France et Québec signent pour la mobilité des infirmières | Espace Infirmier
 
France et Québec signent pour la mobilité des infirmières

01/07/2010

France et Québec signent pour la mobilité des infirmières

L'arrangement de reconnaissance mutuelle facilitant les migrations d'infirmières entre l'Hexagone et la Belle Province a été paraphé mercredi. Il faudra encore un décret pour le mettre en œuvre.

La signature était promise d'ici au 1er juillet… mercredi 30 juin, c’était chose faite. Après un engagement de principe signé en novembre (lire notre article), les représentantes des ordres infirmiers du Québec et de France ont conclu un “arrangement” de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles (ARM). Ceci en présence de Jean Charest, le Premier ministre québécois, de Pierre Arcand, ministre des Relations internationales, et de Bernard Kouchner, son homologue français. Aux côtés des ingénieurs agronomes et ingénieurs forestiers, les infirmières intègrent une liste de 57 professions qui bénéficieront d'une meilleure mobilité transatlantique.

Inscription obligatoire à l'ordre
L’accord ne se traduira pas par des équivalences de diplômes, mais il devrait simplifier les démarches. Une infirmière française émigrant au Québec sera dispensée de concours pour exercer, même si elle devra encore effectuer un stage d'intégration de soixante-quinze jours, et être inscrite au tableau de l'ordre français.

Pour les Québécoises souhaitant exercer en France, le principe est le même, à certaines restrictions près. Elles devront être titulaires du baccalauréat (faux ami québécois équivalant à une licence universitaire) et attester de 500 heures d'exercice au cours des quatre dernières années. Environ «un tiers» des infirmières québécoises seraient donc éligibles, a précisé mercredi Gyslaine Desrosiers, présidente de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ).
 
Ces conditions sont dues au fait que le diplôme d'Etat français sanctionne «au moins 1395 heures d’enseignement théorique et clinique de plus que le DEC québécois» (1), précise l’ARM. Par contre, le Québec offre «des plans de carrière intéressants», a-t-elle rappelé: expertise clinique, pratiques avancées, recherche infirmière... sur ces points, la province canadienne possède une longueur d'avance. Les Françaises pourront-elles en bénéficier plus facilement? L'entente qui vient d'être signée ne le prévoit pas. Mais d'autres améliorations pourraient être apportées, à l'avenir, hors de cet ARM, via le ministère de la Santé québécois.

«Très symbolique»
Autre interrogation, soulevée par les journalistes québécois, celle du risque d’accroissement de la pénurie lié aux migrations. «On sera gagnants-gagnants», a répondu Jean Charest, arguant qu'au Québec, certaines spécialisations sont insuffisamment pourvues et certains «territoires non desservis». De son avis, l'arrivée d'infirmières françaises devrait apporter un plus. «Chacun devra faire des efforts pour retenir et intéresser les professionnels qui travaillent dans ce domaine», a-t-il nuancé. À l’heure actuelle, les migrations restent rares. Le Québec reçoit «entre 60 et 70 infirmières françaises par année», a chiffré Gyslaine Desrosiers. Dominique Le Bœuf, la présidente de l’ordre français, a estimé que celles faisant le parcours inverse pouvaient certainement se compter «sur les doigts de la main».
 
Pour elle, cet accord a surtout une valeur «très symbolique». Elle y voit un intérêt en particulier pour les «jeunes diplômés» souhaitant connaître un système de santé différent: «Cela correspond beaucoup à des projets de vie.» Même écho chez Gyslaine Desrosiers, qui considère que «la reconnaissance des qualifications» prime sur «la question de l'attractivité». Elle assure que les Françaises «s'intègrent très bien dans les carrières hospitalières», mais que la migration est compliquée pour les libérales, car le système de soins est très différent: «Quelqu'un qui vient de l'étranger peut difficilement faire des soins à domicile», explique-t-elle.
 
Roselyne Bachelot, qui n'était pas présente lors de la signature, doit encore parapher le texte. Lequel ne pourra prendre effet en France qu'après publication d'«un décret», selon Dominique Le Bœuf, qui a estimé qu'il était trop tôt pour avancer une date.

Texte et photo
Nicolas Cochard
 
1- DEC : diplôme d’études collégiales. Comparable à un bac professionnel en France, il permet d’exercer en tant qu’infirmière de premier niveau. Plus d’informations sur le système québécois ici: http://unecarrierepourlavie.com/carriere.html.

 


 
Soutien québécois à l’ordre français
Interrogée par espaceinfirmier.com sur la crise traversée actuellement par l'ONI (lire ici), Gyslaine Desrosiers, la présidente de Ordre québécois, a fait part d’une «grande tristesse». «On reçoit beaucoup de mails sur les difficultés de démarrage de l'Ordre infirmier français. Pour nous, c'est incroyable que la ministre de la Santé ne soutienne pas activement l'ordre. Au Québec, l'ordre a soixante ans d'existence, et on ne peut pas imaginer que les infirmières ne soient pas fédérées! Je suis très triste que se pose encore la question de la pertinence de l'ordre.»

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