Le Samu 91 réfute le « défaut de régulation » avancé par Roselyne Bachelot | Espace Infirmier
 
31/12/2008

Le Samu 91 réfute le « défaut de régulation » avancé par Roselyne Bachelot

Le Samu 91 était jusque-là resté dans la réserve, refusant d’alimenter la polémique autour du décès du patient en détresse respiratoire qui aura mis 6 heures avant de trouver un lit de réanimation.
Mais mardi, la structure Samu 91 a confirmé à nos collègues de l’APM avoir contacté pendant la nuit de samedi à dimanche plusieurs autres Samu, dont le Samu 75, contrairement à ce qu’a laissé entendre la ministre de la Santé. Ce sont en effet les propos tenus par la ministre vingt-quatre heures plus tôt, au cours d’un point presse, qui l’ont incité à réagir. Roselyne Bachelot avait balayé à cette occasion « tout disfonctionnement structurel » et toute saturation des urgences et services de réanimation – réfutant l’argument avancé par l’Amuf, l’association des médecins urgentistes de France – indiquant que 11 lits de réanimation étaient disponibles cette nuit-là, situés à moins de 20 minutes de l’homme pris en charge par le Samu 91. Au défaut structurel, la ministre a donc préféré parler de problème de régulation, se demandant bien «pourquoi le Samu de l’Essonne n’a pas téléphoné directement au Samu 75» qui détenait la liste des lits disponibles en réanimation.

Solidarité entre les Samu
« Bien sûr que nous avons contacté le Samu 75 ! » s’est indigné Nicolas Briole, responsable du Smur de Corbeil-Essonne - en charge de la communication du Samu 91 - avant de rappeler la « grande solidarité entre les régulateurs » des différents Samu. Le Samu 91 aurait ainsi contacté le Samu 75, le Samu 92 et cherché un lit dans le grand sud de l’Ile de France. Nicolas Briole s’interroge sur la nature des 11 lits annoncés par le ministère de la santé, se demandant s’il ne s’agit pas de lits de réanimation chirurgicale, de lits d’unité de soins intensifs cardiologiques (Usic) ou d’autres lits de réanimation spécialisés.
Le cas de ce patient est un cas exceptionnel - de par son issue fatale - mais pas rare. Ainsi, quelques heures après le décès du patient, le Samu 91 a dû contacter dimanche 17 services de réanimation pour trouver une place à un autre patient… L’Arhif (Agence régionale de l’hospitalisation d’Ile-de-France) n’a pas contesté lundi l’état de « une relative tension » au niveau des lits de réanimation le week-end dernier. Mais dans un communiqué envoyé 24 heures plus tard, l’agence rappelle qu’en moyenne 90% des capacités de réanimation étaient en fonctionnement, même si des facteurs « négatifs » empêchent toutefois les établissements de maintenir les capacités souhaitées, à savoir l’absentéisme du personnel, élevé en Ile-de-France, et de la pénurie de personnel infirmier qualifié.

Des mesures pour la Saint-Sylvestre ?
Nicolas Briole appelle donc à une prise de conscience collective, au-delà de la polémique, afin de prévenir s’autres situations dramatiques. Maintenant sa position sur les difficultés rencontrées le week-end dernier pour trouver un lit de réanimation, le porte-parole du Samu 91 a tenu à rappeler que le patient avait bénéficié d’une surveillance continue de la part des soignants et des secouristes. Après avoir essuyé plus de 24 refus d’admission, un lit leur a finalement été libéré à l’hôpital Bichat à Paris. Mais, alors qu’une coronarographie devait être réalisée au préalable à l’hôpital Lariboisière – l’appareil de Bichat était en maintenance – le patient a fait plusieurs arrêts cardiaques avant d’arriver à l’hôpital Lariboisière où il est décédé au petit matin. Concernant les appels téléphoniques passés aux différents services, Nicolas Briole a souligné de toute façon qu’ils peuvent être facilement retracés grâce aux bandes d’enregistrements.
Après le dépôt par l’épouse du défunt d’une plainte pour « non-assistance à personne en danger » le Parquet d’Evry a annoncé lundi qu’une enquête préliminaire de police allait être ouverte. Quant à la ministre de la Santé, elle a annoncé lundi à la presse attendre les résultats de l’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), confiée à deux inspecteurs dont un médecin, pour « faire la lumière sur cet incident tragique » et prendre des «mesures correctives».
En attendant, le Samu 91 craint une autre fin de semaine difficile : le contexte d’épidémies et de grand froid mâtiné de fermetures de lits hospitaliers reste d’actualité. Par communiqué interposé, la ministre de la santé s’est engagée pour la nuit de la Saint-Sylvestre à «une mobilisation encore plus forte des services de réanimation, notamment en Ile-de-France en portant à plus de 95 % le taux d’ouverture des 1200 lits». Un chiffre qui étonne le président de Samu de France, Marc Giroud, qui constatait hier encore sur le terrain un taux de lits fermés «bien supérieur à 5 %».
C. M. (avec APM)

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue