Pénurie d’enseignants infirmiers: «Assouplissons les formations» | Espace Infirmier
 
Pénurie d’enseignants infirmiers: «Assouplissons les formations»

05/07/2010

Pénurie d’enseignants infirmiers: «Assouplissons les formations»

Un sommet mondial sur les migrations d’enseignants infirmiers vient d’avoir lieu sous l’égide du Conseil international des infirmières (CII). Son directeur, David Benton, nous résume les enjeux.

Le monde ne manque pas seulement de personnel infirmier. La pénurie fait également rage dans les instituts et les universités, qui n’arrivent pas à recruter assez de formateurs pour faire face aux effectifs croissants. Afin d’y remédier, le Conseil international des infirmières (CII) a réuni un sommet – le premier sur ce thème – à Genève, du 27 au 30 juin. À la sortie des discussions, le Britannique David Benton, directeur général du CII (1) depuis octobre 2008, en détaille la teneur.
 
A quel point les pays manquent-ils d’enseignants en soins infirmiers ?
David Benton: Nous savons que la pénurie est grave, mais ne disposons d’aucun chiffre global. Une excellente étude réalisée par l’Association américaine des écoles d’infirmières (AACN) affirme qu’aux Etats-Unis, sur les cinq dernières années, 44 000 étudiants n’ont pu intégrer le programme de formation par manque de professeurs. La carence est du même ordre au Canada, en Europe et en Afrique. C’est pourquoi la première décision de ce sommet a été de lancer une grande étude afin de quantifier les besoins de formateurs dans tous les pays du monde.

Quand commencerez-vous ce travail statistique ?

Si tout va bien, d’ici à fin 2010.
 
Quelles sont les raisons du manque de personnel dans les formations d’infirmières ?
Dans les pays en développement, ce sont les infrastructures, les salaires et les conditions de travail qui pêchent. Au Kenya, par exemple, il faut deux à trois ans pour recruter un professeur.
 
Et dans les pays développés ?
Là, des années d’expérience sont nécessaires avant de pouvoir prétendre devenir enseignant, et cet agenda décourage les plus motivés. Par ailleurs, beaucoup d’institutions se concentrent surtout sur le travail académique des professeurs, alors que la pédagogie et la motivation sont tout aussi fondamentales.
 
Que recommandez-vous pour améliorer la situation ?
Notre campagne vise à promouvoir un environnement positif au sein des institutions d’enseignement. Il faudrait par exemple développer les synergies entre les hôpitaux et les universités, pour que les formateurs puissent conjuguer théorie et pratique. On pourrait aussi utiliser les nouvelles technologies afin de diffuser des cours d’experts en vidéo. Les écoles les plus lointaines pourraient en profiter à moindre coût.
 
Une autre idée ?
Il faudrait que les institutions planifient mieux leurs effectifs et réforment leur fonctionnement. Etant donné le vieillissement de la population, les besoins en enseignants vont croître dans les années à venir. Nous ne pourrons répondre à la demande sans assouplir le système de formation. Tout le monde est motivé, alors cela va marcher.
 
Propos recueillis par
Marie Maurisse

1- Fonction à ne pas confondre avec la présidence du CII, exercée depuis le 1er juillet 2009 par l’Australienne Rosemary Bryant.

 



Vingt-quatre spécialistes pour réfléchir aux enseignants infirmiers
 
• Initié par le CII, le sommet international sur la pénurie mondiale d’enseignants en soins infirmiers a été organisé en collaboration avec la société académique de la profession infirmière Sigma Theta Tau International ainsi que la Fondation Elsevier.
• Vingt-quatre personnalités étaient réunies à Genève. Outre les membres des institutions déjà citées, le sommet a rassemblé des représentants de l’Organisation internationale pour les migrations, de l’Organisation mondiale du commerce ou encore d’ONG et d’universités.

 

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