16/04/2020

Covid-19 : les cliniques sont-elles insuffisamment sollicitées ?

Alors que cliniques et hopitaux privés s’organisent pour accueillir des patients Covid-19, des soignants déplorent être insuffisamment sollicités. Les relations public-privé diffèrent selon les régions. Explications.

« Voir la détresse des soignants des hôpitaux publics alors que nous sommes assis à ne rien faire, cela me met en colère », confie une infirmière d’une clinique privée des Hauts-de-France. Elle n’est pas la seule à éprouver de la frustration face à la sous-utilisation des établissements de soins du secteur privé. La CFE-CGC Santé-social a recueilli, dès le 24 mars, des témoignages qui expriment le même sentiment. « C’est dur d’entendre chaque jour que des hôpitaux publics vont arriver à saturation, que des soignants sont fatigués et… de ne pas être sollicité », déplore une aide-soignante. « La caissière de Carrefour prend beaucoup plus de risques que moi… Elle mérite davantage les applaudissements de 20 h », explique un infirmier. « Les demandes de disponibilité sont refusées par ma direction car selon elle, nous pourrions être sollicités dans les jours à venir », s’étonne un autre infirmier.

Des lits vides en clinique

Pourtant, dès le 16 mars 2020, les cliniques et hôpitaux privés se sont réorganisés pour accueillir des patients Covid-19. Selon la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée), 4 000 places en réanimation et soins critiques sont disponibles et 100 000 opérations non urgentes sont déprogrammées afin d’accueillir des patients atteints de Covid-19, ce qui représente plus de 10 000 lits disponibles sur l’ensemble du territoire. Mais le secteur public ne sollicite pas vraiment les établissements privés. Le 22 mars, la FHP dresse un premier constat alarmant : dans plusieurs régions, y compris parmi les plus touchées, des lits de réanimation et de soins critiques libérés dans les cliniques restent vides ou sous-occupés. Et donne en exemple le Grand Est, où 70 places de réanimation ont été libérées dans des cliniques, mais ne sont pas toutes sollicitées par l’ARS ou les hôpitaux publics pourtant saturés. « Faites appel à nous », lance d’ailleurs Lamine Gharbi, président de la FHP, à ce moment-là.

Les liens public-privé en question

La situation a-t-elle changé depuis ? En fait, la sollicitation des établissements privés dépend de deux facteurs : les relations entre le secteur privé et les ARS et hôpitaux publics de la région ; l’évolution régionale de l’épidémie. Ainsi, dans le Grand Est, après l’appel de la FHP, des patients du public ont été transférées dans le privé.

En Ile-de-France, les liens entre privé et public se sont mis en place dès la semaine du 16 mars. Par exemple, au 15 avril, 20 établissements franciliens sur 30 du groupe Ramsay santé accueillaient plus de 860 patients Covid, dont plus de 210 en réanimation. « Nous nous sommes mis en rapport direct avec les responsables d’établissement de l’AP-HP pour connaître leurs besoins de lits et leur proposer des solutions. L’objectif est de désengorger les établissements publics de 1re ligne en trouvant des lits de médecine, de réanimation et dans nos unités de soins critiques ainsi qu'en SSR pour les suites d’hospitalisation dans les établissements de 2ème ligne. L’ARS Ile-de-France coordonne cette mise en relation public/privé via des cellules de régulation. Nous pouvons considérer que 80 % de nos patients en réa Covid et que 50 % de nos patients en médecine Covid viennent de transfert du public », détaille Caroline Desaegher, directrice communication et marque Ramsay santé.

En revanche, dans les Haut-de-France, les transferts vers le privé semblent encore réduits bien que la région soit parmi les plus touchées par l’épidémie. Certains se demandent si ce n’est pas parce que l’ARS a délégué la gestion des ressources au directeur des urgences du CHU de Lille. « Ma direction a dû insister pour que l’on nous envoie quelques patients », relève d’ailleurs un infirmier de la région. La situation est donc hétérogène. Ce qui n’enlève rien au désarroi des soignants du privé qui se sentent aujourd’hui « inutiles ».

Magali Clausener

Les dernières réactions

  • 17/04/2020 à 09:37
    mal
    alerter
    je pense qu'il faudra analyser les comportements et les relations public privé après la crise

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