Des milliers de sages-femmes dans la rue | Espace Infirmier
 
Des milliers de sages-femmes dans la rue

08/11/2013

Des milliers de sages-femmes dans la rue

Depuis le 16 octobre, à l’appel de six organisations professionnelles, les sages-femmes sont en grève. 70 % des maternités sont touchées par le mouvement. Ce jeudi 7 novembre, plus de 4000 sages-femmes ont manifesté à Paris pour clamer leurs revendications.

« Entendez-vous dans les maters, mugir les féroces sages-femmes ? Elle viennent jusqu’au ministère pour défendre les femmes et les enfants... » Slogans et bannières allaient bon train ce jeudi sur le pavé parisien, où quelques 6 000 professionnelles (4 000 selon la police) se sont rassemblées autour de deux mots d’ordre : la reconnaissance de leur statut de profession médicale au sein de l’hôpital et de leur qualité de praticien de premier recours.

Reconnaissance

En effet, le code de santé publique considère que le métier de sages-femmes (1) est une profession médicale, au même titre que les médecins et les dentistes. En revanche, leur statut hospitalier les assimile aux professions paramédicales. Leur rémunération est différente de celles des médicaux, elles sont subordonnées aux chefs de service et il leur est impossible de coter leurs propres actes… « Nous voulons à présent le statut de praticien hospitalier », réclame Mathilde Pelissié, une sage-femme gréviste de la maternité de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).

« Quant au premier recours, il s’agit surtout de nous faire connaître et reconnaître en tant que telle, afin que les femmes s’adressent à nous directement pour les questions relevant de nos compétences : contraception, grossesse, IVG, etc. », ajoute Françoise Prido, qui exerce à mi-temps dans l’Ariège, en secteurs libéral et en hospitalier.

Dans les textes, en effet, nul besoin d’orientation de la part du médecin traitant pour être suivi par une sage-femme. Depuis l’instauration du parcours de soin coordonné en 2005, les sages-femmes, comme les gynécologues-obstétriciens, sont accessibles sans orientation du médecin traitant. « Mais, elles n’ont aucune information sur ce point, explique Françoise Prido, et nous ne sommes pas incluses dans les parcours de soin. Pourtant, dans les pays où les sages-femmes sont les professionnels de premier recours en cas de grossesse, la mortalité maternelle et néonatale est au plus bas. »

Groupe de travail

Une délégation a été reçue par la ministre de la Santé. Nicolas Dutriaux, secrétaire adjoint du Conseil national des sages-femmes, semblait plutôt positif à l’issue de l’entrevue. Selon des propos rapportés par APM, il a signalé que Marisol Touraine avait « pleinement reconnu nos compétences médicales. Elle devrait communiquer [officiellement] dans les heures qui viennent sur le fait que nous serons totalement associés à la Stratégie nationale de santé, sur tous les volets qui concernent la santé de la femme ».

Une déclaration qui viendrait réparer l’affront porté à une profession qui ne figure pas, jusqu’à présent, dans le projet de loi de santé publique pour 2014. Marisol Touraine aurait, en outre, promis la mise en place avant fin novembre d'un groupe de travail sur la place de la sage-femme, quel que soit son mode d'exercice, dans l'organisation des soins pour le premier recours, et sur le statut des sages-femmes hospitalières.

Réuni en assemblée générale le soir même, le collectif des associations de sages-femmes a, néanmoins, voté la reconduite du mouvement de grève pour la quatrième semaine consécutive. Histoire, sans doute, d’accélérer la concrétisation de ces engagements.

Texte et photo: Sandra Mignot

 

1-Au 1er janvier 2013, elles étaient 20 035 selon la Drees.

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