Les nouveaux anti-coagulants oraux sont de plus en plus prescrits. Pourtant, il est impossible de surveiller leur action.
Psychotropes, Médiator, traitements « anti-Alzheimer », statines, Diane 35, pilules de quatrième génération… L’usage du médicament soulevait nombre de questions avant l’arrivée des nouveaux anticoagulants oraux (Naco). Nouveaux, moins médiatisés, mais en pleine croissance : en 2012, ils ont été prescrits à la moitié des patients devant être mis sous anticoagulant en prévention du risque thrombo-embolique (1).
La profession infirmière connaît bien les « anciens » anticoagulants oraux, les AVK, dont la surveillance et l’adaptation de la posologie se font avec le bilan TP-INR. Pour les Naco, plus de surveillance biologique ! Non pas qu’elle ne soit pas nécessaire – le chirurgien comme l’IDE apprécient de savoir comment coagule le patient opéré –, mais simplement irréalisable : aucun bilan ne permet de quantifier leur action. Et aucun antidote connu ne neutralise leur effet.
Alors, quel intérêt ? Pour le patient, la question est légitime, quand plusieurs plaintes pour décès sont en cours d’instruction. Pour l’assurance maladie, le remboursement des Naco génère un surcoût estimé à 150 millions d’euros d’ici à 2016 (2) car cette innovation, vendue cinq fois plus cher que les AVK, a été largement promue. En 2012, 73 % des cardiologues(1) l’ont prescrite en première intention, ce qui pose à nouveau la question de l’information sur le médicament apportée au médecin.
Malgré un déficit de l’assurance maladie qui se chiffre en milliards d’euros, notre système de santé a donc accepté de rembourser à un prix très élevé une nouveauté d’un intérêt thérapeutique contestable avec, comme seul outil de régulation, a posteriori, une recommandation (3) de la Haute Autorité de santé, qui en rappelle le peu d’indications. Étonnant, non ?
1- Étude de l’assurance maladie sur l’utilisation des nouveaux anticoagulants oraux, 27 novembre 2013.
2- « Les mirages des anticoagulants », Florence Rosier, Le Monde, 8 juillet 2013.
3- « Fibrillation auriculaire non valvulaire – Quelle place pour les anticoagulants oraux non antivitamine K : apixaban (Eliquis®), dabigatran (Pradaxa®) et rivaroxaban (Xarelto®) », Haute Autorité de santé, juillet 2013.
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