La santé des étudiants auscultée | Espace Infirmier
 
La santé des étudiants auscultée

24/05/2012

La santé des étudiants auscultée

La mutuelle étudiante LMDE vient de publier une enquête nationale et régionale sur l’état de santé et les conditions de vie des étudiants en France. Faute de moyens, 11 % d’entre eux ont renoncé à consulter en 2011 et 19 % ne sont pas affiliés à une mutuelle.

Etat de santé et recours aux soins, santé psychique, addictions, vie affective et sexuelle, alimentation et conditions de vie sont passés au crible de la statistique dans l’enquête « Santé et conditions de vie des étudiants »* que La Mutuelle des étudiants (LMDE) a publié, mardi 22 mai. Près de 8500 étudiants, résidant dans toute la France, ont été interrogés afin de produire cette somme, à même d’appuyer le développement de tous les programmes de prévention ou de soin intéressant cette population. Bémol à la qualité de cette enquête, déjà réalisée en 2005, puis en 2008 : au fil des ans, la modification des questions posées ne permet pas de constater des évolutions.
Première information, 82 % des étudiants interrogés s’estiment globalement en bonne santé. Une donnée positive, mais nuancée par la sensation, pour 20 % d’entre eux, que leur état de santé s’est dégradé par rapport à l’année précédente. 10 % disent souffrir d’une pathologie chronique, contre 20 % de la population générale. La perception d’un bon état de santé est moindre chez les étudiants boursiers (79 %), qui sont généralement ceux dont les revenus sont les plus faibles.
Car l’enquête se penche également sur les ressources des étudiants. Elle montre que plus de la moitié des étudiants vivent avec moins de 400 € par mois. Parmi ceux-ci, une partie résident chez leurs parents et voient leurs dépenses globalement prises en charge. Mais 26 % des étudiants déclarent avoir de réelles difficultés financières et 32 % de ceux qui ont quitté le foyer familial affirment avoir du mal à payer leur alimentation, leur loyer ou leurs factures.

Recours à l’automédication
Dans ces conditions, certains en viennent parfois à limiter leur recours aux soins. Ils sont environ 34 % à avoir renoncé à une consultation l'an passé, 11 % par manque de moyens (contre 15,4 % dans la population adulte générale). « Les renoncements aux soins concernent généralement des soins courants, note Etienne Caniard, président de la Mutualité française, qui a co-édité l’enquête. Et nous pensons qu’ils sont liés au fait que les étudiants sont installés dans les grandes villes, où il y a le plus de dépassements d’honoraires. » Des tarifs d’autant plus handicapants pour les 19 % d’étudiants qui ne sont pas adhérents à une mutuelle. Parmi l’ensemble de ceux qui reculent devant la consultation, 46 % le font faute de temps et 41 % parce qu’ils privilégient l’automédication. « Une automédication inquiétante, souligne Gabriel Szeftel, président de la LMDE, car dans 47 % des cas il s’agit de reprendre une prescription antérieure… »
Quant à la santé psychique, elle est fragilisée : 38 % des sondés déclarent un état de mal-être ou des symptômes dépressifs, le sentiment de mal-être étant plus fréquent à la Réunion (29 %) qu’en Corse (15 %) ou en Champagne-Ardennes (17 %). Et un déficit de connaissance du dispositif des bureaux d’aide psychologique universitaires, puisque seuls 8 % des étudiants en ont entendu parler.
La LMDE propose donc différentes pistes d’action pour renforcer l’accès aux soins des étudiants. Elle demande notamment la mise en place d’une chèque santé de 200 € permettant de couvrir pour chacun d’eux l’adhésion à une mutuelle étudiante. Elle recommande également la mise en place d’un tiers payant intégral pour tous les jeunes et l’ouverture de maisons de santé spécifiques. Autre suggestion : le rétablissement de la visite médicale obligatoire dès la première année universitaire, puis à l’entrée du second cycle. Seuls 32 % des étudiants interrogés ont effectué cette consultation préventive en 2011.

Sandra Mignot

 

* Santé et conditions de vie des étudiants – Enquête nationale et synthèses régionales, Ed. Mutualité française et Rue des Ecoles, 19,50 euros.

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