La mémoire immunitaire de survivants de la grippe espagnole de 1918 pourrait ouvrir des perspectives thérapeutiques | Espace Infirmier
 
19/08/2008

La mémoire immunitaire de survivants de la grippe espagnole de 1918 pourrait ouvrir des perspectives thérapeutiques

Près d’un siècle après l’épidémie de grippe espagnole, ou influenza, qui a fait 50 millions de morts en 1918, des chercheurs américains ont découvert que certains survivants continuent de produire des anticorps efficaces contre le virus.

Après avoir été extraits du corps de leurs hôtes nonagénaires, ces anticorps pourraient servir à lutter contre de futurs foyers de grippe. Dans un article publié dans Nature, les chercheurs annoncent que cinq de ces anticorps ont réussi à sauver des souris à qui l’on avait préalablement injecté le virus de la grippe de 1918.

Eric Altschuler, professeur de médecine et de rééducation physique à l’Université de médecine et de dentisterie du New Jersey, a eu l’idée d’isoler les anticorps présents chez les survivants de la pandémie de 1918 après avoir regardé une série télévisée médicale.

Etant lui-même peu entraîné à l’immunologie, Altschuler a recruté une équipe composée du microbiologiste Christopher Basler, de l’Ecole de médecine Mont Sinaï de New York, qui avait participé à des travaux sur la reconstitution du virus grippal de 1918, et de l’immunologiste James Crowe, de l’Université Vanderbildt de Nashville, dans le Tennessee.

L’équipe de chercheurs a rassemblé des échantillons de sang de 32 personnes âgées de 91 à 101 ans. Parmi ces personnes âgées, beaucoup se souvenaient avoir vécu avec au moins un proche malade pendant l’épidémie et en avoir perdu parfois plusieurs dans la même journée. Les chercheurs ont découvert que 94% des participants produisaient encore les anticorps qui ont neutralisé le virus de 1918. A titre de comparaison, seule une personne sur 10 nées après la pandémie de grippe espagnole produisait ce type d’anticorps.

Les scientifiques s’attendaient à ce que les anticorps de l’influenza aient une grande longévité, mais à ce point-là, cela n’avait jamais été prouvé, selon Michael Gale, immunologiste à l’Université de Washington à Seattle, qui n’a pas participé à l’étude.

Les chercheurs ont ensuite injecté le virus reconstitué de l’influenza à des souris avant de les traiter avec les anticorps. Les souris qui avaient reçu des anticorps ont survécu tandis que toutes les autres sont mortes. L’équipe de scientifiques a isolé les cellules productrices d’anticorps, dont ils ont tiré cinq cultures cellulaires qui ont produit chacune un type d’anticorps développé ensuite en laboratoire.

Les résultats suggèrent que les anticorps pourraient être utilisés à des fins thérapeutiques si un virus similaire venait à réapparaître. Mieux encore, l’un des anticorps a réagi non seulement à la souche de 1918, mais également à plusieurs autres souches du virus de la grippe, ce qui laisse supposer qu’il s’attaque à un élément très important du virus. Cet élément pourrait être la cible idéale pour un futur médicament.

C. A.

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