Catégorie A : les syndicats battent le pavé | Espace Infirmier
 
Catégorie A : les syndicats battent le pavé

12/03/2010

Catégorie A : les syndicats battent le pavé

La première manifestation nationale contestant le protocole de revalorisation des infirmières du public a réuni environ 1500 personnes, mais en ordre dispersé (AVEC VIDÉO).

Ce jeudi, au pied de son ministère, Roselyne Bachelot a vu défiler deux cortèges d’infirmières pour le prix d’un. Enjeu commun : la contestation du protocole du 2 février, signé par un seul syndicat, le SNCH (cadres). Le texte permet l’accès aux nouvelles grilles de la catégorie A en échange du renoncement à la catégorie active. Liée à la notion de pénibilité, celle-ci autorise le départ à la retraite dès 55 ans, avec une bonification d’un an par décennie d’ancienneté.
 
Parties à 11h30 de la gare Montparnasse, entre 200 et 300 blouses blanches, emmenées par le SNPI, la CNI, le Snics et le Snies ont marché jusqu’à l’avenue de Ségur. Au répertoire, des chansons telles que «Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la Roselyne» ou encore « L’hôpital ça devient galère, la, la, dirladada ».
 
« Nous voulons une reconnaissance sans contrepartie, clament, dans un registre plus sérieux, des infirmières de l’hôpital d’Evreux. La pénibilité et la reconnaissance du diplôme sont deux problèmes différents qui ne devraient pas être liés. »

Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI, estime que les gains futurs annoncés par le gouvernement pour celles qui choisiront la catégorie A (2000 euros net par an et par infirmière, en moyenne, au terme de la réforme) « correspondent à une infirmière en fin de carrière en juillet 2015 ».

« Les IDE auront zéro centime avant la fin 2010, poursuit-il, puis 24 à 32 euros brut lors de chacun des trois glissements d’indices qui se succèderont dans les cinq années à venir. » Mais en pratique, il juge qu'il faudrait plutôt «100 euros par mois» en moyenne à chaque fois, «car les infirmières n’ont pas été revalorisées depuis 1988 ».
 
Sur la même longueur d’ondes, Nathalie Depoire, présidente de la CNI, estime que l’«âge ne doit pas être le critère adopté pour les retraites, mais plutôt la pénibilité». Elle cite les chiffres de la caisse de retraite CNRACL, selon lesquels « un quart des infirmières arrivent à la retraite en invalidité ». «Sarkozy dit que les infirmières vont vouloir travailler après 55 ans, mais à cet âge, elle vont toutes partir bosser ailleurs», parie-t-elle. Elles plaide pour «une vraie revalorisation salariale», estimant qu’il faudrait compter « 500 euros par mois », dans une grille spécifique aux infirmières, en catégorie A pour toutes.
 
« Si l’on doit travailler jusqu’à 60 ans, une réflexion doit être menée sur la fin de carrière, suggère un infirmier d’Evreux adhérent de la CNI. Il faut s’interroger sur une évolution du métier mais pas au pied du malade. Il ne s’agirait pas de simples aménagements de postes mais bien d’une vraie évolution de la profession. »
 
Grand bleu
Parvenu au ministère, le modeste cortège en a rejoint un autre, arrivé plus tôt, à l’appel du Snia (infirmières anesthésistes), de la CGT et de Sud-santé. Sur place, 1000 à 1500 manifestants, dans une grande dominante de blouses bleues, celles des Iade et de quelques Ibode.

 

Les anesthésistes, déjà en catégorie A, déplorent le fait que, pour bénéficier de la nouvelle grille la plus favorable, en juillet 2012 , elles devront elles aussi abandonner la catégorie active, dont bénéficient aujourd’hui celles qui ont passé quinze ans au lit du malade. D’autre part, le Snia estime que les anesthésistes sont lésées par la réforme, car le protocole prévoit des revalorisations plus fortes pour les IDE et les autres spécialités. « Cela tend à ramener tout le monde au même niveau alors que les qualifications et les responsabilités ne sont pas les mêmes », regrette une Iade de Chartres.

Mais le malaise est plus profond. « On risque de perdre l’exclusivité de nos compétences, craint-elle. À l’avenir [du fait des expérimentations de pratiques avancées], d’autres personnes pourront réaliser des gestes que nous réalisons. » « Est-ce que vous auriez envie d’être endormi et surveillé par quelqu’un qui n’a eu que quelques mois de formation ? », renchérit un de ses collègues.
 
Délégations reçues séparément
Signe d’une certaine désunion syndicale, deux délégations ont été reçues l’une après l’autre par des membres du cabinet ministériel et de la Dhos. Du côté des Iade, Marie-Ange Saget, la présidente du Snia, a perçu « une volonté affichée du ministère de reconnaître la profession au grade de master. Il faudra voir ensuite si cette volonté est réelle. » (1) Des réunions se succéderont d’ici la fin de l’année, ce qui pourrait se traduire par une révision des grille salariales.
 
Du côté de la seconde délégation, le ministère a surtout « pris des notes », a ironisé Nathalie Depoire. « On nous a expliqué qu’il y avait déjà une revalorisation en cours et qu’elle coûtait déjà très très cher. Mais elle est loin de reconnaître nos compétences et responsabilités. »
 
L’ensemble des syndicats a déploré un fort taux d’assignation des infirmières dans les services, réduisant l’ampleur du mouvement. Lequel a été suivi très inégalement. Selon, la Dhos, la grève menée jeudi à l’échelle nationale a été suivie par 0 % des IDE, mais 48 % des Iade (2). 
 
« C’est une première», tempère Thierry Amouroux, du SNPI. Il se déclare ouvert à des actions communes à l’avenir, mais observe que «cela n'en prend pas le chemin». Un nouvelle journée d’action aura lieu le 30 mars, le jour de l’examen par les députés du texte devant valider les dispositions du protocole d’accord portant sur les retraites. D’autres syndicats, comme la CGT ou Sud, appellent les soignants à se joindre à la grève interprofessionnelle du 23 mars. En attendant, le travail de lobbying auprès des parlementaires a déjà commencé.
 
Nicolas Cochard et Hélène Trappo

 
1- Source : Agence de presse médicale.

Photos: à gauche, le premier cortège, parti de Montparnasse. À droite, une infirmière déguisée en vieil Iade exerçant après ses 60 ans. (© H. Trappo)

Vidéo: Les deux cortèges se rejoignent avenue de Ségur. À la fin, interventions de Bruno Franceschi, du collectif Iade de la CGT, puis de Nathalie Depoire (CNI) après la réception au ministère de leurs délégations respectives. (© N. Cochard)

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