Infirmières coordinatrices, encore trop dans l’ombre | Espace Infirmier
 

24/10/2018

Infirmières coordinatrices, encore trop dans l’ombre

Face au peu de reconnaissance et de visibilité des infirmières de coordination, la Fédération française des infirmières coordinatrices (Ffidec) a prévu, pour 2019, une série de rencontres régionales pour porter leur voix, qui peine à se faire entendre des pouvoirs publics.

Le 19 octobre dernier, à Lyon, la Fédération française des infirmières coordinatrices (Ffidec) clôturait sa deuxième journée régionale. Comme celle de Nantes, en juin dernier, elle a réuni une centaine d'infirmières coordinatrices (Idec), indique Blandine Delfosse, la présidente de la fédération. Ces rencontrent marquent un tournant dans la stratégie de l'organisation qui, face à la non-prise en compte générale de l’importance de ce mode d'exercice, souhaite rendre plus visibles ces infirmières.

Lorsque l'association a été créée en 2016, « nous voulions faire reconnaître nos missions, notre statut et une formation spécifique, afin de sécuriser la pratique des Idec, explique Blandine Delfosse. Mais trois ans plus tard, le bilan est assez mitigé. » Ces sujets ont pourtant été évoqués lorsqu’elle a été reçue par les autorités de tutelle, au ministère de la Santé et par plusieurs agences régionales de santé (ARS)… ou lors du groupe de travail sur les missions des médecins coordonnateurs à la Direction régionale de la cohésion sociale en juin dernier. Le “cas” des Idec devait être examiné par la suite, indique-t-elle, mais ça n'a pas été le cas.

Absence de cadre

Pourtant, « tout le monde reconnaît que l'Idec est un pilier essentiel en Ehpad et dans les autres structures où elle exerce, comme les SSIAD ou les services d’HAD », observe Blandine Delfosse. Des associations de médecins coordinateurs le lui ont également confirmé, poursuit-elle. Et si les fédérations de directeurs ne se sont pas prononcées sur la question de la reconnaissance des infirmières coordinatrices, les Idec sont, après le directeur, « le deuxième manager d'une résidence », souligne-t-elle, ajoutant que certains directeurs de maisons de retraite préfèrent ne pas partir en vacances en même temps que l'infirmière coordinatrice...

Les Idec gèrent l’équipe – souvent importante – qui prend soin des résidents. Elles ont ainsi des responsabilités en termes de management des ressources humaines, des ressources matérielles, du budget, des relations avec les familles, de l'élaboration du projet d'établissement, de la qualité des soins... Et ce, sans qu'aucun référentiel encadre ces missions ni qu'aucune formation les y prépare (outre le DU de l'université Paris-Descartes). Certaines Idec ne sont même pas cadres, ajoute la présidente de la Ffidec. En outre, les glissements de tâches sont fréquents, tant sur le plan administratif ou médical. En plus d’accroître la charge de travail des Idec, ceux-ci comportent des risques pour la sécurité des résidents comme des infirmières elles-mêmes... L'épuisement professionnel n'est pas rare et la profession souffre d'un très fort turn-over, estime Blandine Delfosse, signe de l'absence de définition d'un cadre professionnel clair et d'un important malaise.

Et pourtant, déplore-t-elle, « personne ne veut statuer (…). Il y a des freins mais on ne les connaît pas. » Certes, les travaux sur les infirmières de pratique avancée « ont beaucoup occupé le terrain, et à juste titre », estime l'Idec. Tout au plus, la Ffidec devait-elle participer au groupe de travail « métiers » dans le cadre de la concertation « Grand âge », auquel elle n'était pas invitée au départ. S’il semble qu’il n’y ait pas, pour l’heure, de réelle volonté d’encadrer la profession, Blandine Delfosse espère que les rencontres régionales contribueront à asseoir la légitimité des infirmières de coordination. Un « tour de France en cinq ou six dates » aura donc lieu en 2019. Objectifs : aller à la rencontre des Idec, et les amener à travailler sur les contours de leurs missions, mais aussi sur celles qu'elles doivent approfondir, comme les ressources humaines.

