Les infirmières françaises ont désormais leur ordre professionnel

Après de longues années de gestation, l’ordre infirmier français est finalement né mardi 25 novembre 2008 avec l’élection de son premier conseil national. « La France est le 19e pays de l’Union européenne à se doter d’un ordre infirmier », rappelait début novembre (1) le secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC) Thierry Amouroux. D’autres pays comme l’Espagne en ont un depuis plus de 30 ans.
Les 52 conseillers nationaux et leurs suppléants (2) ont été élus par les conseillers régionaux titulaires, qui eux avaient été élus le 25 juillet dernier. Pour l’échelon national comme pour les échelons départemental et régional, électeurs et élus étaient répartis par collège (public, privé et libéral). Au total, 24 représentants nationaux titulaires ont été élus au titre du collège du secteur public, 16 au titre du collège du secteur privé et 12 pour le collège libéral. Le territoire national avait été découpé en neuf inter-régions.

Moment historique
Comme prévu, le scrutin électronique a été clos mardi à midi. www.espaceinfirmier.com a assisté aux opérations de dépouillement qui se sont déroulées à la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) du ministère de la Santé. Une trentaine d’infirmières et d’infirmiers avaient fait le déplacement pour vivre ce moment historique en direct. Certains n’étaient même pas candidats, comme Isabelle Béraud-Chaulet, mais voulaient juste soutenir « un moment important ». D’autres venaient d’aussi loin que Marseille. Le secteur libéral était représenté en force.
En attendant la clôture officielle du scrutin, à midi précisément, les présents, dont plusieurs élus régionaux, discutaient de la fréquentation des sites Internet et du succès des blogs des tout nouveaux conseils départementaux et régionaux de l’ordre.
Au terme d’un processus démocratique un peu fastidieux, puisqu’il a fallu élire la présidente (Claudine Guyaux) et les deux assesseurs du bureau de vote avant de procéder au dépouillement des bulletins électroniques, les noms des élus titulaires et suppléants ont été proclamés.

Cumuls et surprises
Les résultats sont à la fois attendus et surprenants. Nombreux sont ceux qui, parmi les élus, avaient déjà des responsabilités syndicales ou des mandats ordinaux aux niveaux départemental ou régional. Parmi les syndicalistes ont ainsi été élus Chantal Levasseur, de la Coordination infirmière, pour le collège public de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI, pour le collège public d’Ile-de-France, ou encore Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). La FNI est d’ailleurs représentée en force au sein du conseil national puisque sept des membres de son conseil d’administration (outre Philippe Tisserand, Nadine Hesnart, Jean-François Bouscarain, Dominique Coves, Bruno Le Du, Véronique Maurel et Thierry Munini) ont été élus, dont cinq comme titulaires.
Les élus sont souvent cumulards, puisque selon un décompte de www.espaceinfirmier.com, au moins 23 élus nationaux, qu’ils soient titulaires ou suppléants, sont également élus régionaux.
Mais il y a aussi des surprises. Des militants historiques de l’ordre infirmier n’ont ainsi pas été élus. Comme Jean-Jacques Scharff, porte-parole du groupe Sainte-Anne qui se présentait en Paca-Corse, ou Régine Clément présidente de l’Association pour un ordre des infirmières et infirmiers de France (Apoiif), élue seulement suppléante pour le collège public d’Île-de-France.

Parité
Dans un communiqué, le SNPI a estimé que l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide) était la « grande perdante de l’élection » dans la mesure où ni son président Christophe Debout, ni sa vice-présidente Brigitte Lecointre, tout deux candidats, ne seront membres du conseil national de l’ordre. De même, le président de Convergence infirmière, Marcel Affergan, n’a pas été élu.
Notons que ce conseil national est un exemple de parité puisqu’il est composé de 26 titulaires hommes et de 26 titulaires femmes. Si les électeurs ont eu à départager 280 candidats, soit plus de cinq candidats par poste titulaire en moyenne, il a néanmoins manqué un suppléant dans le collège privé des Antilles, Guyane, Réunion.
Le taux de participation global a été de 91,92%, ce qui, de l’avis de certains n’est pas encore assez. Sur 433 électeurs inscrits, 35 n’ont pas voté alors même qu’ils avaient 15 jours pour le faire. Des trois collèges, c’est le libéral qui affiche les meilleurs taux de participation avec 100% partout sauf dans les secteurs 1 et 8 où les taux sont tout de même supérieurs à 90%. En ce qui concerne les secteurs, Paca-Corse et Rhône-Alpes se sont illustrés avec 100% de participation.

C. A.

(1)    Lors du Salon infirmier de Paris les 5, 6 et 7 novembre.
(2)    Voir la liste complète des élus sur www.espaceinfirmier.com, en date du 25 novembre 2008.