Menace sur les places de long séjour dans les hôpitaux : l’Ille-et-Vilaine se rebelle | Espace Infirmier
 
03/02/2009

Menace sur les places de long séjour dans les hôpitaux : l’Ille-et-Vilaine se rebelle

La réforme en cours de la prise en charge des personnes âgées provoque des remous en Ille-et-Vilaine. Le conseil général et la Maison de la santé de Rennes ont organisé une réunion publique mardi 27 janvier pour alerter l’opinion sur la future fermeture de plus de 1.000 lits de long séjour dans le département breton.

« Injuste » et « inhumanité » sont les mots forts utilisés par le président du conseil général d’Ille-et-Vilaine, Jean-Louis Tourenne (PS) pour qualifier  la réforme de la loi de financement de la Sécurité sociale qui prévoit de supprimer d'ici fin 2009 une grande partie des unités de soins de longue durée (USLD) en France. « Cette réforme doit se traduire par la fermeture de 70 % des lits de long séjour hospitalier et leur conversion en lits de maisons de retraite médicalisés », dénonce Jean-Louis Tourenne. Et de poursuivre : « Sous prétexte que les personnes âgées hébergées aujourd’hui en Unité de soins de longue durée n’ont pas toutes besoin de soins médicaux techniques importants et ne sont pas en fin de vie, l’Etat a décidé de procéder à cette requalification. Argument avancé : en diminuant le nombre de personnes hébergées en USLD, le ratio d’encadrement de ces dernières pourra être augmenté et les bénéficiaires être l’objet de davantage de soins… »

Un argumentaire fortement contesté par les intervenants. A commencer par le Dr Bernard Pradines*, gériatre au Centre hospitalier d’Albi et initiateur de l’association « SOS Longue Durée ». « Il faut se rendre à l’évidence : quand on regarde les chiffres disponibles aujourd’hui, on constate une nette augmentation des pathologies qui touchent les personnes séjournant en USLD, avance ce praticien hospitalier. 98 % des patients y présentent un GIR (Groupe iso-ressources) de 1 à 4 (échelle de mesure de la dépendance, le 1 correspondant aux patients les plus dépendants et le 6 aux plus valides, ndlr). Si l’on regarde l’indicateur du PMP (Pathos moyen pondéré), on voit un chiffre de 222 en 2001 (quand il est de 121 à 137 en maison de retraite) et de 303 en 2006, soit une augmentation des maladies pour ces personnes. »

Encadrement paramédical inexistant la nuit
Enfin, sur la question de l’encadrement, beaucoup de craintes se sont exprimées. « L’encadrement, comme la formation du personnel d’ailleurs, est moindre en Ehpad, constate le Dr Rose-Marie Ragot, gériatre au Centre hospitalier de Belle-Île (Morbihan). En général, il n’y a aucune infirmière présente la nuit en institution. Les médecins qui interviennent en Ehpad ne sont pas forcément formés pour cette population présentant des poly-pathologies… »
Selon l’étude Ehpad de 2003, le taux d’encadrement en soins de longue durée était de 69 équivalent temps plein (ETP) pour 100 patients cette année-là contre 31 à 43 en maison de retraite. « On peut nous dire que le niveau d’encadrement sera uniformisé, mais on est en droit de craindre un nivellement par le bas », s’inquiète le Dr Pradines, à l'origine d'une pétition sur le sujet**.

Pour l’Ille-et-Vilaine, cette réforme devrait aboutir à conserver seulement 505 lits sur les 1.531 lits d’USLD actuels. Cinq établissements (les hôpitaux locaux d’Antrain, Combourg, Saint-Méen-Le-Grand, Cancale et La Guerche-de-Bretagne) devraient voir l’intégralité de leurs lits USLD transformés en Ehpad. Avec la question, pour les personnes âgées devant être hospitalisées en USLD, de l’éloignement de leur lieu de vie et de leur famille.

Olivier Quarante

*Cf le site web du Dr Pradines : http://www.geocities.com/bpradines/SOSLD.html
** http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1384

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