Infections nosocomiales : la hausse du nombre de signalements en 2006 s’explique par une meilleure appropriation du système par les professionnels et par un « effet épidémie » | Espace Infirmier
 
23/07/2008

Infections nosocomiales : la hausse du nombre de signalements en 2006 s’explique par une meilleure appropriation du système par les professionnels et par un « effet épidémie »

Le nombre de signalements d’infections nosocomiales a beaucoup augmenté en 2006 par rapport aux années précédentes, selon un bilan publié mardi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). L’augmentation des signalements n’est cependant « pas liée à une recrudescence du nombre d’infections nosocomiales en général », observe Jean-Michel Thiolet, médecin épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l’Institut national de veille sanitaire (InVS), co-auteur de l’article scientifique de BEH.
Elle est due selon lui à « un double effet » : « une meilleure appropriation du système de signalement par les professionnels » de santé d’une part, et « un effet épidémie » d’autre part dans la mesure où une épidémie d’infections nosocomiales induit mécaniquement une augmentation du nombre de signalements correspondants.
En 2006 donc, un total de 431 établissements de santé ont effectué 1.007 signalements d’infections nosocomiales à l’Institut national de veille sanitaire (InVS), soit une augmentation de 16% par rapport à 2005 et 2004.
Les auteurs du bilan publié dans le BEH relèvent une amélioration progressive du délai médian de signalement qui s’établissait en 2006 à 13 jours « entre la date du dernier cas et celle de son signalement » et à neuf jours « entre la date du signalement et sa réception à l’InVS ».  Cependant, « d’importantes disparités régionales persistent » à cet égard, notent les chercheurs et « malgré leur nette progression depuis 2001, les délais de transmission restent parfois incompatibles avec une fonction d’alerte ». L’article de BEH ne précise pas dans quels services des établissements de santé sont le plus souvent contractées les infections nosocomiales. « On ne les documente pas », a expliqué Jean-Michel Thiolet, « car c’est très variable. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y en a pas plus en réanimation ou en chirurgie, on en a également en séjour de longue durée, voire en Ehpad. »
En tout, le millier de signalements correspondaient à 3.239 personnes infectées dont 300, soit 9%, étaient décédées au moment du signalement.
« L’année 2006 a été marquée par une très forte augmentation des signalements d’infections à C. difficile qui représentaient 19% des signalements et des infections nosocomiales contre 1% les années précédentes », soulignent les auteurs. La région Nord-Pas-de-Calais concentrait à elle seule plus de la moitié (55%) des signalements de C. difficile. Fin mars 2006, un établissement du Nord-Pas-de-Calais a  en effet été touché par une épidémie d’infections nosocomiales à une souche particulière (027) de C. difficile. A la fin de l’année, la souche s’était étendue à d’autres établissements de la région dont les professionnels de santé, alertés, ont effectué de nombreux signalements.
Outre Clostridium difficile, les micro-organismes les plus fréquemment signalés étaient le staphylocoque doré (11%), les entérobactéries (9%) et Pseudomonas aeruginosa (8%). Ce dernier est impliqué dans des infections notamment respiratoires et urinaires graves avec une létalité élevée, de l’ordre de 21% sur la période 2001-2006, selon l’équipe de Nathalie Nicolay, de l’InVS.
Sur 3.239 patients atteints d’infections nosocomiales, 300 (9 %) était décédés lors du signalement. Les taux de létalité déclarée les plus élevés étaient observés pour Aspergillus spp (56 %), Candida (30 %) et P. aeruginosa (28 %).
En ce qui concerne le personnel des établissements de santé (personnel soignant au sens large, amené à être au contact des patients : médecins, infirmiers, aides-soignants, agents de service) BEH précise que « pour cinq signalements de gastro-entérites aiguës (GEA) où un rapport d’investigation était disponible, le personnel représentait 30% des 325 cas signalés. Cette atteinte du personnel représentait par ailleurs 85% des 51 cas de coqueluche ayant fait l’objet de 13 signalements, 64% des 13 cas de tuberculose et 55% des 166 cas de gale ayant fait l’objet de 17 signalements en 2006. »
Ces chiffres conduisent Jean-Michel Thiolet, de l’InVS, et ses collègues à recommander une meilleure sensibilisation des professionnels « au risque nosocomial encouru, tant pour eux-mêmes que pour leurs patients ». Ceci est déjà le cas pour le risque viral lié aux accidents d’exposition au sang, rappellent-ils, mais cela devrait être renforcé pour d’autres pathologies, « coqueluche et tuberculose en priorité ».
Le signalement de certaines infections nosocomiales rares ou graves a été rendu obligatoire en 2001 par les autorités sanitaires  afin de les détecter précocement et de favoriser leur investigation et contrôle, rappellent les chercheurs en insistant sur le fait que le système repose sur les professionnels des établissements de santé (ES) et sur les praticiens des équipes opérationnelles d’hygiène hospitalière (EOHH). Le signalement des Infections nosocomiales est d’abord interne, du service clinique à l’EOHH, puis éventuellement externe, ajoutent-ils.

C. A.

 
 

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