Entre Idel et pharmaciens, la pilule ne passe pas | Espace Infirmier
 
Entre Idel et pharmaciens, la pilule ne passe pas

19/02/2013

Entre Idel et pharmaciens, la pilule ne passe pas

La préparation des doses à administrer oppose les syndicats de pharmaciens et les syndicats d’infirmières libérales, farouches défenseurs de cette compétence infirmière. Le Sniil en appelle à la ministre de la Santé.

Les infirmières libérales pourront-elles continuer à préparer les piluliers pour les patients dépendants à domicile ? La question se pose depuis qu’un représentant des pharmaciens a annoncé qu’ils allaient dorénavant préparer eux-mêmes les doses de médicaments à administrer (1). Cette remise en cause d’une pratique habituelle des Idel a provoqué l’ire des syndicats d'infirmières libérales, qui ont demandé à l’Union nationale des professions de santé (UNPS) d’organiser une rencontre pour régler ce différend.
 
Mais la réunion, qui s’est tenue le 31 janvier, n’a rien arrangé. Au contraire. Claude Baroukh, secrétaire général de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est allé jusqu’à déclarer la pratique des Idel « illégale ». Face à ce qu’il a pris pour une provocation, le représentant de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a claqué la porte.
 
Tentative de récupération

Annick Touba, présidente du Syndicat national des infirmières libérales (Sniil), a, quant à elle, interpellé la ministre de la Santé. Dans une lettre, datée du 5 févier, Annick Touba dénonce l’attitude des pharmaciens,  accusés de vouloir récupérer « une partie de l’exercice infirmier à leur seul profit ». Un argument repris par l’ensemble des syndicats infirmiers. La présidente du Sniil rappelle que la compétence des Idel est affirmée par l’article R 4311-5 du Code de la santé publique, qui stipule que l’infirmière « aide à la prise des médicaments », et le Référentiel de compétences du métier d’infirmier (2). « Cet acte prévu par la nomenclature relève bien du champ de compétence de l’Idel, qui intervient sur prescription médicale », insiste Marcel Affergan, vice-président de Convergence infirmière.
 
« Aider » n’est pas « préparer »

Avec une interprétation différente du l’article R 4311-5, Claude Baroukh estime que les infirmières extrapolent le sens du texte. « Il faut distinguer trois niveaux de compétences : la prescription du médecin, la dispensation et la préparation éventuelle des doses, relevant de la pratique pharmaceutique, et l’aide à la prise de médicaments, du ressort de l’infirmière. » Le secrétaire général de la FSPF ajoute qu’il ne s’agit pas de « récupérer » un acte, mais de se mettre en conformité avec « les bonnes pratiques de la préparation des doses à administrer » en cours d’élaboration. « Il ne peut pas y avoir, d’un côté, une bonne pratique avec des protocoles rigoureux quand la préparation des doses est effectuée par les pharmaciens et, d’un autre côté, une préparation non encadrée [et donc illégale] par les infirmières », explique le pharmacien.
 
Thierry Pennable

 


 
1- La revendication des pharmaciens a été énoncée pour la première fois dans le cadre du comité de pilotage sur le parcours de soins de la personne âgée en risque de perte d’autonomie.
 
2- Compétence 4 : mettre en œuvre des actions à visée thérapeutique et diagnostique.


 
Pour aller plus loin, lire l’enquête à paraître dans L’Infirmière libérale magazine du mois de mars.

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