Le 4e plan greffe plutôt bien accueilli | Espace Infirmier
 
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31/03/2022

Le 4e plan greffe plutôt bien accueilli

Dévoilé par le gouvernement et l’Agence de biomédecine le 14 mars, le 4e plan greffe (2022-2026) propose différentes pistes pour atteindre entre 6 760 et 8 528 greffes d’ici quatre ans. Les mesures proposées sont accueillies favorablement par les associations et les professionnels, qui restent cependant vigilants.

Le ministère des Solidarités et de la Santé et l’Agence de biomédecine ont présenté, mi-mars, le 4e plan greffe, qui donne des orientations pour la période 2022-2026. Ce plan prévoit « un couloir de croissance » et envisage 6 760 greffes en 2026 dans l’estimation basse, et 8 528 pour l’estimation haute. Le précédent plan affichait pour objectif 7 800 greffes d’organes et de tissus en 2021, un chiffre qui n’a pas été atteint. L’Agence de biomédecine indique en effet que 5 273 greffes ont été réalisées l’an dernier, grâce à 1 392 donneurs décédés et 521 donneurs vivants.

Ce nouveau plan, décrit par l’Agence de biomédecine comme « réaliste, ambitieux, innovant et financé », s’appuie sur cinq « innovations » : la mobilisation d’IPA pour faciliter la coordination hospitalière et le suivi des patients, le développement « du prélèvement multisource » (c’est-à-dire sur d’autres donneurs que des adultes en état de mort encéphalique), la révision des modalités de financement de l’activité, l’établissement d’indicateurs de performance et la création d’un échelon régional pour le pilotage de l’activité au sein des agences régionales de santé (ARS). Un financement supplémentaire de 210 millions d’euros consolidera le budget alloué à la filière, qui bénéficiera d’une somme totale de 2 milliards d’euros.

Développer Maastricht III

Ce 4e plan fixe également des objectifs quantifiés. Ainsi, le gouvernement souhaite atteindre 65 établissements ayant passé un protocole « Maastricht III » en 2026, qui concerneront alors 15 % des greffes. Ce protocole permet le prélèvement d’organes sur des patients dont le décès est provoqué par l’arrêt ou la limitation des traitements. « La diminution du nombre d’accidents de la route et d’AVC mortels entraîne de facto une baisse du nombre de donneurs, commente Marie-Claire Paulet, présidente de l’association France Adot, membre du collectif Greffes+*. Le déploiement des protocoles Maastricht III, tout comme les prélèvements sur donneurs vivants, notamment pour les reins, sont des pistes incontournables. »

Pour Thomas Bréard, infirmier coordinateur de transplantation hépatique et rein/pancréas à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP) de Villejuif (Val-de-Marne), les prélèvements « Maastricht III » « avancent lentement, mais sûrement ». « Cela demande une organisation particulière, autant pour les équipes en chambre que pour le bloc opératoire. Il faut que les professionnels soient formés à ces protocoles, et qu’on leur alloue le temps pour les réaliser », détaille-t-il.

Culture du don

De façon globale, le plan est plutôt bien accueilli. Les associations, qui ont été consultées par l’Agence de biomédecine via le collectif Greffes+, se disent satisfaites à la fois des objectifs annoncés et de leur financement chiffré. « La mise en place d’un référent pour les dons d’organes au sein des ARS va aussi faciliter l’organisation et le suivi de l’activité », se félicite Marie-Claire Paulet. La mobilisation d’IPA pour la coordination suscite également un certain enthousiasme. « Les coordinateurs ont beaucoup de responsabilités, il faut avoir un certain nombre de connaissances et travailler en autonomie. Le recrutement est souvent difficile, remarque Thomas Bréard. La création de postes d’IPA va permettre de mettre en valeur nos compétences, et de développer ce métier dans l’ensemble des centres. » Le rôle des coordinateurs est primordial lors de prélèvements sur des donneurs vivants.

Pour améliorer encore l’activité, Marie-Claire Paulet souhaiterait que des moyens soient alloués à l’animation d’une « culture du don », afin que les donneurs potentiels fassent connaître leurs souhaits. « Augmenter le panel de donneurs, c’est une bonne chose, mais il faut que les équipes aient les moyens de travailler correctement, alerte Thomas Bréard. Il arrive que l’on refuse des greffons par manque de personnel au bloc. » Les difficultés de l’hôpital public n’épargnent pas l’activité greffe, mais ces enjeux débordent du cadre du présent plan.

Lisette Gries

* Le collectif Greffes+ est composé de neuf associations : France Greffes Cœur Poumons, Fondation Greffe de vie, France Rein, Transhépate, Vaincre la mucoviscidose, Association Grégory Lemarchal, France Adot, Association française des familles pour le don d’organes (Affdo), et Maryse ! Pour la vie. www.greffesplus.fr

À LIRE ÉGALEMENT

- Bréard T., Biard G., Berthelot G., Goyon É., « Un outil de transmissions pour la greffe rein/pancréas », L’Infirmièr.e n° 5, février 2021.

- Bréard T., Kokar A., « L’ETP du patient en transplantation hépatique », L’Infirmièr.e n° 1, octobre 2020.

- Vernet S., « Le rôle primordial de l’infirmière après la greffe », L’Infirmière Magazine n° 390, février 2018.

- Fuks M., « La vie post-greffe en pratique », L’Infirmière Libérale Magazine n° 333, février 2017.

Les dernières réactions

  • 17/05/2022 à 20:48
    Henriette Amunazo
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