Le diabète, "moins grave" que la maladie d'Alzheimer selon Roselyne Bachelot | Espace Infirmier
 
26/02/2008

Le diabète, "moins grave" que la maladie d'Alzheimer selon Roselyne Bachelot

En distinguant les affections de longue durée selon leur "gravité", Roselyne Bachelot a provoqué la colère de l'Association française des diabétiques.

L'Association française des diabétiques (AFD), qui s'inquiète de la réforme en préparation sur les affections de longue durée (ALD), a condamné des propos tenus par Roselyne Bachelot sur le diabète présenté comme une maladie chronique « moins grave ».

Lors d'un entretien accordé à la chaîne télévisée Canal+ le 19 février, la ministre de la Santé a abordé les questions de la réforme du financement de la politique de santé, évoquant notamment les ALD qui représentent actuellement 60% des dépenses et qui pourraient atteindre 70% dans quelques années, relate l'AFD dans une lettre ouverte adressée à la ministre.

L'association rapporte que la ministre a effectué une différenciation nette entre les affections de longue durée citant le cancer, le sida et la maladie d'Alzheimer parmi les « maladies très graves » et classant le diabète et l'hypertension comme des « maladies moins graves ».

Prioritaire ? Des discussions sont en cours pour aboutir à des réformes début 2009, rappelle l'AFD qui redoute que la priorité soit donnée aux maladies classées comme plus graves et donc pas au diabète.

« Cette façon de hiérarchiser les maladies est moralement inacceptable, mais aussi médicalement aberrante et les conclusions qui en sont tirées [sont] économiquement erronées », déclare le président de l'AFD, Gérard Raymond, dans sa lettre ouverte destinée à la ministre de la santé.

« De quel droit, au nom de quel principe, peut-on juger qu'une personne qui souffre au quotidien dans son corps et son âme d'une maladie qui ne se guérit pas, est plus ou moins à risque d'invalidité et de co-morbidité qu'une autre, atteinte d'une pathologie tout aussi lourde », s'interroge-t-il.

« Toute la vie ». L'AFD rappelle que le diabète exige une adaptation profonde, un suivi et un traitement permanents. « Cette maladie se traite mais ne se guérit pas. C'est toute la vie et tous les jours », ajoute-t-elle.

L'association reconnaît qu'on peut « très bien vivre avec le diabète » grâce à une meilleure prise en charge de la maladie et de ses complications mais « on peut aussi en mourir à cause de ses complications », citant que les complications du diabète représentent près de 20% des maladies cardiovasculaires (2ème cause de décès en France) ainsi que la 1ère cause de cécité avant 65 ans, plus de 8 000 amputations par an et 20% des patients en dialyse.

Or les complications du diabète sont essentiellement la conséquence d'un mauvais suivi du traitement. « Il est évident que les patients qui ne pourront plus assumer les frais des examens et des médicaments prescrits, ne respecteront plus demain les recommandations de bonnes pratiques » éditées par la Haute autorité de santé (HAS).

Pour l'AFD, cela se traduirait par un suivi imparfait du traitement qui conduira « à terme à des complications très lourdes en termes médicaux mais aussi économiques ».

« On sait que les complications du diabète entraîneront des frais beaucoup plus importants pour la collectivité qu'une véritable politique de prévention et d'éducation », ajoute l'association pour qui les propos tenus par la ministre « n’ont pas d'autres objectifs que de rompre notre système de solidarité nationale ».

(Avec APM)

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