Le ras-le-bol d’une infirmière crée le buzz sur la toile | Espace Infirmier
 
Le ras-le-bol d’une infirmière crée le buzz sur la toile

30/08/2011

Le ras-le-bol d’une infirmière crée le buzz sur la toile

Fatigue, colère… Une libérale adresse une lettre au Président de la République après l’avoir postée sur Internet.

« Je m’appelle Céline, j’ai 32 ans, habite dans le Rhône et vous écris aujourd’hui afin de vous faire partager la colère d’une infirmière libérale, ma colère. » Ainsi commence une lettre qui circule depuis quelques semaines sur Internet. Son auteure, Céline Bordes, avoue aujourd’hui être surprise du succès rencontré par cette action. « J’ai écrit cela sous le coup de la colère, du découragement et de l’épuisement », confie la jeune femme. « Je voulais l’envoyer à messieurs Sarkozy et Bertrand ! » Mais avant, elle préfère la faire lire aux membres d’un forum d’infirmiers, sur Facebook. « Certains l’ont lue et on voulu la signer, par solidarité. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée sur un site de pétitions. » A ce jour, près de 1800 personnes l’ont déjà signée sur la toile !

« On nous augmente à coup de dix centimes tous les deux ans »…
L’infirmière a créé son cabinet en 2008 dans le petit village de Dommartin. D’abord seule, puis avec un associé. « On est surchargés de travail, mais attention, si on ne l’est pas, on ne peut gagner notre vie ! », affirme-t-elle. « Souvent, on nous dit de refuser des patients, ce qui veut dire qu’ils ne trouveront pas d’infirmières. Mais surtout, on ne pourrait pas s’en sortir ! », s’insurge Céline Bordes. Comme elle le dit, la goutte qui a fait déborder son vase, c’est cette histoire de prime de 9 000 euros promise aux médecins (1). « Cela arrivait au moment où j’étais "en galère" avec  ce médecin dont il est question dans ma lettre. Je me suis dit, nous les infirmières, on nous augmente à coup de dix centimes tous les deux ans, on nous répète qu’il n’y a pas moyen de faire plus et là, on va balancer une prime pour leur demander de faire ce pourquoi ils sont déjà payés ! J’ai pris cela comme une attaque ! » Mais Céline Bordes se défend de vouloir créer une scission entre les médecins et les infirmières. « L’un d’entre eux m’accusait de faire croire que les médecins se prenaient pour nos supérieurs hiérarchiques ! Je n’ai agi que pour défendre mon point de vue. »

Car ce qu’exprime l’infirmière dans sa lettre, c’est un peu ce que ressentent des dizaines, des centaines de ses collègues. « En trois ans de libéral, j’ai connu des galères… On nous demande de plus en plus au niveau des soins, de plus en plus de responsabilités et surtout des actes non payés », témoigne-t-elle.  Elle estime à 30% de son temps de travail, l’activité non rémunérée. « Si on suit les textes, une toilette, c’est moins d’une demi-heure payée à 10,70 euros. Et si derrière on pratique un autre acte, il nous est payé à 50% et le troisième est gratuit ! On peut se retrouver à faire des soins pendant une heure pour 15 euros brut !» Céline Bordes a donc décidé de dire haut et fort ce que beaucoup, dans la profession, pensent et vivent au quotidien ! Pour autant, « il est très difficile de mobiliser la profession », déplore-t-elle, « mais à entendre les collègues, tout le monde en a envie ! »

Bientôt esthéticienne
Alors, cette lettre, synonyme d’un coup de colère, peut-elle devenir un acte politique, capable de faire changer les choses ? « Je m’apprête à adresser la lettre au président Sarkozy et au ministre Xavier Bertrand. Elle sera accompagnée de revendications : on ne veut plus de ces augmentations en centimes. On demande une remise à plat de la nomenclature, que tous les actes pratiqués sur un patient au cours d’une même visite soient payés à 100%. On veut également dénoncer certaines inégalités : pourquoi notre déplacement est payé 2,30 euros alors qu’un médecin est payé 10 euros pour la même chose ? L’essence coûte plus chère au médecin ? J’espère que les syndicats sauront saisir l’opportunité. »      

Pour Céline Bordes, « le don de soi, c’est avant tout l’amour que l’on porte aux gens, donner son maximum pour que tout se passe le mieux possible, sans compter ses heures. C’est faire passer souvent sa vie après celles des patients… »  Pourtant, Céline a décidé de quitter la profession : « Ma décision est réfléchie, claire. Honnêtement, je me rends compte que le métier épuise. On pourrait travailler dans de meilleures conditions, en étant payé correctement, sans avoir les caisses qui rejettent les dossiers à tour de bras… »

Elle a d’abord suivi une formation à la pratique des massages de relaxation. Et en septembre, elle démarre un CAP d’esthéticienne, tout en continuant son travail d’infirmière à mi-temps. Puis elle compte ouvrir un salon de beauté. Envie d’une vie de famille, de temps libre…

Texte : Jean-Michel Delage
Photo : DR

1 - La nouvelle convention médicale, signée le 26 juillet 2011 entre l’Union nationale des caisses d’assurance maladie et trois syndicats représentant les médecins libéraux (CSMF, MG France, SML), introduit, au côté du paiement à l'acte qui reste majoritaire, une rémunération prenant en compte les missions des médecins et leurs engagements de service, ainsi que les résultats obtenus sur des objectifs de santé publique et en termes d'efficience. Des points sont attribués à chaque objectif en fonction de sa réalisation ou non. Les partenaires ont calculé qu’un médecin qui remplirait tous les objectifs majorerait sa rémunération de quelque 9 100 euros par an.

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