Nouvelle stratégie vaccinale contre les méningocoques | Espace Infirmier
 
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11/04/2024

Nouvelle stratégie vaccinale contre les méningocoques

Après plus de deux années de faible incidence des cas d’infections invasives à méningocoques (IIM) en France, les données font état d’une recrudescence, tous sérogroupes confondus. Saisie par le ministère de la Santé, la Haute Autorité de santé (HAS) actualise ses recommandations sur la vaccination. Explications.

Le nombre de cas d’infections invasives à méningocoques a augmenté de 72 % entre 2022 et 2023, pour s’élever à 560 cas. Ces chiffres sont supérieurs aux niveaux atteints les années antérieures à la pandémie de Covid-19. Il existe plusieurs types de méningocoques. Les sérogroupes A, B, C, W et Y (sur les douze identifiés à ce jour) sont à l’origine de la quasi-totalité des cas en France. Si le sérogroupe B reste majoritaire, les sérogroupes W et Y ont beaucoup progressé, notamment chez les nourrissons et les jeunes. Les souches de sérogroupe W sont très virulentes et entraînent une mortalité deux fois plus élevée que les sérogroupes B et Y.

Les conséquences des infections

Comme le rappelle la HAS, les infections invasives à méningocoques sont dominées par les méningites et les méningococcémies (bactériémies à méningocoques) aiguës, dont le purpura fulminans. Les symptômes débutent en général un à quatre jours après l’infection et varient selon les tissus infectés ainsi que l’âge. La plupart des cas de méningite et/ou de septicémie à méningocoques non traités sont mortels. Bien que peu fréquentes, elles touchent principalement les jeunes enfants de moins de 5 ans, les nourrissons de moins d’un an étant particulièrement vulnérables, ainsi que les adolescents et jeunes adultes entre 11 et 24 ans. Toute suspicion d’IIM nécessite une prise en charge médicale rapide et un transfert en urgence en milieu hospitalier. Le traitement curatif repose sur une antibiothérapie en urgence. Même avec des soins appropriés, le décès survient dans environ 10 % des cas et des séquelles permanentes (cutanées, orthopédiques, neurologiques, cognitives, comportementales, etc.) peuvent concerner 10 à 40 % des survivants, en particulier chez les nourrissons et les adolescents. Aussi, au terme de son évaluation, la HAS propose de nouvelles recommandations dans le cadre de sa stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques, validé par le Collège en mars, afin de protéger l’ensemble de la population et plus particulièrement les nourrissons, les adolescents et les jeunes adultes.

Des recommandations pour les nourrissons et les 11-24 ans

Concernant tout d’abord la vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y, elle préconise de la rendre obligatoire chez tous les nourrissons de moins d’un an, en remplacement du seul sérogroupe C, selon un schéma vaccinal à deux doses. Pour les adolescents, elle recommande une dose administrée entre 11 et 14 ans et ce, qu’ils aient déjà été vaccinés ou non, ainsi qu’un rattrapage chez les 15-24 ans. La HAS a notamment pris en compte l’augmentation des sérogroupes Y et W dans ces populations en 2022 et 2023 et la létalité plus marquée du sérogroupe W. D’autres éléments ont été évalués, notamment la disponibilité de vaccins tétravalents efficaces, la durée de la persistance d’une réponse immunitaire après la primovaccination, ainsi que les données de sécurité et de tolérance.

Concernant le sérogroupe B, étant donné qu’il est majoritaire parmi les cas de méningite à méningocoques chez les jeunes enfants, la HAS veut renforcer la stratégie en vigueur afin d’augmenter rapidement la couverture vaccinale qui était de 48,8 % en 2022, en rendant obligatoire la vaccination chez les nourrissons de moins d’un an. En revanche, elle ne conseille pas, à ce stade, d’élargir cette vaccination à tous les adolescents et jeunes adultes en raison d’une incidence des infections invasives à méningocoques B plus faible chez les 11-24 ans que chez les nourrissons et d’une absence d’efficacité du vaccin à conférer une protection indirecte aux populations non vaccinées. 

Laure Martin

Source : Haute Autorité de santé (HAS).

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