« La prévention doit être pensée de manière systémique » | Espace Infirmier
 
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06/07/2023

« La prévention doit être pensée de manière systémique »

Après avoir organisé ces derniers mois des journées parlementaires et des ateliers de travail réunissant des acteurs du système de santé, le député Cyrille Isaac-Sibille (groupe Démocrate, MoDem et Indépendants) a présenté, le 5 juillet sa feuille de route 2023-2027 pour agir sur la prévention en santé. Un projet qui se veut systémique, avec la volonté d’adresser une nouvelle promesse aux Français.

Pourquoi avoir lancé un tel travail de réflexion sur notre système de santé ?

La santé est la plus grande injustice sociale de notre pays, avec une différence de 13 ans d’espérance de vie entre les plus et les moins chanceux. Il y a donc un vrai sujet. En parallèle, j’ai beaucoup de crainte pour l’avenir de notre système de santé, car face à la hausse des pathologies chroniques, au vieillissement de la population et aux innovations thérapeutiques d’ampleur, les investissements financiers à mener se chiffrent à hauteur de plusieurs millions d’euros. A ce rythme, notre système va imploser d’ici trois ans si nous n’agissons pas. La seule réponse : mettre en place une politique de prévention systémique.

C’est-à-dire ?

En 1945, le premier « conseil national de la refondation », avait fait la promesse aux Français de couvrir leurs frais de santé, peu importe leurs comportements, sans aucune notion de responsabilisation et de prévention. Aujourd’hui, il faut leur adresser une nouvelle promesse à savoir que les pouvoirs publics et la solidarité nationale vont prendre en charge leur santé afin d’éviter qu’ils soient malades et que l’on dépense 240 milliards d’euros par an pour les soigner. Pour y parvenir, la prévention doit être pensée de manière systémique avec un cadre national, en définissant des priorités, des objectifs à atteindre et des indicateurs afin d’évaluer les mesures.

Quelles cibles avez-vous identifiées ?

Ma feuille de route identifie trois cibles prioritaires. Tout d’abord, les jeunes avec notamment pour priorité des actions pour agir sur le respect de soi (lutte contre les addictions), l’apprentissage du libre arbitre et respect des autres (lutte contre le harcèlement), et la surcharge pondérale ou maigreur extrême.

Pour les actifs, il est nécessaire d’agir sur le bien-être en entreprise, la nutrition et les addictions. A cette échelle, la médecine du travail détient un rôle prégnant.

Enfin, pour les personnes âgées, il est nécessaire d’agir sur la détection des pré-fragilités, la nutrition (dénutrition et surcharge pondérale), l’isolement et la stimulation cognitive. L’accent pourra d’ailleurs être mis sur le programme ICOPE (Integrated Care for Older People) qui agit pour la prévention de la dépendance des personnes âgées.

Il faut aller chercher les personnes éloignées du système de santé, car elles sont les plus à même de développer des problématiques de santé, là où elles vivent, dans une démarche d’aller vers.

Face à ces objectifs ciblés, qu’en est-il des effecteurs ?

La mise en œuvre d’un tel dispositif implique de sensibiliser et de former les acteurs à la prévention, ainsi que de les rémunérer correctement, dans une approche populationnelle et à la performance, donc en fonction d’indicateurs. L’ensemble des professionnels de santé sont concernés et dans le domaine de la prévention, ils sont particulièrement nombreux. Bien entendu, les infirmiers ont toute leur place et tiennent même un rôle central pour les trois cibles. C’est le cas des infirmières de l’éducation nationale, de celles exerçant en Protection maternelle et infantile (PMI), des infirmières de santé au travail, des infirmières en pratique avancée, Asalée ou encore des infirmières libérales, qui se déplacent encore au domicile des patients et connaissent bien les familles.

En dehors des professionnels de la santé, il faut également encourager au déploiement d’autres métiers dans le secteur de la santé publique et de la prévention, notamment les médiateurs et les préventeurs, qui auraient une fonction « couteau Suisse » afin d’orienter correctement les personnes dans leur prise en charge, de les accompagner, etc.

Enfin, la présence de tous ces acteurs implique, à l’échelle locale, de mettre en place une coordination, afin de répartir les objectifs, apporter les bons outils, et les bonnes données, afin d’obtenir des résultats.

Cet ensemble va permettre de créer une filière d’excellence dans la santé publique et la prévention. Bien entendu, un tel déploiement requiert un portage politique fort au plus haut niveau.

Pour lire l’intégralité de la feuille de route : https://cyrille.isaac-sibille.fr/feuille-de-route-pour-une-politique-systemique-de-prevention-en-sante/ 

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