La France recense deux fois plus de cancers qu’il y a 30 ans | Espace Infirmier
 
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06/07/2023

La France recense deux fois plus de cancers qu’il y a 30 ans

433 136 nouveaux cas sont attendus cette année, selon des projections d’incidence rendues publiques le 4 juillet par l’Institut national du cancer (INCa) et Santé publique France (SpF). L’évolution depuis 1990 s’avère plus défavorable pour les femmes que pour les hommes.

« La mobilisation de tous les acteurs de la lutte contre les cancers bien sûr, mobilisation de tous les Français aussi », c’est ce à quoi appellent Norbert Ifrah et Thierry Breton, respectivement président et directeur général de l’INCa. Et pour cause : les projections d’incidence pour cette année*, publiées le 4 juillet dans le “Panorama des cancers” 2023 de leur agence ainsi que dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, sont alarmantes.

Le nombre de nouveaux cas s’élèverait en effet à 433 136 pour l’ensemble des 19 localisations étudiées. 57% de ces cas seraient décomptés chez l’homme et 43% chez la femme. Soit 51 000 de plus comparé aux derniers chiffres (ceux de l’année 2018, publiés en 2019, ces données étant calculées tous les cinq ans), fait savoir l’INCa par communiqué.

La démographie en partie responsable

S’il faut tenir compte des « limites d’une projection », posent les deux dirigeants, il n’en reste pas moins que l’augmentation est importante. Elle l’est d’autant plus sur les trois dernières décennies. Entre 1990 et 2023, le nombre de cas a doublé. Chez les hommes, il est passé de 124 290 à 245 610 (+98%). Chez les femmes, il est passé de 91 840 à 187 526 (+ 104%). Comment l’expliquer ?

Pour les premiers, cette augmentation suit pour 30% l’accroissement de la population ; elle est aussi liée pour 48 % à son vieillissement - plus une personne est âgée, plus son risque d’être malade croît -, soit deux évolutions subies ; Mais elle est aussi attribuée, pour 20%, aux comportements et modes de vie, qui peuvent être modifiables.

Pour les secondes, elle est aussi due pour 30% à la démographie ascendante, mais moins au vieillissement (27%). Les 43% restants sont reliés aux comportements et modes de vie, un pourcentage bien supérieur à celui de l’autre sexe.

Dans les deux cas, on peut également supposer le rôle joué par les progrès diagnostiques.

40% des cancers seraient évitables

Plus en détail, l’étude montre que, chez les femmes, des évolutions sont défavorables dans davantage de localisations que chez les hommes. Ainsi, si les cancers des zones lèvre-bouche-pharynx et du poumon, par exemple, diminuent dans la population masculine (respectivement -2,6% et -0,2 % entre 1990 et 2023), ils augmentent dans la population féminine (respectivement de +1,6% et surtout de + 5%). Or cette incidence croissante de cancers du poumon chez les femmes est en partie connectée à une hausse de la consommation de tabac, remarquent notamment les experts.

Autre donnée : tant chez les uns que chez les unes, les mélanomes de la peau se multiplient (+3,5% et + 2,6%), ce qui peut s’expliquer entre autres par une exposition au soleil sans protection, observent les auteurs. Si, à ce jour, le “crabe” reste la première cause de mort prématurée en France chez les hommes, et la deuxième pour les femmes (après les maladies cardiovasculaires) avec 157 400 décès au total en 2018, 40% des cancers seraient évitables, selon les institutions.

Elles insistent sur la nécessité d’intensifier les actions en matière de prévention pour réduire les facteurs de risque évitables (sédentarité, obésité, tabagisme, alcool, etc.) et de dépistage. Mais aussi à investir dans la recherche, et à garantir l’accès à l’innovation pour tous. Dans leur édito du Panorama des cancers 2023, Norbert Ifrah et Thierry Breton font valoir que les chiffres présentés « sont un appel à l’action de tous pour refuser la fatalité. Car pour éviter les cancers de demain, c’est aujourd’hui qu’il faut agir ». 

* réalisées par l’Institut national du cancer, Santé publique France, le Réseau français des registres des cancers (Francim) et les Hospices civils de Lyon.

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