Grève à l'hôpital Saint-Antoine | Espace Infirmier
 
02/04/2008

Grève à l'hôpital Saint-Antoine

Une partie du personnel de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris XIIème) suit un mouvement de grève depuis le 18 mars pour dénoncer le manque d'effectif et les fermetures de lits et réclamer l'arrêt du plan d'économies et la création d'emplois statutaires.

Ce mouvement est lié à la « dégradation des conditions de travail » dans l'hôpital depuis quelques années qui entraîne une « grande souffrance » chez le personnel, a indiqué Régine Linard, secrétaire générale du syndicat des médecins, infirmiers, cadres et techniciens Mict-CGT, lors d'une conférence de presse organisée avec les syndicats FO et Sud, des médecins et plusieurs membres du personnel, vendredi matin.

Dans une lettre ouverte adressée au directeur général de l'AP-HP, le personnel gréviste et l'intersyndicale expliquent que l'hôpital connaît de « graves problèmes de fonctionnement » en raison des « sous-effectifs », de la tarification à l'activité (T2A) à 100 %, des pôles « qui divisent et cloisonnent » et du plan d'économie appliqué depuis 2004.

Ils pointent en particulier la situation du service d'urgence qui souffre d'un encombrement de patients, faute de lits disponibles dans d'autres services ou dans d'autres établissements.

« Le 17 mars, 28 patients étaient dans le service d'urgence, en attente d'une hospitalisation. Le 18 mars à 18 heures, 22 patients étaient aussi en attente. Le week-end de Pâques, 29 patients étaient hospitalisés aux urgences, y compris dans la salle de déchoquage », énumèrent-ils.

Les signataires évoquent aussi les fermetures de lits qui sont décidées à cause du sous-effectif.

Ils citent la fermeture de 12 lits en médecine interne, de 12 également en orthopédie, trois en hématologie, trois en oncologie et trois autres bientôt en hépato-gastro-entérologie.

Le manque de places conduit à annuler quotidiennement des hospitalisations programmées et à repousser des traitements de chimiothérapie, témoignent-ils également.

Ces différentes difficultés ont conduit quatre syndicats de praticiens hospitaliers (UFMICT-CGT, FO, Association des médecins urgentistes Amuf, et Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésiste-réanimateurs, SNPHAR) à soutenir le mouvement du personnel non médical.

« Avec les fermetures de lits liées au manque de personnel, nous sommes face à des difficultés majeures pour remplir nos missions de soins et de service public », a confirmé le Dr Jean-Philippe Laporte, praticien hospitalier au service d'hématologie.

Face à ces difficultés, les grévistes dénoncent la poursuite de l'application du plan d'économies pour un montant de 1,150 million d'euros en 2008, a indiqué Catherine Dauvergne de la section FO.

« Depuis cinq ans, l'hôpital St-Antoine doit réaliser 1,2 million d'économies chaque année, ce qui représente un nombre important d'emplois supprimés », a-t-elle dénoncé.

« Cette année, nous avons en outre l'obligation d'augmenter de 1,5% le nombre d'entrées en hospitalisation complète et de 10% l'activité en hospitalisation de jour », a-t-elle regretté en s'interrogeant sur la manière de parvenir à ces objectifs alors que l'hôpital a 40 postes vacants.

Outre l'arrêt du plan d'économies, les agents réclament des augmentations de salaire rémunérant « les responsabilités et l'investissement fourni », une « stabilisation » des plannings et des horaires de travail et une titularisation de « tous les CDD ».

Régine Linard de la CGT a précisé que la direction venait d'accepter de prendre en stage 28 aides-soignantes qui étaient en CDD jusqu'à présent, afin de pouvoir les titulariser dans un an.

La directrice de l'hôpital Saint-Antoine, Chantal de Singly, a confirmé avoir proposé de garder 28 aides-soignantes qui étaient en CDD.

Elle explique qu'elle a fait cette suggestion « faute de pouvoir recruter des infirmières ».

Malgré l'augmentation des quotas dans les Ifsi, l'hôpital rencontre toujours des difficultés de recrutement en raison du coût du logement à Paris, indique-t-elle. « Nous avons même essayé de recruter des infirmières sortant de l'Institut du Havre. Mais elles ont refusé à cause de ce coût », souligne-t-elle.

Ces difficultés de recrutement se traduisent actuellement par l'existence de 35 postes vacants et ont conduit à fermer une trentaine de lits dont 12 en médecine interne, 15 en orthopédie et cinq en hématologie, confirme Chantal de Singly en annonçant cependant la réouverture des lits de médecine interne grâce à l'équipe de suppléance.

Parallèlement à ces difficultés, l'hôpital Saint-Antoine enregistre toujours un grand nombre de passages aux urgences et est un établissement « attractif et reconnu », avec notamment des services réputés en hématologie et oncologie, dans un environnement où l'offre hospitalière est moins développée que dans d'autres endroits de la région parisienne, explique Chantal de Singly.

La directrice reconnaît que les membres du personnel « sont fatigués » et ne voient pas le bout des difficultés.

Mais s'agissant du plan d'économies appliqué depuis 2004, elle précise que les 89 suppressions de postes ont concerné uniquement des emplois techniques, administratifs dont deux postes de directeurs et médico-technique. En 2008, le plan n'entraînera la suppression que de huit ou neuf postes.

Elle ajoute que 20 nouveaux emplois seront créés en 2008, en réanimation chirurgicale ou en imagerie.

Chantal de Singly confirme aussi la difficulté de trouver des lits d'aval dans d'autres établissements à proximité pour les patients hospitalisés en médecine, ce qui crée un engorgement dans le service des urgences et dans le service de médecine.

Elle espère que la situation s'améliorera lorsque l'hôpital Rothschild, situé dans le même arrondissement, ouvrira son bâtiment actuellement en construction qui comprendra des lits de rééducation et de soins de suite gériatriques.

Selon la directrice, le taux de grévistes est chaque jour de l'ordre de 13%, en incluant les personnes assignées.

L'intersyndicale CGT, FO, Sud qui soutient le mouvement a évoqué pour sa part un taux de participation de 25% vendredi lors d'une conférence de presse. En fait, ce chiffre résulte d'une erreur commise dans les calculs de la direction, a précisé cette dernière.

Une délégation des agents grévistes doit rencontrer la direction du personnel de l'AP-HP vendredi après-midi.

Du côté de la mairie de Paris, la conseillère santé de Bertrand Delanoë, Florence Veber, a fait savoir à la responsable CGT qu'aucune délégation syndicale ne sera reçue à l'Hôtel de ville tant que le nouveau président suppléant de l'AP-HP ne sera pas installé officiellement, ce qui aura lieu en mai.

Florence Veber informe par ailleurs que la mairie de Paris prendra rapidement des mesures en faveur du logement à Paris, comme la création d'une agence immobilière à vocation sociale à laquelle les infirmières pourront s'adresser.

(APM)


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