Master : des kinés satisfaits et des orthophonistes en colère | Espace Infirmier
 
Master : des kinés satisfaits et des orthophonistes en colère

04/11/2011

Master : des kinés satisfaits et des orthophonistes en colère

L’accès au grade master tel qu’annoncé par le ministère réjouit les kinésithérapeutes mais inquiète les orthophonistes.

Le master, ils l’attendaient tous. Mais si les dernières propositions ministérielles en la matière ont réjouit les masseurs-kinésithérapeutes, elles ont provoqué les huées des orthophonistes.
Le 28 octobre dernier, les ministères de la Santé et de l'Enseignement Supérieur ont annoncé la rénovation de la formation initiale des deux professions, assortie de sa reconnaissance au niveau master 1, tandis qu'une réflexion est lancée pour déterminer le contenu d'une année de master 2.


 
Des kinésithérapeutes « contents mais vigilants »…
 
Côté kinés, la satisfaction est unanime, et l’obtention du grade master saluée comme une victoire. « Cet arbitrage tant attendu est une reconnaissance de la profession à son juste niveau et à sa juste valeur » a salué, sur son site internet, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR).
Elément clé de la réforme envisagée, la généralisation prévue d’une première année de préparation et de sélection universitaire, déjà mise en place dans près de deux tiers des Instituts de formation des masseurs-kinésithérapeutes (IFMK), réjouit tout particulièrement la profession.  « Elle  met fin à l’hétérogénéité actuelle des modes de sélection », souligne le président de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie, Julien Grouès. Et elle répare une certaine injustice, dans la mesure où jusqu’alors, les étudiants qui postulaient dans les IKMF recrutant officiellement au niveau Bac, étaient dans les faits quasi contraints de s’inscrire dans des prépas privées au coût souvent exorbitant.
Certes, reconnaît Julien Grouès, « des questions demeurent : quelle reconnaissance pour le master 1 ? Quel contenu pour le master 2 ? » Mais l’optimisme est réel : « Nous avons franchi une étape importante qu’il faut maintenant consolider » commente ainsi Dominique Mizera.
 
… et des orthophonistes indignés
 
Les orthophonistes sont eux vent debout contre le projet ministériel. Ils sont contre l’octroi d’un simple master 1 à l’issue de la formation initiale. Et contre la proposition de création d’un métier d’ « orthophoniste-praticien » accessible par une éventuelle poursuite d’étude en master 2.
Vice-président de la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), Philippe Pénigault résume le sentiment général : « En termes d’études, non seulement le M1 ne correspond à aucune certification européenne -  un master, c’est un bac+5 – et ne donne pas accès à la recherche. Mais réduire notre formation initiale à un Master 1 cela revienvrait également à réduire le niveau de formation existant, car jusqu’alors, si la formation des orthophonistes s’étalait sur 4 ans, elle était particulièrement dense... bien plus que ne le prévoit le projet ministériel. »
Les modalités d’exercice professionnel sous-tendues par le projet ministériel inquiètent elles-aussi les professionnels. « Le métier d’orthophoniste-praticien dont on nous parle correspond en fait en tout point au métier tel que nous l’exerçons déjà », s’indigne Philippe Pénigault. Ce « nouveau métier » pourrait, selon le ministère, être associé à des interventions spécifiques en ORL et en neurologie – suivi de personnes atteintes d'Alzheimer, victimes d'AVC, rééducation des aphasies, des surdités de l'enfant ou des troubles de la déglutition. « Mais c’est ce que font déjà tous les orthophonistes aujourd’hui ! », commente le vice-président de la FNO. Le projet ministériel est donc injuste, s’insurge l’ensemble de la profession, qui dénonce une « invention l’orthophonie à deux vitesses, annonciatrice d’une disparition de la profession. » Les orthophonistes seront-ils entendus ? « La fenêtre de discussion n’est peut-être pas fermée, le ministère a d’ailleurs rappelé cette semaine la Présidente de la FNO », commente Philippe Pénigault. Mais elle semble étroite. Affaire à suivre.
 
Emmanuelle Debelleix

Photo: 6sous - Fotolia.com

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