondre aux besoins croissants des patients sur liste d’attente. Elle entend notamment faire en sorte que la greffe rénale avec donneurs vivants et le prélèvement dit Maastricht III* continuent de se généraliser dans les établissements de soins habilités, notamment dans les CHU. Elle prévoit aussi de travailler sur une implication accrue des directeurs de CHU et des commissions médicales d’établissement, pour permettre de renforcer l’activité pour sauver plus de patients.

Laure Martin

* Personnes pour lesquelles une décision de limitation ou d’arrêt programmé des thérapeutiques est prise en raison du pronostic des pathologies ayant amené la prise en charge en réanimation

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