La Maison des femmes Marseille-Provence : un accueil inconditionnel | Espace Infirmier
 
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13/12/2021

La Maison des femmes Marseille-Provence : un accueil inconditionnel

Projet initié il y a plus de dix-huit mois par cinq praticiennes hospitalières, La Maison des femmes Marseille-Provence est un lieu d’accueil inconditionnel pour toutes les femmes victimes de violences. Adossée à l’AP-HM, elle est notamment soutenue par la Région Sud, la Ville de Marseille, l’Agence régionale de santé PACA et des financeurs privés.

« C’est un lieu ressource qui va prendre en charge de manière holistique les femmes victimes de tous types de violences pour les accompagner dans la démarche, souligne Florence Bretelle, professeur, gynécologue, cheffe de service d’obstétrique à l’Hôpital de la Conception et à l’initiative du projet avec quatre collègues de l’AP-HM. Nous allons partir de notre cœur de métier qui est le soin, et leur proposer une prise en charge globale, sociale, juridique et psychologique en lien avec le tissu associatif du territoire. » Le lieu va ouvrir début janvier dans des locaux temporaires à l’Hôpital de la Conception (centre-ville, Ve arrondissement) puis, fin 2022, en principe, dans des locaux définitifs, mis à disposition par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône qui permettront d’avoir une activité encore plus large. De nombreux acteurs soutiennent ce projet d’envergure appuyé par Emmanuel Macron lors de son discours « Marseille en Grand » au Palais du Pharo, le 2 septembre dernier. Il a permis de mettre autour de la table des institutionnels, que sont l’AP-HM, la Région Sud, le département des Bouches-du-Rhône, la Ville de Marseille, l’ARS Paca, les services de l’État, mais aussi des financeurs privés. La structure dispose d’un budget de fonctionnement de 350 000 euros.

En lien avec l’unité de médecine judiciaire et le tissu associatif

L’équipe salariée de départ est constituée d’une sage-femme, d’une psychologue, d’une assistante sociale et d’une secrétaire. De nombreux professionnels de santé vont intervenir, notamment des gynécologues et des obstétriciens. « Au-delà de l’équipe qui est en train de se constituer, nous allons travailler en lien avec l’unité de médecine judiciaire afin d’améliorer la prise en charge de ces femmes, ajoute Sophie Tardieu, médecin, praticien hospitalier de santé publique à l’AP-HM. La police sera aussi en lien avec La Maison des femmes puisqu’à terme nous voudrions être un lieu de dépôt de plaintes pour éviter aux femmes de devoir se rendre dans les commissariats. Nous tissons aussi des liens forts avec les associations qui existent déjà sur le territoire sur cette thématique et, en parallèle, de très nombreux bénévoles ont manifesté leur désir de participer au projet en apportant leur contribution. »

Quatre profils de femmes, quatre parcours de soins

La Maison des femmes Marseille-Provence va proposer quatre parcours de soins : la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et sexistes ; la prise en charge des femmes victimes de mutilations sexuelles, notamment l’excision ; un accès à la prévention et à la planification familiale avec la réalisation d’une IVG médicamenteuse ; et la prise en charge des femmes victimes de violences pendant lors de leur grossesse. « L’idée de cette Maison des femmes est vraiment que les patientes n’aient plus à se déplacer et à attendre les rendez-vous mais que les professionnels viennent à leur rencontre, ajoute Florence Bretelle. Toute femme qui a été victime de violences peut pousser la porte, nous contacter par mail ou téléphone, et nous verrons quelle est la prise en charge la plus adaptée à sa situation. » L’accueil des femmes se veut inconditionnel. Il se fera sans rendez-vous dès le mois de janvier « tant que nous pourrons gérer le flux de patientes », précise toutefois Sophie Tardieu. L’adresse mail est déjà active (maisondesfemmes@ap-hm.fr) et le numéro de téléphone sera opérationnel en janvier. « L’objectif du lieu est vraiment de sortir du cercle de la violence avec les différents liens et rendez-vous proposés aux femmes, et de pouvoir les amener vers l’autonomie », poursuit Florence Bretelle.

Développer la prévention et la formation

Un des objectifs de cette nouvelle structure est d’animer au niveau régional et au niveau du territoire une dynamique autour des violences faites aux femmes. « Pour cela, il faut former les professionnels à dépister les violences et les stimuler à poser la question de manière non intrusive, afin d’organiser une prise en charge la plus précoce possible », précise la cheffe de service d’obstétrique. La Maison des femmes a clairement un rôle dans la prévention en formant le plus de monde possible à la lutte contre les violences faites aux femmes mais aussi au consentement, et en éduquant à l’égalité hommes-femmes. Trois actions sont déjà programmées dans ce sens : une journée certifiante le 3 février 2022 à Aix-Marseille-Université destinée aux professionnels et aux bénévoles qui vont travailler à La Maison des femmes, l’intégration d’une formation sur les violences faites aux femmes dans le DU de santé sexuelle et, via le réseau Méditerranée (réseau de périnatalité Paca, Corse, Monaco), un cycle de formation financé par l’ARS va être déployé avec Solidarité femmes 13 dans un format e-learning. Rappelons que 30 % des violences conjugales débutent lors de la grossesse, période de vulnérabilité et qu’une femme sur dix a été victime de violences pendant sa grossesse. La Maison des femmes Marseille-Provence devrait apporter des réponses plus rapides aux victimes de violences alors que près de 400 femmes ont été hospitalisées à l’AP-HM suite à des violences conjugales, dont 80 % étaient mineures.

Isabel Soubelet

La « petite sœur » de Saint-Denis

Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne, fondatrice de la première Maison des femmes à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en 2016, a soutenu très tôt le projet marseillais. Grâce à une vidéo postée sur les réseaux sociaux en décembre 2020, touchant 15 millions de personnes, et avec la collaboration bénévole de 18 personnalités, la campagne de dons a permis de récolter 150 000 euros. En mars dernier, le Collectif Re#Start (renaissance) sous la signature, Soigner/Partager, a vu le jour afin, notamment, de mutualiser et partager les bonnes pratiques et les connaissances. Après Saint-Denis, Bruxelles, Bordeaux, Tours, Brive-la-Gaillarde, Marseille, une quinzaine de projets de Maison des femmes sont aujourd’hui en gestation.

Les dernières réactions

  • 09/02/2022 à 14:42
    Comlan AMANGNON
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