L’hyper usage des écrans impacte la santé | Espace Infirmier
 
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25/01/2024

L’hyper usage des écrans impacte la santé

L’Observatoire Santé Pro BTP, en partenariat avec le Centre de Recherche de l’Institut Rafaël, a présenté les résultats d’une enquête en ligne menée du 20 avril au 13 mai 2023 sur l’addiction aux écrans réunissant plus de 21 000 répondants. Avec des conséquences indéniables sur la santé.  

Lancé en avril 2023, l’Observatoire Pro BTP qui s’appuie sur un comité scientifique et un réseau de professionnels de santé s’est intéressé à l’addiction aux écrans (1). Réseaux sociaux, activités sexuelles en ligne, jeux de hasard et d’argent, jeux vidéo, achats, tout est possible via son smartphone. Le temps passé devant les écrans se met en place en empruntant un chemin progressif qui va de l’usage simple à l’usage excessif ou problématique, puis à l’addiction, appelé aussi dépendance. « La justification médicale est simple, l’usage problématique ou le sur-usage du smartphone peut avoir des conséquences psychiques et physiques sur la santé des utilisateurs, souligne Laurent Karila, médecin psychiatre à l'hôpital Paul-Brousse (AP-HP), professeur en psychiatrie et addictologie à l’Université Paris Saclay. Les habitudes peuvent être addictives, antisociales et dangereuses. Il faut se faire aider, cela peut être par la médecine du travail, un généraliste, un spécialiste en addictologie… »  

Une présence de tous les instants

Le smartphone est présent dans tous les moments de la vie, du matin au soir. Ainsi, 53 % le consultent dès le réveil, 43 % vont souvent au lit avec, 45 % le gardent allumé toute la nuit, 36 % l’utilisent aux toilettes, 32 % l’utilisent à table et 15 % s’endorment avec. Le premier usage du smartphone, c’est la communication : 85 % l’utilisent pour échanger des mails, 65 % pour envoyer des SMS, 44 % pour utiliser les réseaux sociaux, 39 % pour communiquer par messagerie instantanée, et 12 % pour la visioconférence. Les réseaux sociaux, exercent une forte attraction et 61 % des répondants estiment qu’ils ressentent souvent, voire toujours, le besoin de se connecter aux réseaux sociaux. 40 % jugent qu’ils y passent trop de temps (57 % chez les 18-39 ans).  

Une nouvelle terminologie médicale

De nouveaux troubles liés à l’hyper-usage des smartphones sont apparus et une terminologie médicale a vu le jour pour les identifier. Ainsi le « FoMo pour Fear of missing out » désigne l’anxiété qui pousse les personnes à rester connectées en permanence pour ne pas risquer de manquer un événement. Ils sont 60 % à consulter de manière compulsive leur téléphone. « L’athazagoraphobie »représente la peur écrasante d’être oublié ou ignoré. Ils sont 7 % à ressentir un sentiment d’abandon quand ils ne reçoivent aucun message ou réponse au cours d’une journée. Et la « nomophobie »signifie la peur excessive à l’idée d’être séparé ou de ne pas pouvoir se servir de son smartphone (panne, absence de réseau, batterie déchargée…). Ils sont 57 % à se sentir mal à l’aise sans un smartphone en état de fonctionnement.

Pour déterminer s’il y a addiction, le docteur David Greenfield a développé un test (2) en quinze questions qui produit un score allant de 0 à 15. Entre 0 et 2, vous avez un usage modéré, entre 3 et 4, un hyper-usage non pathologique, entre 5 et 7 un usage problématique ou compulsif probable, et au-delà de 8, un usage addictif. Perdre son temps, faire défiler des contenus qui laissent indifférents (« scroller »), petit à petit, les usages excessifs des réseaux sociaux induisent une distorsion du temps. « La connexion entraîne une perte progressive du temps, l’utilisateur change d’activité de manière infinie, passe son temps à être ON-OFF, alors que lorsqu’on lit un livre, il y a un début et une fin,ajoute Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement de neurosciences cognitives de l’éducation (Université Paris Cité), directeur du laboratoire de Psychologie du développement de l’éducation de l’enfant (LaPsyDé-CNRS). Notre mémoire est en train de changer, nous déléguons notre mémoire sémantique aux smartphones. »  Dans l’enquête, 57 % estiment scroller (ils sont 67 % chez les 18-39 ans) et 53 % estiment qu’ils perdent leur temps. Ainsi, un utilisateur sur trois conçoit son smartphone comme une « clef USB mentale ».  Et 26 % des répondants déclarent passer plus de temps à envoyer des messages ou des commentaires en ligne qu’à parler aux gens.

Des conséquences bien identifiées

Isolement social, difficultés à communiquer avec les autres, envahissement de son temps libre, dangerosité pour soi ou les autres (en voiture, en marchant) … les conséquences sont connues mais 70 % estiment qu’ils ne pourraient pas se passer de leur smartphone, et 39 % disent essayer souvent mais ne pas réussir. « En augmentant le temps passé sur les écrans, on diminue le temps d’activité physique, ce qui augmente les maladies précoces et les maladies chroniques, précise Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, professeur des Universités-praticien hospitalier, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand. On constate aussi une relation entre le temps passé devant les écrans et la prise de poids. Avec l’écran on est toujours captif, or il faut laisser du temps vide au cerveau pour réfléchir. Par ailleurs, les relations sociales ont un rôle important. En s’isolant, on développe les facteurs d’anxiété et de dépression, et on augmente les risques de maladies cardiovasculaires. D’ailleurs, on voit aujourd’hui des AVC et des diabètes de Type 2 à 30 ans, voire même chez les adolescents alors qu’avant cela concernait les personnes de 60 ans. »  

Isabel Soubelet

(1)https://www.observatoire-sante-probtp.com/accueil/dossiers/addiction-aux-ecrans.html

(2)https://virtual-addiction.com/smartphone-compulsion-test/

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