Géraldine Langlois

Les dernières réactions

  • 24/10/2018 à 19:33
    Alsete
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    Une profession pour laquelle il n'existe pas de statut propre, aucun cadre défini par le ministère, alors nécessairement une absence devisibilité au nive
  • 24/10/2018 à 19:50
    Alsete
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    Une profession pour laquelle il n'existe pas de statut propre, aucun cadre défini par le ministère, alors nécessairement une absence de visibilité au niveau de la fonction et du recrutement. Etant IDEC en recherche d'un premier poste depuis 3 ans et bien qu'ayant suivi une formation spécifique au CNAM, je peux témoigner que les employeurs recherchent préférentiellement un IDE ayant fait fonction d'IDEC plutôt qu'un candidat ayant suivi une formation spécifique, mais non diplômante en ayant "seulement" une expérience d'IDE en EHPAD. Pas de définition officielle de la profession, donc pas de définition du contenu d'une formation qui soit diplomante alors qu'il y a nécessité d'être formé sur les volets juridiques ou administratif par exemple. Quant au glissement de fonction, il est déjà systématique lors des congés annuels : l'IDEC et le directeur ne prennent pas leur congé en même temps et se remplace remplacent l'un l'autre...
  • 24/10/2018 à 22:00
    JEAN-MICHEL
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    Bonjour, j'ai fait un D.U. de coordinateur des parcours de santé. Infirmier de formation, j'ai travaillé 6 ans dans un réseau de santé.
    Pour diverses raisons j'ai dû quitter mon emploi
    J'ai présenté ma candidature dans plus de 50 à 65 EHPAD - SSIAD de Charente Maritime sans succès
    Membre du conseil de l'ordre infirmier, j'ai appris que si un EHPAD embauche un index, son salaire est pris sur le budget de l'établissement et fait partie de l'équipe de direction ( ce qui plaît pas tjs à l'égo de certains directeurs) Par contre si il embauche un(e) IDE, il lui fait faire des soins pour que son salaire soit payé par la CPAM et l'IDE faisait son boulot de coordinateur quand il avait le temps soit en heures supplémentaires ( non payées ou récupérées la plupart du temps)
    Se payer des études universitaires pour être considéré comme de la m..., Sympa le monde médical.
    En Bretagne, les choses sont différentes. Je crois que les ARS ne sont pas innocentes dans notre reconnaissance professionnelle.
    Ne pouvant changer de région pour raisons familiales, j'ai repris la fac de médecine de Bordeaux section Addictologie pour un nouveau D.U. espérant avoir plus de chance de trouver un emploi près de chez moi
    Pdt 6 ans j'ai fait 200 kms/ j de route +
  • 25/10/2018 à 11:39
    chesnel
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    je pense que le rôle de l'IDEC en EHPAD est assez proche d'une IDE cadre d'un service de médecine alors pourquoi ne pas réclamer le statut de cadre à l'IDEC. On a retenu le terme coordinatrice car cela permettait de payer moins chére une IDE faisant un travail de cadre. Les différents DU peuvent être un plus mais ne remplacent pas la formation de cadre .
    J'admets ensuite que la formation de cadre pourrait être repensée
    un tronc commun et ensuite différents modules la voie enseignante la voie encadrement la voie santé publique la voie coordinatrice centres de soins en libéral (SISA° par exemple .
    dans les ssiad la coordinatrice fait des taches différentes que l'ide hospitaliére pour autant je ne vois pas la nécessité d'un diplôme spécifique . Une formation continue d'accord
    Pourquoi faudrait il un diplome différent chaque fois qu'une IDE fait un travail différent .Le travail d'une IDE en réa en gériatrie demande autant de connaissances que celui d'une IDE scolaire ;iDE en milieu carcéral ,en éducation à la santé....... Ce sont des taches différentes mais qui toutes relèvent de notre décret d'actes donc n'allons pas créer des statuts spécifiques . Chacun croit que son travail est plus complexe que celui du voisin et qu'il mérite pl
  • 25/10/2018 à 16:23
    JEAN-MICHEL
    alerter
    On m'a enseigné durant mon D.U les notions de travail en équipe pluridisciplinaire, collaboration, mettre en avant les spécificités de chacun afin que chacun apporte au mieux son expérience et ses connaissances.
    C'était la volonté soit disant de là haut d'éviter les " mille feuilles" que chacun puisse s'organiser pour éviter les doublons.
    Tous , nous devons n'avoir qu'un objectif commun. : Le bien être de nos patients.
    Mais il faut croire que les courants de pensée qui nous survolent et les économies de panier percé qui nous dirigent sont restés au temps du moyen âge
    Alors allons y , jouons le jeu et lançons l'opération infirmier infirmière = bonnes sœurs . Toutes et tous dans tous les secteurs iront travailler déguisés en bonnes sœurs
    Mieux l'origine des infirmières laïques étant les prostituées ( seules impures pouvant toucher les corps pour éviter la prison) choisissez votre déguisement.
    Restez bonnes sœurs en cardiologie et EHPAD pour la survie des patients.
    Bref on est considèrés comme de la main d'oeuvre gratuite qui ne mérite pas la valorisation de son travail et de ses études.
    En fait je me suis tapé un D.U à 500 kms aller+ idem retour de chez moi pour monter à Paris pour quoi??? Coordinateur, mon c..
    Beaucoup de prom

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