Question de confiance | Espace Infirmier
 

30/01/2014

Question de confiance

Introduite par la loi en 2002, la personne de confiance est rarement désignée dans les établissements. Chez les patients et les soignants, les réticences sont nombreuses.

Six. Au sein de notre établissement, nous n'avons recueilli à ce jour que six déclarations de personne de confiance, alors que nous y soignons 250 patients. Pourquoi si peu ? Pourquoi cet élément essentiel au respect des droits des patients est-il si difficile à obtenir ? À la lecture de différents articles traitant de cette problématique, on se rend compte que la personne de confiance est rarement désignée, quel que soit le type de structure : du service de réanimation à l’Ehpad, et parfois à l'échelle du CHU tout entier.

Pourtant, les formulaires et procédures abondent au sein des hôpitaux, l'information sur cette disposition étant obligatoire. Outre un document prérempli remis au patient et à ses proches, les cadres de santé de notre hôpital local abordent le sujet de la personne de confiance lors de l’entretien de préadmission. Les droits du patient et la loi Leonetti sont expliqués, et nous pouvons affirmer que tous les futurs patients sont informés de cette possibilité. Néanmoins, en cours de séjour, il est rare que la question soit de nouveau abordée. Les résistances sont nombreuses, tant du côté soignants – peur de gêner, d’évoquer une situation que personne ne souhaite voir se concrétiser, manque de temps, de personnel... – que du côté patients, pour lesquels « choisir une personne de confiance revient à parler de la maladie, de la mort. Anticiper ce choix est non envisageable », souligne le Dr Anne Renaud (1).

Et pourtant, voilà onze ans que cette disposition est inscrite dans la loi française. Le tabou de notre mort à venir est-il encore trop fort dans notre société ? Peut-être ne travaillons-nous pas pour les patients et soignants d’aujourd’hui mais pour ceux de demain. Qui, plus tard, seront confrontés à cette situation de transfert décisionnel et pour lesquels le rabâchage systématique des formulaires d’admission et de pré-admission aura enfin eu raison des dernières réticences.


1- « La personne de confiance… Une simple ligne à remplir », A. Renaud, sous la dir. de D. Leboul, 2008.


Par Stéphane Moiroux, infirmier en USLD à l'hôpital Reignier (74).

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