Alpes Maritimes : la ruée vers le libéral | Espace Infirmier
 
28/04/2009

Alpes Maritimes : la ruée vers le libéral

Lorsque David Guillon, infirmier libéral à Nice et président coordinateur du réseau CC-RVH - Argil 06, a pris connaissance des chiffres de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de son département, son analyse est sans appel : "74 installations entre janvier et septembre 2008 et 94 entre octobre et 31 janvier 2009. Je n'ai pas les chiffres de la Sécu pour février et mars, mais on pense que ça a continué comme ça. Ce qui amènerait à 150 installations en 6 mois contre 100 par an en général", s'étonne-t-il encore.
A l'Argil 06, réseau de coordination des soins, "3 à 4 candidats au libéral par semaine se sont présentés, contre 4 par mois". Autre réalité, relevée par David Guillon : "notre activité a baissée de 100-120 à 50-70 demandes de prises en charge par mois pour les mois de décembre à mars. Cela a commencé tout juste à remonter depuis une semaine...". Et ça ne s'arrête pas là puisque la liste des infirmiers (déjà installés) qui ont des disponibilités a triplé depuis cette même période, "preuve que les patients décédés ou placés ne sont plus remplacés - nous avons reçu des mails d'IDE en ce sens - puisque les patients en attente semblent avoir été placés automatiquement auprès des nouveaux installés qui avaient probablement démarché les médecins et pharmaciens de quartiers".
Conséquence dans l'exercice au quotidien : "alors qu'avant nous étions capables d'orienter une installation sur un secteur en manque d'IDE, celà nous est impossible depuis six mois. A la limite c'est devenu le contraire : on connait les secteurs où il est devenu inutile d'essayer de s'installer", ajoute l'infirmier.
La dernière mise à jour du fichier des IDE du departement, datant de mars, reflète aussi ce grand nombre d'installations nouvelles. Cette "ruée vers le libéral", David Guillon se l'explique par la conséquence croisée de quatre éléments :
1) l'effet d'annonce du bloquage suite à l'avenant qui a fait accélérer le mouvement à tous ceux qui voulaient faire du libéral à moyen terme
2) la diffusion des cartes de la seule densité infirmière qui faisaient apparaître tout le sud en rouge ... Surdoté, d'où un bloquage des installations à envisager
3) la politique CPAM qui diffuse "depuis des années l'information erronée de la surpopulation IDE libérales du sud"
4) la pénurie IDE salariées dans les établissements privés et publics qui nuit aux conditions et qualité de travail et qui a provoqué des départs en masse avec pour effet d'empirer la situation pour ceux qui restaient... "et qui partaient à leur tour !"
Ce que les infirmiers libéraux du sud sentaient venir (et craignaient) est donc observé aujourd'hui. "Par contre, je pense qu'il n'y aura que très peu d'installations pour la suite de l'année et qu'un certain nombre retournera en salarié. D'ailleurs la plupart n'auraient pas démissioné, mais semblent avoir uniquement réduit leur temps de travail à 20% par sécurité... ou par solidarité pour les collègues qui restaient dans les services", analyse David Guillon. L’Infirmière libérale magazine n°249 que les abonnés recevront le 3 juin abordera dans le détail la question de la démographie des professionnels de santé libéraux.
Candice Moors

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