Forum adolescences : Anne de Danne répond à nos questions | Espace Infirmier
 
27/06/2008

Forum adolescences : Anne de Danne répond à nos questions

Déléguée générale de la Fondation Wyeth, Anne de Danne revient sur les résultats de l’enquête menée par Ipsos-santé à l’occasion du 4e Forum adolescences organisé en mai dernier.

Comment avez-vous conçu et organisé ce Forum adolescences ?
Pour cette 4e édition, nous avons voulu explorer l’univers scolaire, lieu où les jeunes passent la majorité de leur temps. Quelque 847 lycéens de 15 à 18 ans ont été interrogés par Ipsos santé - un baromètre « bien-être » que nous réalisons depuis 4 ans… Et 603 professeurs et 202 infirmières scolaires ont été sondés sur leur perception des adolescents. Ces enquêtes ont été suivies de forums de discussion en région - à Bordeaux, Caen, Lyon, Montpellier et Paris - qui ont mobilisé 14 lycées, puis par un Forum national le 21 mai dernier.
Après avoir enquêté sur le point de bascule et la solidarité intra-générationnelle en 2005, la perte de repères des adolescents dans un monde incertain et la vision de l’adolescence par les médecins généralistes et les pédiatres en 2006, le dialogue entre adolescents et adultes en 2007, nous avons cette année défini trois thématiques : santé, solidarités, et autorités.

Quel regard les adolescents, et les adultes qui les accompagnent, portent-ils sur eux-mêmes ?
Ce qui me frappe, c’est le décalage entre le ressenti des uns et les perceptions des autres ! Dans l’ensemble, 71% des adolescents affirment qu’ils vont bien, et se disent « satisfaits de ce qui leur arrive »… mais seuls 49 % de leurs professeurs, et 41% des infirmières scolaires estiment que tel est le cas. Et quand 79% des jeunes affirment parler facilement avec leurs parents (46% très facilement, 33% plutôt facilement), seuls 3% des enseignants et 1% des infirmières en sont persuadés !
Un décalage générationnel…  qui n’est d’ailleurs pas propre aux professeurs et infirmières, puisque les indices de bien-être mesurés en 2005, 2006, et 2007 révélaient déjà un fossé entre ce que pensent les adolescents de leur santé mentale et de leur moral, et le ressenti des adultes, parents ou médecins.

Qu’évoque la santé pour les adolescents et les adultes ?
Au premier rang des éléments importants pour leur santé, les adolescents placent l’hygiène et la propreté (note de 9/10), puis le sommeil, le moral, les relations avec les amis. Et ils l’affirment : ils sont conscients des risques - prise de drogue, rapports non protégés, consommation régulière d’alcool. Mais seuls 45% d’entre eux trouvent risqué le fait de boire occasionnellement.
Professeurs et infirmiers se disent naturellement plus conscients des risques liés à l’alcool. Et ils insistent d’avantage que les jeunes sur les kilos en trop, les heures passées devant un écran, ou les rapports parfois difficiles avec les enseignants.
Quant à parler santé entre eux… discuter avec un médecin n’obtient auprès des adolescents qu’une note de 5,4/10, discuter avec une infirmière une note de 4/10.

Qu’attendent alors les ados des adultes ?
Les jeunes se disent en forme, mais à 42 % sous pression. Et ils le disent : quand ça ne va pas, c’est souvent « dans la tête ». 19% d’entre eux se disent même souvent mal dans leur peau. Mais quant à évoquer leur mal-être avec les adultes… pas facile ! Logique après tout : ils sont à l’âge ado. Ainsi, si 87% d’entre eux affirment savoir à qui s’adresser en cas de difficultés…. ils n’ont pas envie d’aborder avec les adultes les sujets touchant à leur intimité. Et ceux qui vont le moins bien sont souvent ceux ayant peu d’échanges.
À travers leurs propositions, ils nous disent deux choses. D’abord leur envie qu’on ne les voit pas « tout en noir », comme l’exprime leur lassitude face aux messages de prévention qu’ils jugent trop moralisateurs voire anxiogènes. Eux demandent du concret, du choc : pouvoir rencontrer des personnes séropositives ou ex-toxicomanes par exemple. Ensuite, le besoin qu’ils ont d’interlocuteurs « extérieurs », en l’occurrence à l’établissement scolaire. Il leur est difficile de parler avec leurs professeurs - moins avec les infirmières mais la gêne, « la peur qu’elle en parle au prof principal » est là. Ils évoquent alors l’idée de services de psychologie itinérante, et souhaiteraient que les centres spécialisés en ville soient plus nombreux.
Propos recueillis par Emmanuelle Debelleix

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